Une guerre déclarée : Une défaite cuisante pour l’Ukraine, les USA et l’Union Européenne
La situation actuelle de la guerre en Ukraine semble être dans une impasse, comme en témoigne le constat d’abattement tant chez les Ukrainiens que du côté occidental, étant donné que le front demeure immobile. La Russie a conquis environ 20% du territoire ukrainien, entraînant une diminution de la population ukrainienne de 40 millions avant le conflit à 20 millions aujourd’hui. Les territoires perdus représentaient quant à eux 40% du PIB ukrainien avant la guerre.
Dans ce contexte, la seule issue que l’Ukraine semble pouvoir sauvegarder est son accès à la mer, condition qu’elle pourrait maintenir en conservant la ville d’Odessa. Les pertes militaires, elles aussi, témoignent d’une défaite manifeste. Pour donner une idée générale, les pertes du côté russe sont estimées à environ 170 000 hommes morts ou incapables de retourner au front, tandis que du côté ukrainien, on atteindrait entre 500 000 et 700 000 morts et blessés, si l’on extrapole à partir des chiffres publiés par le ministère de la Santé ukrainien concernant le nombre d’handicapés dans le pays et les informations relayées par le renseignement américain.
Cette défaite cuisante représente une perte majeure pour les Ukrainiens, qui voient leur pays réduit à peu de chose. Du côté des États-Unis, c’est un désaveu significatif de leur prétendue capacité à être le gendarme du monde. Quant à l’Union européenne, cette guerre consacre son déclin sur la scène politique internationale et souligne également son déclin économique, avec l’énergie russe désormais définitivement inaccessible aux prix d’avant-guerre.
Malgré les efforts de la presse pour interpréter cette histoire sous différents angles, l’Union européenne semble avoir mis un terme à ses propres aspirations. Vladimir Poutine va même jusqu’à souligner qu’il reste encore un gazoduc fonctionnel sur les quatre existants, s’interrogeant sur la raison pour laquelle l’Allemagne n’en profite pas.
Cependant, la situation ne s’arrête pas là. Ce qui reste à considérer sont les gisements au Moyen-Orient. De ce côté, les pays producteurs ont décidé que le prix du pétrole ne devrait pas descendre en dessous de 80$. Cette décision est motivée par la conscience que leurs ressources ne sont pas éternelles, et ils ne sont pas disposés à brader le pétrole qui leur reste. Ainsi, les géants pétroliers se tournent désormais vers les États-Unis pour obtenir du pétrole et du gaz. Une tournure des événements qui aurait été difficile à anticiper il y a dix ans. Mais les complexités de la géopolitique mondiale ne cessent de surprendre.
L’ordre mondial économique bascule
Si l’ambiance en Occident est morose, la situation est tout à fait différente de l’autre côté du miroir. Sur le marché des valeurs antifragiles, on constate une hausse de l’or, ainsi que des marchés obligataires indien et chinois, tandis que les marchés obligataires allemands et américains sont en baisse. Le découplage est total, une situation inédite dans l’histoire de la finance moderne, comme le souligne Charles Gave.
Tout commence avec l’or, qui représente la richesse relative du passé transmise au présent pour ceux qui ont le privilège d’en posséder. Comme évoqué précédemment sur Grand Angle, à long terme, la valeur de l’or suit de près celle du marché obligataire d’un pays prospère. La raison en est simple : l’or incarne la richesse héritée du passé, tandis que le marché obligataire d’un pays symbolise la préemption de la richesse future. Les deux convergent au présent lors de la formation des prix.
Cependant, il convient de noter qu’il existe un seul or représentant la richesse passée mondiale, alors qu’il existe toute une gamme de monnaies fiduciaires, car l’avenir étant incertain, on peut parier sur le dollar américain, l’euro, le yuan, etc., dans l’espoir de capturer un maximum de richesse future. Ainsi, lorsque le marché obligataire d’un pays s’éloigne significativement des cours de l’or, cela signifie que le pays est en perte de vitesse.
