Krach boursier à la hausse | La théorie de Georges Gammon

30 juin 2021

Comment le quantitative easing pourrait provoquer un krach à la hausse des marchés

Faut-il craindre un krach boursier ? La réponse est oui. Ce krach boursier est-il imminent ? Bien malin celui qui pourrait prédire une date, car personne ne peut annoncer avec certitude le moment et l’ampleur d’un tel événement. Néanmoins, pour tenter de comprendre les risques qui pèsent sur les marchés financiers, nous allons voir en détail l’intéressante analyse de Georges GAMMON, un investisseur américain. Il nous explique comment les injections monétaires massives à répétition des banques centrales pourraient causer à terme un krach boursier à la hausse. Découvrons tout de suite son analyse. Vous retrouverez sa vidéo originale à la fin de cet article.

Injection de liquidités par les banques centrales : les raisons et risques encourus

Les banques centrales en lutte contre la récession et le chômage

Les mesures anti-COVID ont fortement contribué à détériorer le tissu économique, au point que la situation actuelle ressemble dangereusement à celle de la crise des années 30. Le chômage atteint désormais un niveau record. Aux États-Unis, 800 000 personnes deviennent demandeurs d’emplois chaque semaine. À titre de comparaison, en 2008, ce niveau de chômage correspondait au moment le plus critique de la crise. Pour tenter de remédier à la situation les banques centrales américaine et européenne ont opté pour une solution bien particulière.

Dans une tentative de garder en vie les TPE et les PME, l’État leur verse directement de l’argent par le biais d’injections monétaires. Ce faisant, les entreprises survivent car leurs clients ont encore une capacité d’achat. Cette capacité s’amenuise, certes, mais reste encore existante. Malgré cette situation très difficile dans l’économie réelle, les marchés ne cessent de monter. La raison est la suivante : tant que les banques centrales feront du quantitative easing, l’épargne ira s’investir dans les marchés actions et immobilier. Ces placements sont en effet perçus comme rassurants, car associés à des biens tangibles.

Le choix de la monétisation de la crise économique

L’idée de GAMMON est simple. Depuis la bulle Internet, les banques centrales ont progressivement monétisé les crises grâce à l’impression monétaire. C’est ce que l’on appelle le FED put, soit l’impulsion de la FED en français. l’Europe a également eu droit à son ECB put. Ainsi, sur 20 ans, on constate que les bilans de la FED et de la BCE ont démarré plus ou moins au même niveau, pour arriver à des records similaires sur la taille de leurs bilans.

Le phénomène d’injection monétaire est comparable à celui d’une personne droguée en situation de manque. Pour retrouver le même niveau de satisfaction, cette personne a besoin de doses toujours plus fortes, à intervalles de plus en plus réguliers.

La baisse des taux directeurs

C’est là que l’on fait un pas supplémentaire vers l’addiction à l’argent magique. À cet égard, George GAMMON relève un fait important lors de la crise de mars 2020. Le 3 mars, alors que les marchés américains chutent de 12 % en une semaine, la FED baisse ses taux de 0,5 %, ce qui est beaucoup puisqu’à l’époque ils sont à 1,75 %.

Titre : La propagation du virus pousse la FED à laminer ses taux directeurs dans la surprise générale

Malgré la baisse des taux, les marchés continuent de s’effondrer :

Ils perdent de nouveaux 10 % en une semaine, entre le 5 et le 13 mars.

Lors du weekend du 15 mars, la FED annonce qu’elle met ses taux d’intérêts à 0 % :

Titre : La FED fixe ses taux quasiment à zéro, s’engageant ainsi dans un programme de rachat massif de dettes

Le 15 mars 2020, la FED a donc baissé brutalement ses taux d’intérêts directeurs à 0 %.

Mais contre toute attente, la chute des marchés se poursuit. Cette seconde baisse des taux d’intérêts n’a pas arrêté la baisse des cours :

Pour que les marchés repartent, il faudra l’annonce du CARES act, soit le premier programme de soutien financier directement à la population.

Fusion de la banque centrale nationale et du Trésor : les conséquences

L’hélicoptère monétaire

Pour la première fois depuis 20 ans, ce ne sont donc pas les injections des banques centrales qui ont fait repartir les marchés, mais bien la fameuse helicopter money. Un hélicoptère monétaire est une politique de distribution d’argent directement à la population, suite à des impressions monétaires de la banque centrale. Aux États-Unis et en Europe, les banques centrales achètent désormais la grande majorité des obligations d’État, émises par ces gouvernements, pour financer les programmes de soutien direct à l’économie. Ainsi, depuis mars 2020, on constate de facto une fusion des banques centrales et de leurs gouvernements de tutelle.

