Bien que l’augmentation de l’inflation commence à montrer des signes de ralentissement, il est peu probable qu’elle revienne à 1,5% dans les six prochains mois. La hausse des prix est un phénomène auto-entretenu qui se propage largement dans l’économie. De plus, le déficit énergétique en Europe sera structurel, car l’Europe a renoncé au gaz russe. Étant donné que la croissance est directement liée à la consommation d’énergie, cela signifie que la quantité d’énergie disponible sera durablement réduite en termes d’investissement une fois la crise passée. Tout cela aura des conséquences importantes sur le marché économique européen.
En ce qui concerne l’immobilier, il y aura de fortes disparités entre les différentes régions. Bien que la valeur de l’immobilier en ville soit destinée à diminuer, une partie de cette baisse sera compensée par l’augmentation de la valeur de l’immobilier en campagne ou dans les régions rurales. Cependant, dans l’ensemble, les Français étant moins riches, le secteur immobilier souffrira.
En ce qui concerne les actions, la même logique s’applique. Comme l’a démontré Didier Darcet, lorsque l’énergie est chère ou rare, la valorisation des actions diminue et inversement.
L’inflation et ses conséquences sont des sujets cruciaux pour les marchés financiers. Les périodes d’inflation sont généralement désastreuses pour les marchés, tandis que les périodes de désinflation (c’est-à-dire lorsque l’inflation diminue progressivement) sont des périodes favorables pour les indices.
Actuellement, nous sommes confrontés à une période inflationniste aggravée par la hausse des prix de l’énergie, ce qui est préoccupant.
Il convient cependant de préciser que le fait que l’inflation soit en baisse actuellement ne signifie pas nécessairement que nous sommes en période de désinflation. Avec Didier Darcet, nous définissons le mot désinflationniste de façon bien particulière : c’est la comparaison entre l’inflation annuelle et l’inflation sur une période de 7 ans. Lorsque l’inflation annuelle est supérieure à l’inflation sur 7 ans, on considère qu’il s’agit d’une période d’inflation. Il est alors prématuré de se réjouir en affirmant que l’inflation est terminée.
Il est important de souligner qu’il ne s’agit pas de prévisions, mais plutôt d’observations concernant le comportement des marchés dans certaines configurations macroéconomiques à long terme. Dans ce cas, il faudra attendre un certain temps avant que l’inflation annuelle ne passe en dessous de l’inflation sur 7 ans.
Que faire pour résister à ce type de marché inflationniste ?
Pour résister dans un marché difficile, il existe trois pistes à explorer. La première consiste à observer les actions des sociétés qui proposent des solutions énergétiques, étant donné que l’énergie devient un enjeu crucial pour l’avenir. Cependant, il faut faire attention aux entreprises trop dépendantes des États, qui risquent d’être vidées de leur substance. Par exemple, EDF est en difficulté, malgré le potentiel économique que devrait offrir ce secteur en pleine expansion. La réglementation politique en est la principale cause.
La deuxième piste à considérer est celle des portefeuilles de Giffen. Le principe est simple : il s’agit d’acheter tous les produits de première nécessité, tels que les denrées alimentaires et les matières premières. Ce type de portefeuille peut avoir des performances médiocres en période de croissance, mais il offre de très bonnes performances dans les périodes difficiles, comme celle que nous traversons actuellement. Il s’agit d’un portefeuille contracyclique qui peut donner d’excellents résultats lorsque les classes populaires souffrent, comme c’est le cas avec l’indice des « gilets jaunes » de Charles Gave.
En somme, il convient d’être attentif aux entreprises proposant des solutions énergétiques viables, tout en évitant celles qui sont trop dépendantes des États. Par ailleurs, les portefeuilles de Giffen peuvent s’avérer intéressants en période de crise, en achetant les produits de première nécessité.
Investir dans la valeur
La troisième voie consiste à rechercher les inefficiences de marché, également appelées « stratégie value ». Pour ce faire, il convient de sélectionner un secteur que l’on maîtrise parfaitement, puis d’identifier les entreprises dont les actifs sous-évalués n’ont pas encore été détectés par le marché.
Pour comprendre pourquoi le marché peut manquer ces bonnes affaires, il est important de prendre en compte trois éléments clés. Tout d’abord, il faut garder à l’esprit que le marché fonctionne selon un arc narratif, influencé par des thèmes d’actualité tels que les valeurs technologiques, l’inflation ou encore les taux d’intérêt, qui captent l’attention de nombreux investisseurs.
Une autre source d’inefficience réside dans le besoin pour les gestionnaires de fonds de suivre le mouvement de la foule. En se contentant d’investir dans les valeurs les plus en vogue du moment, les performances obtenues seront plus ou moins identiques à celles du marché, sans que l’on puisse leur reprocher quoi que ce soit. Ce comportement conservateur ne sert pas la survie du groupe dans son ensemble, mais est souvent adopté par les gestionnaires qui cherchent à éviter de faire des vagues en attendant la retraite.
Enfin, la dernière piste consiste à plonger au cœur d’un marché pour y déceler la valeur cachée, mais cela nécessite une réflexion approfondie et un certain courage pour ne pas suivre le mouvement de la foule. Il est en effet plus facile de prendre la vague avec les autres que de nager à contre-courant en cherchant à innover.
Pour identifier ces inefficacités, plusieurs solutions s’offrent à vous. Tout d’abord, l’expertise dans votre domaine est une clé précieuse. Dans mon cas, lorsque j’ai commencé à gagner mes premiers revenus dans l’immobilier vers 2010, j’ai développé une connaissance approfondie du marché immobilier à Lyon, en particulier dans les 9ème, 5ème et 1er arrondissements. En un coup d’œil, j’étais capable de déterminer si une annonce avait du potentiel par rapport au marché.
