Retraite à 70 ans, la simulation optimiste de l’UE

12 mars 2022

Emmanuel Macron a relancé le débat sur la retraite car il a promis une réforme. Certains militent pour la retraite à 60 ans, mais de son côté, la Commission Européenne prévient que l’âge de la retraite pourrait bien être relevé à 70 ans. Par ailleurs, l’âge de la retraite est une chose, mais le niveau de cette retraite en est une autre. La retraite est avant tout un mécanisme intergénérationnel. Il est important que l’on en parle pour que vous puissiez vous y préparer en ayant les bons ordres de grandeurs et connaissiez les possibilités qui s’offrent à vous.

La différence entre retraite par répartition et retraite par capitalisation

En France, le système de retraite par répartition consiste à prendre des cotisations aux personnes actives, pour les donner directement aux retraités. Aux États-Unis, c’est le système de retraite par capitalisation qui s’applique. Les retraités américains vivent sur les rentes dégagées par des placements en entreprises. C’est ce qu’on appelle les fameux fonds de pensions. Mais que ce soit par répartition ou par capitalisation, le principe est le même. Ceux qui travaillent paient pour ceux qui ne travaillent pas.Tout débat sur les retraites doit donc être placé dans ce contexte.

Le fonctionnement du système de retraite en France

En tant que retraité, il faut bien comprendre que ce n’est pas l’État qui paie votre pension, mais vos enfants. Une alternative présentée par les partis de gauche consiste à vouloir taxer le capital. De ce point de vue, il faut savoir que le capital en France – en dehors des systèmes d’optimisation fiscale – est taxé entre 60 % et 70 %. Donc d’une manière générale comptez pour un entrepreneur : 20 % de TVA + 30 % d’impôt sur les sociétés + 30 % d’impôt sur le revenu.

Si vous prenez le problème à l’envers, et pour ne pas rentrer dans des débats fiscaux sans fin, l’État français prélève plus de 60 % de la richesse du pays pour la redistribuer sous forme de transferts sociaux, services publics ou dépenses pour faire vivre l’administration. Comme les recettes des uns sont les impôts des autres, vous voyez bien que l’on est dans les bons ordres de grandeurs.

C’est bien parce que personne n’accepte d’être imposé à ce niveau-là que la France dispose d’une quantité infinie de niches fiscales. Elles font la fortune des fiscalistes et le malheur des petits patrons qui ne peuvent pas en profiter car le système est trop complexe. Je mets à part le cas des auto-entrepreneurs qui est le seul segment de patrons qui s’en sort bien en termes d’impôts.

Un système de retraite qui n’est pas tenable

Le vieillissement de la population française

Fondamentalement, la dégradation des systèmes de retraites est due à deux facteurs majeurs : l’allongement de la vie et le vieillissement de la population. C’est bien une question intergénérationnelle et le problème est simple. En 2040, le nombre de personnes dépendantes sera supérieur à 1 par rapport au nombre de personnes qui cotisent. À terme, ce n’est pas soutenable.

Par ailleurs, d’un point de vue philosophique, s’il est évident qu’une société doit prendre soin de ses aînés, il n’est en revanche pas non plus acceptable que les personnes qui travaillent consacrent l’essentiel de leur énergie à financer les retraités. Pour vivre, une société à besoin d’innovation, de liberté et de créativité.

Les projections de la Commission européenne

Dans tous les cas, contents ou pas contents, la Commission européenne a prévenu que d’après ses simulations, si on laisse le système de financement des retraites tel quel en touchant uniquement à l’âge de départ, alors il faudra travailler jusqu’à 70 ans. C’est la condition sine qua non pour que le système reste viable dans les conditions actuelles.

Pour la peine, la Commission européenne ne préconise rien, elle pose simplement un constat. D’ailleurs, pour ma part, je trouve cette hypothèse optimiste, car une des hypothèses de travail est une croissance positive dans l’Union Européenne à long terme. Ce n’est pas tout à fait gagné… La crise des mesures anti-Covid a affecté à long terme la croissance de l’Europe ainsi que sa capacité de financement des systèmes sociaux.

