Pourquoi la disparition de l’euro va engloutir vos économies ? 3 raisons

21 juillet 2021

Je réfléchis beaucoup à l’évolution des trois grandes zones monétaires, celles du dollar, de l’euro et du yuan. Je défends l’idée que le dollar et l’euro sont voués à chuter face au yuan. Dans cet article, je vous explique pourquoi l’euro va disparaître en analysant les causes et les conséquences de la crise en zone euro que nous connaissons aujourd’hui. Nous verrons que l’euro a d’abord détruit l’industrie puis les économies des pays du Sud de l’Europe et qu’il a provoqué ensuite la faillite des banques européennes. En fin d’article, je vous propose des solutions pour protéger votre épargne, alors que nous assistons à une soviétisation de l’économie au sein de l’UE.

Si aux États-Unis, la chute de la valeur du dollar est due à un déficit extérieur abyssal…

Traduction : La balance commerciale atteint son plus haut niveau de déficit de toute la décennie au premier semestre de 2019

… au sein de l’UE, la dévaluation de l’euro est due en revanche à d’autres facteurs. Voyons tout de suite pourquoi l’euro est en baisse.

La balance commerciale excédentaire de la zone euro : un effet trompeur

Le principe est simple, quand un pays dépense plus que ce qu’il gagne, il s’appauvrit. Cette paupérisation a pour effet une baisse du taux de change dans ses transactions avec les autres pays.

Par contre en zone euro, les choses sont très différentes puisque, prise dans son ensemble, la balance commerciale est largement excédentaire. On pourrait donc croire que le commerce internationale enrichit la zone euro.

Traduction : Balance des comptes courants dans la zone euro

Alors, oui, l’Allemagne et les Pays-Bas réalisent les excédents et les pays du Sud, les déficits. Si on supposait que l’euro n’existait pas, cela réduirait le poids de l’Allemagne et des Pays-Bas au profit des pays du Sud, mais au bout du compte, le solde européen resterait le même. Dit autrement, la zone euro paraît tout à fait viable, en théorie, même si nous avons des déséquilibres internes.

Alors dans ce cas :

  • Pourquoi la zone euro est-elle vouée à éclater si nous gagnons plus que ce que nous dépensons ?
  • Pourquoi l’euro va-t-il baisser par rapport au yuan ?

Pour comprendre tout cela, il faut que nous parlions de la confiscation de l’épargne via les assureurs et les banques.

le rôle du taux de change dans les transactions internationales

Je précise que la substantifique moelle de cet article est tirée de celui de Charles GAVE, dont vous voyez le titre ci-dessous :

Traduction : Zone euro : une voie toute tracée vers la nationalisation de nos systèmes d’assurance et de retraite

Le taux de change permet de décider ce qui doit être fabriqué dans un pays et ce qui doit être importé. Il s’agit donc d’un système d’évaluation sur la capacité d’un pays à produire ou non certains types de richesses.

Par exemple, si les Allemands sont deux fois plus bosseurs et productifs que les Italiens, alors le taux de change monte en faveur de l’Allemagne. Cela permet aux Allemands de vendre leurs voitures en Italie à un prix élevé. Les Allemands s’enrichissent, tandis que la majorité des Italiens doit se contenter d’une production automobile locale, les Volkswagen étant devenues inabordables. L’avantage de cette situation, c’est que le constructeur italien de voitures existe et qu’il est capable d’assurer une production de richesse et d’emplois dans son pays. Les Italiens sont plus pauvres que les Allemands, mais leur industrie locale leur permet de travailler et de vivre.

Maintenant, si vous bloquez le taux de change entre l’Italie et l’Allemagne, vous cassez l’ajustement des échanges par la monnaie. Dans ce cas, il ne reste plus qu’une seule solution : ajuster la productivité. Dit autrement, si les Italiens ne deviennent pas aussi productifs que des Allemands, leurs usines ferment, le chômage monte et l’Italie finit dans la misère. Et c’est exactement ce qui est en train de se passer aujourd’hui.

L’euro est donc un frein à la croissance. Voyons maintenant les 3 raisons principales qui expliquent pourquoi l’euro va dispraître.

1 – l’euro détruit l’industrie des pays du Sud

Comparaison des productions industrielles italienne et allemande entre 1970 et 2020

La ligne noire représente l’évolution du taux de change entre la lire italienne et le deutschemark. De 1970 à 1998 le taux de change évolue en faveur de l’Allemagne. Cependant, la production industrielle italienne (courbe rouge sur le graphique) reste cohérente face à la production industrielle allemande (courbe bleue). Donc avant 1998, les Italiens et les Allemands avaient chacun leur tissu industriel qui créait de la richesse et des emplois.

L’euro est instauré en 1998 et fixe le taux de change à 1 pour 1 entre un euro italien et un euro allemand. Or, les Italiens ne changent pas d’un pouce leur productivité car ils n’ont pas envie de bosser comme des Allemands. En conséquence, l’Italie se désindustrialise au profit de l’Allemagne qui, elle, voit son industrie augmenter d’année en années en raison de sa meilleure productivité. Un drame qui est à l’origine de tous les autres dysfonctionnements de la zone.

2 – L’euro entraîne les pays du Sud de l’Europe en récession

En 2012, ce qui devait arriver arriva, les déficits budgétaire des pays du Sud : Italie, Espagne, Grèce, font que les taux d’intérêts explosent pour ces pays sur les marchés financiers. Le monde de la finance n’a pas vocation à perdre de l’argent, au même titre que la technocratie européenne.