Deuxièmement, l’analyse des ratios financiers par rapport au secteur est une autre solution. Vous pouvez rechercher des anomalies et essayer de comprendre pourquoi certaines actions sont moins chères que d’autres. Les raisons peuvent être multiples, mais ce que vous cherchez, c’est une baisse de valorisation liée à un contexte économique défavorable mais temporaire. Par exemple, lors de la crise des mesures anti-Covid, de nombreuses entreprises ont vu leur valorisation s’effondrer en raison des conséquences négatives à court terme des fermetures imposées par l’État. En ce moment, nous pouvons penser à tous les secteurs impactés par la guerre en Ukraine, qui prendra fin tôt ou tard.
D’autre part, vous pouvez également envisager une tendance de fond, telle que la régionalisation de la mondialisation, et supposer que les entreprises très locales, ou celles qui sont capables de produire et de vendre localement, sont sous-évaluées, car elles détiennent les clés d’une belle création de valeur dans un monde où les entreprises transnationales voient leurs coûts augmenter, dans un monde où les barrières se dressent à nouveau entre l’Occident et les pays émergents.
Au premier abord, cela peut sembler complexe, mais en réalité, cela ressemble au parcours de Warren Buffett ou de Peter Lynch. À l’échelle française, on peut également citer Bernard Tapie, qui passait son temps à acheter des entreprises sous-évaluées pour les revendre en les redressant. C’est une réflexion que j’ai mûrie depuis un an maintenant. Le plus gros obstacle est de trouver l’information pertinente et de l’organiser de manière à rendre les recherches agréables. De cette manière, on peut se concentrer uniquement sur l’analyse sans avoir besoin de passer du temps à chercher des informations partout.
La nouvelle école de l’investissement
Il y a plus d’un an que l’un de mes associés, Alain – que vous avez peut-être déjà vu dans certaines vidéos de la chaîne soutenue par les équipes de Grand Angle – travaille sur une formation visant à étendre l’approche value, ainsi que sur Sherlock, un module de Neystor qui est une sorte de screener. Pour ceux qui ne sont pas familiers avec ce terme, un screener est un logiciel permettant de rechercher des informations dans des bases de données d’entreprises en vue de les organiser. La création de Sherlock a nécessité beaucoup de travail, étant donné qu’il implique du codage, des abonnements à des bases de données et de la conception d’interface. Sherlock est partiellement basé sur les bases de données de Neystor, et il traite les informations financières de plus de 600 000 sociétés cotées sur de nombreux marchés internationaux.
En ce qui concerne la formation, elle s’intitule « La Nouvelle École de l’Investissement » et elle a pour but de vous donner les moyens de maîtriser l’investissement dans les sociétés de grande valeur sous-cotées, communément appelées « value ». Pour le lancement de la formation, nous vous offrons une période d’essai de trois mois pour Sherlock, qui fonctionne parfaitement avec.
Comment la situation impacte le marché économique en Europe ?
Il est important de noter que les structures collectives au sein de l’Union européenne sont actuellement très fragiles. Il devient donc primordial de prendre en main votre propre gestion financière et de vous débancariser.
En ce qui concerne les banques, la BCE a récemment émis une mise en garde le mercredi 16 novembre 2022. Les banques doivent prendre des mesures pour se protéger contre les risques croissants qui pèsent sur leurs activités. Monsieur De Guindos, membre du Conseil des gouverneurs de la BCE, a évoqué cette mauvaise nouvelle avec une certaine tranquillité. En réalité, cette situation est assez simple à comprendre. Même si l’inflation devait se maintenir à un taux de 10% dans l’Union européenne, cela impliquerait que le coût du crédit deviendrait structurellement plus élevé, puisque la BCE augmenterait progressivement ses taux pour lutter contre l’inflation. Si le crédit devient plus cher, cela aura un impact sur l’immobilier, mais également sur les multiples de valorisation des entreprises cotées en bourse, car l’inflation réduira les perspectives de bénéfices futurs. Par ailleurs, pour les entreprises qui ont des dettes importantes, cela signifie qu’elles auront plus de difficultés à rembourser leurs dettes ou qu’elles ne pourront pas les rembourser du tout.
Permettez-moi de vous expliquer : si vous gérez une entreprise avec rigueur, chaque emprunt doit correspondre à un investissement lucratif. En tant que gestionnaire avisé, vous avez souscrit un emprunt à taux fixe, tout en amortissant votre capital selon le plan d’affaires de l’opération financée. Ainsi, après une période déterminée – dix ans, par exemple – le crédit est remboursé avec succès.
En revanche, si votre entreprise rencontre des difficultés, la situation peut se compliquer. Par exemple, durant la crise sanitaire et les mesures restrictives prises contre la Covid-19, vous avez contracté un prêt non pas pour investir, mais pour continuer à payer les charges fixes de votre société et éviter la faillite. Lorsque ce prêt arrive à échéance et que votre entreprise n’a pas généré de revenus supplémentaires depuis la période précédant la pandémie, le patron doit redoubler d’efforts pour payer les intérêts.
Dans ce cas, il est nécessaire de renouveler le prêt, pour disposer de plus de temps. Si les intérêts augmentent brusquement de 1% à 10% en l’espace de deux ans, cette entreprise risque fortement de faire faillite. Dans ce scénario, la banque est prise au piège, car de nombreuses entreprises sont dans la même situation. Elle peut refuser de rouler les prêts et doit alors faire face aux faillites de ses clients immédiatement, ou accepter de rouler les prêts en espérant que ses clients ne feront pas faillite, ou du moins pas tout de suite. La remontée des taux d’intérêt agit ainsi comme un accélérateur pour cette spirale de faillites en cascade.
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Richard Détente