En mars 2020, la question qui se posait était : est-ce que les programmes d’injections monétaires allaient suffire à empêcher les krachs boursiers et l’effondrement de l’économie ? George GAMMON a analysé ce phénomène :

Ce que l’on appelle l’impulsion des banques centrales américaine et européenne (FED put et ECB put) à été remplacée par l’impulsion de leurs gouvernements.

Pour GAMMON, l’hélicoptère monétaire, soit la monnaie imprimée sans production de richesses en contrepartie, entraîne les conséquences suivantes :

Le krach boursier à la hausse : explications

Ce que nous explique George GAMMON se déroule en trois temps. Premièrement, un gouvernement fusionne avec sa banque centrale, et ensemble, ils gonflent l’économie réelle et les marchés avec de l’argent factice. Le gouvernement a beau faire toujours plus d’assouplissement monétaire pour soutenir les marchés, à un moment donné ceux-ci n’y croient plus et le krach boursier arrive. Les injections de liquidités du gouvernement deviennent donc, à terme, tout aussi inefficaces que les injections de la banque centrale. Deuxièmement, après le krach des marchés et des biens tangibles, l’État continue à imprimer toujours plus et transforme le dollar ou l’euro en monnaie de singe. Troisièmement, le krach boursier à la hausse arrive. Les bourses explosent car il vaut mieux avoir des actions qui suivent l’inflation plutôt que du cash qui ne vaut plus rien en quelques mois.

C’est ce qui s’est passé en Argentine lorsque le pesos argentin s’est cassé la figure. Tenez vous bien, les marchés argentins ont été multipliés par 25 000 entre 2013 et aujourd’hui :

Bien évidemment, le taux de change du peso argentin à fait le chemin dans l’autre sens :

Et c’est là qu’il faut évoquer le cas du dollar. Si vous regardez la bourse américaine, le SP500 est en hausse de 12 % par rapport à son plus haut niveau d’avant crise :

Les Américains sont donc très contents et l’humeur est à la fête sur les marchés.

Or, si vous ramenez le SP500, qui est côté en dollar, à un panier de devises internationales, alors ce n’est plus la même chose. Louis-Vincent GAVE a réalisé ce graphique pour Gavekal Research, où il superpose le SP500 à l’évolution du DXY :

La dévaluation monétaire suite à un krach boursier à la hausse

À l’aide du graphique ci-dessus, on voit que les marchés américains, tout comme les marchés mondiaux, ont rattrapé leur niveau d’avant crise. Mais pas plus. Ce n’est déjà pas si mal me direz-vous, or n’oublions pas que le DXY, c’est plus de 50 % d’euros, soit un panier de monnaies proches du dollar. En revanche, si vous faites le calcul face à la monnaie chinoise (le yuan) alors le bilan est bien plus mauvais. Le dollar a perdu 9 % par rapport au yuan depuis le 25 mars 2020. Le SP 500, exprimé en yuan, est donc 10 % plus bas par rapport à son niveau d’avant crise.

De plus, n’oublions pas que le yuan est structurellement sous-évalué par rapport au dollar et à l’euro. Dans un accord tacite entre les États-Unis, l’Europe et la Chine, les Chinois vendent leurs exportations moins chères aux Occidentaux en attendant d’achever la construction de leur demande intérieure. Si un jour la Chine décide de remonter structurellement les monnaies asiatiques face à l’euro et au dollar, il n’est pas impossible que le yuan soit jusqu’à 2 fois plus élevé qu’aujourd’hui. Dans ce cas, la bourse de New York commencera à ressembler furieusement à la bourse de Caracas en Argentine.

Lettre d’investissement : la stratégie Grand Angle

Notre lettre d’investissement recherche la bonne gestion du risque. L’idée est d’équilibrer le portefeuille entre des actifs tangibles, du cash, des obligations et des actions. Des actifs tangibles pour lutter contre la dépréciation monétaire. Du cash dans des monnaies qui n’ont pas subi les effets délétères du quantitative easing suite aux mesures anti-COVID. Des obligations en Chine, puisque la Chine n’a pas imprimé pendant cette crise et qu’elle rémunère ses obligations à plus de 3 %. Enfin, des actions dans des pays clefs comme le Japon et d’autres pays d’Asie, spécialisés dans le high-tech, pour éviter les excès du NASDAQ.

Dans cette vidéo, découvrez les deux facteurs qui pourraient provoquer un krach économique et la faillite des banques centrales :

Ici, la vidéo complète de Georges GAMMON démontrant sa théorie du krach boursier à la hausse :