En 2011, j’étais persuadé que l’euro allait sauter puisque la partie était terminée. C’était sans compter sur nos dirigeants européens éclairés… Ces derniers on violé les traités de l’UE en organisant le plus grand refinancement du système financier et bancaire au monde. La Banque centrale européenne (la BCE) s’est octroyée le droit d’acheter les obligations des pays du Sud pour faire baisser leurs taux d’intérêts de force, « quoi qu’il en coûte », comme l’avait dit Mario Draghi à l’époque.

Suite à cela, la croissance italienne a continué de s’effondrer et elle est devenue systématiquement plus basse que le coût de l’argent sur les marchés financiers. En d’autres termes, les entrepreneurs italiens sont obligés d’emprunter de l’argent plus cher que les bénéfices qu’ils génèrent avec leurs entreprises. C’est donc au mépris des traités européens que la BCE continue de financer la dette des pays du Sud. Comme cette dette ne fait qu’augmenter, cela revient à venir en aide chaque année à des pays déficitaires.

3 – L’euro ruine les banques de la zone euro

La première trappe à dette à eu lieu lorsque les technocrates de la future zone euro ont tenté de faire converger les productivités en Europe en instaurant un serpent monétaire. L’idée était de donner des bornes maximales et minimales aux taux de change.

Les deux autres correspondent à la crise de l’euro et à la crise des mesures anti COVID.

Enfin, la dernière étape à laquelle nous sommes en train d’assister : le sauvetage des banques, qui se sont retrouvées entre le marteau européen et l’enclume des pays de la zone euro.

Comme la BCE a écrasé les taux d’intérêts à coup de massue, les marges des banques et des assurances se sont comprimées jusqu’à disparaître. Une fois le business model des banquiers et assureurs mis à terre, la valeur en bourse des banques européennes s’est logiquement effondrée.

Sur le graphique ci-dessus, vous pouvez constater que la valorisation du système bancaire européen (la ligne rouge) est allée au tapis comparé aux banques de Suède qui, elles, ont refusé de rentrer dans l’euro après un référendum.

C’est pourquoi, sous nos yeux ébahis, nous assistons au plus grand sauvetage des banques, payé par l’épargne des peuples européens.

Aujourd’hui, vous pouvez voir que le système assurantiel et bancaire est totalement HS puisque le marché obligataire européen fait perdre de l’argent sur 5 ans aux systèmes financier et bancaire.

Comment échapper à la disparition de l’euro et à la soviétisation de notre épargne

La question n’est pas simple mais n’est pas insoluble pour autant. Tout d’abord, les citoyens européens doivent se rendre compte que la fin de la rémunération de leur épargne est le prix à payer pour le sauvetage de l’euro. Sauvetage qui a surtout été opéré pour renflouer les banques. En l’occurrence ici, ce n’est pas de la faute des banques mais bien celle de la BCE qui a tout simplement bousillé le modèle du secteur bancaire.

La question qui doit sûrement vous brûler les lèvres est : « quand est-ce que l’euro va disparaître ? ». Maintenant que la rentabilité de l’épargne est à 0, la prochaine étape sera soit la fin de l’euro (ce qui serait le plus sage), soit la destruction de l’épargne elle-même. Les deux sont possibles. La Russie en son temps avait fait le choix de sauver l’URSS aux dépens de la richesse de son peuple et cette mauvaise blague à duré 70 ans. Je ne peux pas vous dire quand est-ce que l’euro va éclater, je n’en sais rien, et personne ne peut donner de date précise pour un tel événement.

Par contre, si vous ne souhaitez pas vous faire soviétiser votre épargne, vous pouvez vous débancariser et placer votre argent vous-même. Ce faisant, vous n’aurez plus les bienfaits apparents et factices que vous promettent les banques et les assureurs sur votre capital. Votre épargne va bouger au fil de la volatilité des marchés, mais si vous le faites bien, vous conserverez votre épargne à long terme. Et si vous le faites très bien, vous pourrez même gagner un peu d’argent.

La lettre d’investissement : La Stratégie Grand Angle

C’est pour cela que dans la lettre d’investissement, je vous explique comment placer votre épargne par vous-même, en vous constituant un portefeuille en actions, obligations, métaux précieux et devises. Ces 4 classes d’actifs ont des rôles et des risques différents. Lorsque vous les structurez correctement dans un portefeuille financier, cela vous permet de minimiser les fluctuations et d’espérer une rentabilité entre 1% et 8%, en fonction des risques que vous êtes prêt à prendre.

Pour accompagner ceux qui souhaitent gérer leur épargne avec tous les outils en ligne présentés dans la lettre, Neystor, notre plateforme d’assistance à la gestion libre, vous permettra de suivre la performance de votre portefeuille au jour le jour et de bénéficier des indicateurs prévisionnels développés avec Gavekal Intelligence Software.

Notre monde n’est pas simple et présente de nombreux pièges en matière d’épargne. Pourtant nous vivons également une période très intense en matière d’innovation techniques, scientifiques et monétaires. Il y a donc de nombreuses solutions mais il faut bosser et vous impliquer personnellement pour que votre épargne puisse voir le bout du tunnel. Il n’y a plus de solutions collectives mais il reste de nombreuses solutions individuelles, alors au boulot !

Pour aller plus loin, découvrez dans cette vidéo comment les dettes Target 2 ont aggravé les déficits entre le Nord et le Sud de l’Europe :

Richard DÉTENTE