Alors…

Quel est le meilleur placement pour la retraite ?

Tout d’abord, il faut comprendre que le système de retraite par répartition n’est pas viable en l’état et que les compléments de retraites via les assurances vies en fonds euros ne le sont pas non plus.

J’ai fait une vidéo sur l’assurance vie en fonds euros avec Charles GAVE si vous voulez plus de détails :

En ce qui concerne la capitalisation, c’est possible mais attention, ça va être sportif.

Sachez qu’organiser une retraite par capitalisation à l’échelle de l’État serait une mauvaise idée. Aujourd’hui, nous sommes dans une bulle des marchés obligataires et les marchés actions sont au plus haut :

Les avantages et inconvénients de la retraite par capitalisation

Sachez que les organismes de retraite plutôt bien gérés ont environ 6 mois de trésorerie devant eux. Ce sont des règles dites prudentielles pour faire face à des récessions économiques. Eh oui, dans les périodes de récession, le nombre de chômeurs augmente et les cotisations baissent. Dans ce cas, les organismes de retraites puisent dans leurs réserves, en attendant que la crise passe et que les cotisations remontent.

Et 6 mois, je trouve ça plutôt court. Sachez également que ces réserves sont investies sur les marchés obligataires réputés comme sûrs. Or, en cas de problème de financement de l’État suite à une crise économique – c’est-à-dire plutôt la règle que l’exception lorsqu’un État n’arrive pas à faire face à ses échéances – le système de retraite se retrouverait en difficulté bien avant 6 mois, puisque ses réserves seraient attaquées en même temps que les cotisations.

Les avantages et inconvénients de la retraite par répartition

Si vous voulez vous arrêter à 60 ou 65 ans, votre retraite par répartition il va falloir vous la faire vous-même. Les structures sociales et collectives ne fonctionnent plus en notre faveur, elles gèrent seulement le déclin. Mes enfants bénéficieront peut-être d’un système de retraite par solidarité collective, car on aura éventuellement remis les choses à plat d’ici-là ? En attendant pour vous et moi, je ne compterai pas trop là-dessus.

D’ailleurs, c’est précisément pour cela que personnellement je me paie exclusivement en dividende sur mes sociétés. Cela me permet de mettre de l’argent de côté que je gère par moi-même pour mes vieux jours. La bonne nouvelle c’est que lorsqu’on gère les choses soi-même, on bénéficie d’une certaine liberté. Nous sommes encore libre de faire circuler nos économies et de les placer à peu près comme nous le voulons. Pour peu que l’on n’ait pas affaire à un conseiller qui a le devoir de nous « protéger ».

Pour se faire une retraite, le secret c’est qu’il vaut mieux avoir pour objectif de ne pas perdre d’argent plutôt que d’en gagner beaucoup. Bien sûr, il faut articuler ça avec votre âge.

Mon conseil aux jeunes

Si vous avez 20 ans, n’épargnez rien ou très peu. Investissez en vous et prenez des risques, car votre plus grande opportunité c’est de prendre le risque de réussir ! Et puis en vieillissant, il faut devenir plus prudent. Certains diront plus sage. Une grande règle qui illustre ce principe pour un portefeuille financier, c’est d’être investi en actions à hauteur de 80 % moins son âge. À 30 ans, quand on commence à avoir un peu d’épargne dont on a pas l’utilité tout de suite, cette règle veut que l’on investisse à 50 % en actions. Et puis à 70 ans, la part en action de son portefeuille tombe à 10 % car il est préférable de vivre de revenus plutôt fixes pour assurer le coup jusqu’à son décès. Ainsi va la vie. Mais concrètement comment faire ? Eh bien en réalité, je distingue 4 classes d’actifs.

