Selon le chef de la diplomatie US Anthony Blinken, la Chine pourrait envoyer des armes directement à la Russie.
Si la Russie tombe, la chine se placerait directement devant les États-Unis comme ennemi n°1. Cela pourrait également compromettre une partie de sa croissance sur le long terme, qui dépend étroitement des matières premières russes, dont les ressources énergétiques.
Quant aux pays Occidentaux, si la Chine commence à fournir une aide militaire à la Russie, cela signifie que le conflit s’étend et que la Russie pourrait avoir les moyens de tenir bien plus longtemps et d’avancer bien plus rapidement.
C’est pour cette raison que Zelensky prévient l’occident que cela signifierait une guerre mondiale, dans l’espoir de renforcer le soutien militaire occidental à l’Ukraine.
Chacun défend ses intérêts et en conséquence la situation devient toujours plus instable…
La Russie et la Chine sont-elles alliées contre l’Occident ?
Vous ne pouvez rien y faire
Je veux prendre du recul sur cette guerre, pour replacer les faits et les enjeux stratégiques de chacun, sans pour autant verser dans la morale, car je pense qu’à cette échelle ce sont des considérations qui ne sont pas pertinentes. À notre échelle (les particuliers), notre avis n’intéresse personne et n’influence en rien ces événements. Alors, je préfère présenter une analyse détachée et pragmatique, car comprendre c’est se donner les moyens de s’adapter, et chacun le fait à son niveau.
Je cite Dominique de Villepin, car c’est une personne connue du grand public qui fait une analyse pragmatique de la situation.
La Russie ne va pas disparaître : les erreurs du passé
Il faut garder à l’esprit que la Russie ne disparaîtra pas. L’histoire nous enseigne qu’il serait préférable d’arrêter ce conflit et renouer des relations diplomatiques, économiques et financières avec la Russie de Poutine. Les exemples de la Libye et de l’Irak nous apprennent que déboulonner de force la figure de pouvoir en place conduisent souvent au chaos.
Dominique de Villepin l’a exprimé lorsqu’on lui a demandé s’il devait envisager l’avenir avec la Russie de Poutine : « Nous n’avons pas voulu pousser jusqu’au bout les inspections avec Saddam Hussein. Saddam Hussein était un personnage odieux, nous avons récolté le chaos et le terrorisme. Nous n’avons pas voulu à un moment donné pousser les feux avec la Libye de Kadhafi, nous avons récolté le chaos et la situation au Sahel. Donc, il faut retenir les leçons de l’histoire ».
Le véritable objectif des USA : la destruction de l’économie allemande
En réalité, les pays de l’Union européenne n’ont pas le choix, car ils sont pris dans un étau géopolitique entre les USA d’un côté et la Chine de l’autre.
Cela veut dire que si l’Union européenne poursuit sa politique actuelle, c’est bien sa chute qu’elle prépare, et les USA l’ont très bien compris.
Je fais référence à Emmanuel Todd, qui expliquait, dans une interview d’Olivier Berruyer, que depuis la fin de la guerre froide, la puissance industrielle allemande est la cible des USA.
Le sabotage de Nord Stream par les USA ?
En Europe, on parle si peu de l’enquête Hersh Seymour, qui confirme que ce sont les États-Unis et la Norvège qui ont mis en place l’opération secrète qui a saboté les gazoducs Nord Stream.
Hersh Seymour est un journaliste d’investigation de 85 ans, qui a eu une très longue carrière. Il a remporté le prix Pulitzer ( L’équivalent d’un Prix Nobel de journalisme aux États-Unis). Hersh Seymour a dénoncé de nombreux scandales avec un retentissement international, comme celui des prisons d’Abou Gharib en Irak où celui du massacre de My Lai au Vietnam.
Si les choses se sont bien passées comme l’affirme Seymour Hersh, cela signifie que les USA ont sciemment saboté l’industrie allemande et ont conduit des opérations militaires sur un territoire étranger, ce qui constitue un acte de guerre.
Cela renforce l’analyse d’Emmanuel Todd qui confirme que l’objectif de ce conflit est de casser l’alliance économique potentielle (qui serait très puissante) entre l’Union Européenne (industrie allemande en tête) et la Russie.
D’ailleurs, cette idée n’appartient pas à Joe Biden. Rappelons que Trump a dénoncé le dumping monétaire pratiqué par l’Allemagne, grâce à l’euro, contre les USA.
Le rapport de force entre les nations
Avant de crier que c’est la Russie qui a envahi l’Ukraine et non pas les USA, ce qui est vrai, il faut repositionner les événements sur 30 ans (depuis la fin de la guerre froide), pour bien comprendre la situation.
La Russie est une puissance mondiale qui a besoin de faire respecter sa zone d’influence, comme n’importe quelle autre puissance mondiale qui veut perdurer. Nier cela, c’est nier la réalité des rapports de force entre les nations. La guerre n’est qu’une dimension de la géopolitique, qui n’est elle-même q’un moyen pour un pays d’atteindre des objectifs.