Les 4 meilleurs actifs pour se constituer une retraite par capitalisation

1 – Le monétaire

Autrement appelé le cash, vous pouvez en avoir en euros ou en devises étrangères pour diversifier votre risque et profiter des réajustements des taux de change. C’est une partie nécessaire pour être flexible, mais il est préférable de ne pas trop en avoir, car la monnaie fiat subit les outrages du temps à travers l’inflation.

Comme le dit Ray Dalio, grand gestionnaire sur les marchés financiers, « cash is trash » (en français, la monnaie c’est pourri) :

2 – Les obligations

Ce sont des dettes émises soit par des États, soit par des entreprises. L’avantage des obligations c’est que vous prêtez de l’argent, et en retour vous avez bien souvent un taux d’intérêts fixe. Le marché obligataire à fait la fortune des retraités italiens ces 20 dernières années, mais le malheur des retraités allemands. Ces derniers ont vu la valeur de leurs obligations stagner, pendant que les taux d’intérêts tendaient petit à petit vers 0, grâce aux bienfaits de l’euro.

En France, le manque à gagner, dû à la baisse des taux d’intérêts forcés par la Banque centrale européenne, coûte environ 50 milliards par an aux retraités français. Vous l’aurez compris, placer son argent pour sa retraite dans des obligations demande un peu de réflexion. L’avantage c’est qu’une fois que l’on a fait ses choix, on n’est plus obligé de surveiller ce compartiment tous les jours.

3 – Les biens tangibles

On compte l’or, l’immobilier, les œuvres d’art pour les connaisseurs et, étrangement, le bitcoin. Je mets aussi le bitcoin dans cette catégorie même si ce n’est pas tout à fait un bien tangible, vous en conviendrez.

Les biens tangibles peuvent apporter un rendement, c’est le cas de l’immobilier locatif, mais pas de l’or ou du bitcoin. L’idée avec les biens tangibles est de résister à la dépréciation de la monnaie. Votre or, votre immobilier ou vos bitcoins sont à vous, ils n’ont pas de risque de contrepartie et personne ne peut vous les prendre facilement. Ils ne font pas faillite non plus.

Par conséquent, ils sont plutôt efficaces contre l’impression monétaire. Je dis « plutôt » car dans le cas de l’immobilier, comme vous ne pouvez pas partir avec sous le bras, on peut vous taxer jusqu’à l’os dans le pire des scénarios.

L’inconvénient majeur des biens tangibles c’est qu’ils ont tendance à perdre de la valeur lorsque l’économie va bien et que le pays est bien géré. De ce côté-là, on est plutôt serein en ce moment.

4 – Les actions

C’est la classe d’actifs qui rapporte le plus, historiquement parlant. Vous investissez dans l’économie et vous participez au financement des entreprises de vos enfants ou de vos amis. Bien que cette classe d’actif soit globalement très chère aujourd’hui à cause de l’impression monétaire débridée, je l’aime beaucoup. Car le principe c’est d’abandonner son capital pour partager la réussite ou l’échec des gens qui bossent et créer l’économie de demain. La devise des actions est la suivante : on gagne ensemble et on perd ensemble.

Voilà, c’est donc avec ces 4 classes d’actifs, et nulles autres, que vous devez naviguer pour vous constituer votre retraite par capitalisation.

Ma lettre d’investissement : La stratégie grand angle

C’est exactement ce que l’on fait dans ma lettre d’investissement que je corédige avec Didier DARCET. Nous déclinons ces classes d’actifs chaque mois pour vous aider à comprendre et à choisir comment investir en fonction de votre profil.

Les solutions collectives disparaissent mais vous pouvez toujours vous en remettre à votre capacité d’adaptation. De plus, si vous êtes autonome et que vous vous en sortez bien, alors vous serez aussi en capacité d’aider les autres lorsque ce sera nécessaire.

Richard DÉTENTE