Les USA font de même lorsqu’ils s’immiscent dans les affaires des pays étrangers et ce n’est ni plus ni moins moral que lorsqu’un autre pays agit de même. La justice ne peut exister qu’au sein d’une communauté qui se met d’accord sur ce qui est acceptable et sur ce qui ne l’est pas, en y associant une violence policière légitime pour faire respecter ses choix.
Une telle chose n’existe pas sur la scène internationale, puisque le monde n’est pas homogène, donc pour tout ce qui concerne le droit international, c’est un moyen pour les peuples les plus puissants d’affirmer leur influence.
Tant qu’il n’y a qu’un seul shérif en ville, tout le monde accepte les règles, car nous sommes soumis à la force. C’est la situation dans laquelle se trouve les USA depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Mais dès que les rapports de force s’équilibrent entre plusieurs blocs, les divergences se font de nouveau entendre et le pouvoir des instances internationales se reconfigure.
Les alliances internationales
Concernant les alliances internationales (domaine où les USA ont excellé), on se rend compte que la Russie fait un très bon travail ; non, elle n’est pas isolée et oui, dans certains pays que l’Occident délaisse, la Russie devient désirable.
Je fait de nouveau référence à Dominique De Villepin qui dit : « [Poutine], il lui appartenait de montrer que la Russie était capable d’un leadership mondial, d’un leadership en matière de sécurité dans cette bataille contre l’Occident et le pari, il faut le suivre de près, parce qu’il marche pour le moment et nous le négligeons, la Russie a bien avec elle une grande partie des peuples du monde ».
Retrouver son indépendance
Si vous voulez mon avis, je dirai qu’il faut réarmer fortement les pays de l’Union européenne, pour qu’ils soient respectés de tous, et arrêter le conflit là où il est, car si on cherche la vérité, on ne la trouvera jamais. Enfin, il faudrait reprendre une politique d’indépendance et nourrir des relations basées sur les intérêts bilatéraux croisés avec chaque pays étranger, y compris la Russie, mais aussi avec d’autres pays européens.
Il ne faut pas oublier que la diversité au sein des États et des civilisations est un facteur de survie. Si toutes les nations s’alliaient autour d’une politique unique, alors la perspective d’un effondrement serait catastrophique. Sans alternative au sein des nations, un effondrement serait fatal à l’ensemble du groupe.
J’en veux pour exemple la situation du prix de l’électricité en France, coincée qu’elle est dans ses accords européens. Quand on sait que la France peut produire de l’électricité nucléaire, la situation des prix de l’électricité sur lesquels la France est bloquée avec des tarifs astronomiques est juste ubuesque.
Comment protéger son épargne ? La régionalisation de la mondialisation
Je partage avec vous les possibilités d’adaptation, que nous avons à notre disposition, pour préserver notre épargne, car c’est un de nos sujets de prédilection sur Grand Angle.
Soit vous considérez que les dirigeants européens deviendront pragmatiques et qu’ils construiront de la cohérence entre leur discours et leurs actions face aux États-Unis, à l’Ukraine et à la Russie.
Soit vous considérez que cela ne sera pas le cas et que la situation sera essentiellement traitée entre les Américains et le bloc Russie/Chine.
Nous assistons à la fragmentation du monde et donc à une régionalisation de la mondialisation. Ce qui signifie qu’il y aura plus de résistance et moins d’efficacité.
De plus, il faudra produire en double ou en triple, car un bloc ne voudra pas commercer avec un autre. C’est pour cette raison que les Russes se remettent à fabriquer des composants électroniques, pour disposer de leur propre filière, même s’ils ont beaucoup de retard à rattraper.
Notre épargne court plus de risque et le gain en rendement devient plus difficile à obtenir et plus faible que dans notre ancien monde. Cela signifie également que le marché de l’énergie se fragmente et que les disparités d’accès à l’énergie vont s’accentuer, puisque nous n’avons pas encore de substitut aux énergies fossiles, donc nous raisonnons en termes de limitation de volume.
C’est le constat mortifère de l’Allemagne, qui a pris le pari de démanteler sa production nucléaire, pour que son économie repose sur du vent et du soleil. Le résultat est le suivant : l’Allemagne lutte vigoureusement pour empêcher la France de se désolidariser de ces turpitudes.
En clair, il faudra apprendre à vous débancariser. Sortir une partie de votre épargne des banques européennes condamnées et la répartir avec précaution sur différentes devises, dans différents pays, pour échapper au risque de chocs et de crises qui pourraient résulter de cette nouvelle réalité chaotique.
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Ce n’est pas fantastique de vivre dans un monde fragmenté, plus hasardeux et plus compliqué, mais en même temps, les crises sont des vecteurs d’opportunités, car c’est pendant les crises que les structures inefficientes tombent et sont remplacées par d’autres, plus adaptées.
Si vous doutez sérieusement des difficultés futures de la France et voulez vous informer sur les opportunités qui vont se présenter, nous vous invitons à regarder cette vidéo. Vous pourrez ainsi comprendre les ordres de grandeur des problématiques qui nous font face.
Si vous avez aimé cet article, je vous invite à découvrir l’article « La Russie avance, tandis que l’Union européenne régresse« , ainsi que l’article « Arabie Saoudite et Russie: vers une nouvelle alliance stratégique« , qui explorent des sujets complémentaires et passionnants.
Richard Détente