Face à cette réalité, deux grandes options se présentent. La première consiste à augmenter les taux d’intérêt pour constater la dépréciation de l’économie. Dans ce cas, le pays subit une perte, mais son marché obligataire peut se réaligner sur l’or à condition de connaître une croissance véritable, étayée par une monnaie bien gérée. La seconde option, moins agréable, implique la faillite du pays, conduisant à la dévaluation totale de sa monnaie. Ce scénario engendre une période de chaos, préalable à l’établissement d’un nouvel état stable, marqué par l’émergence d’une nouvelle monnaie.
C’est ainsi que se déroule la vie des monnaies fiduciaires, bien plus tumultueuse que celle de l’or. Bien que le dollar demeure la principale monnaie mondiale et devrait le rester pendant un certain temps, le graphique ci-dessus indique un changement en cours. Dans le passé, lorsque le dollar chutait, les pays indo-asiatiques subissaient également les crises américaines en raison de la prépondérance du dollar. Aujourd’hui, cette corrélation n’est plus aussi forte, marquant un basculement de l’ordre mondial.
Au cours des 70 dernières années, l’Occident a érigé diverses instances internationales censées garantir la paix dans le monde à travers des sortes de super-parlements au-dessus des États. Ces organisations, forgées sur les cicatrices de deux guerres mondiales meurtrières, perdent actuellement de leur influence, se limitant de plus en plus à l’Occident. Les conflits en Ukraine et en Palestine révèlent que la guerre retrouve sa position d’arbitre ultime pour régler les différends.
La guerre comme outil politique
Celui qui détient la supériorité en Ukraine est celui capable de mobiliser le plus grand nombre d’hommes, tandis qu’en Palestine, les porte-avions américains, initialement positionnés près de la région pour exhiber leur puissance, se retirent près des côtes italiennes au moment même où la Russie déploie des missiles hypersoniques en mer Noire, capables de neutraliser une flotte américaine entière en une demi-journée, si elle s’approche trop près d’Israël.
La guerre redevient ainsi un instrument politique, car les instances internationales ont échoué dans leur mission. Par exemple, les Droits de Tirage Spéciaux (DTS), la fameuse monnaie internationale du FMI, sont désormais relégués aux oubliettes, destinés à remplir le cimetière des projets occidentaux visant à résoudre les déséquilibres mondiaux. Les instruments de justice internationale suivent le même chemin. Il devient difficile d’envisager une comparution de Vladimir Poutine devant la Cour Pénale Internationale, surtout lorsque ses victoires militaires s’accumulent. La notion de justice s’érode lorsque les valeurs fondamentales nécessaires à la formation d’un consensus social sont absentes. Il est essentiel de rappeler que la loi découle des valeurs portées par le souverain de la zone dans laquelle on réside. Ainsi, les conflits armés reprennent leur rôle de moyen pour déterminer le juste du faux.
Dans ce contexte, discuter de ce qui est moral ou non perd de sa pertinence. Ce qui prime désormais en Occident, c’est le rapport de force, tout en gardant à l’esprit les limites imposées par les capacités de destruction nucléaire, au risque de tous finir comme nourriture pour les scorpions.
En ce qui concerne l’avenir des États-Unis pour la décennie à venir, ma confiance repose sur les ressources présentes sur leur sol et celui de leurs voisins, leur permettant de s’adapter, même au prix de grandes souffrances. Les débats aux États-Unis sur l’aide à apporter à Israël et à l’Ukraine illustrent cette évolution, avec de plus en plus de voix plaidant en faveur du principe d' »America First » au détriment de l’aide à l’Ukraine. Le soutien envers Israël dépendra largement de ses succès militaires dans la bande de Gaza, marquant ainsi une rupture significative avec le passé que nous avons connu.
La guerre économique
Aujourd’hui, on réalise que la doctrine militaire occidentale, axée sur la montée en gamme technologique afin de préserver le plus possible la vie des soldats, pourrait bien être un échec majeur face aux armées équipées de manière plus rustique mais bien moins coûteuse. Le cas actuel le plus illustratif est celui de l’Iron Dome israélien. Un tir de l’Iron Dome coûte environ 50 000 $, tandis que le Hamas produit ses roquettes pour environ 500 $. Cela signifie qu’en termes de puissance économique, si le Hamas est capable de mobiliser 2 % de la puissance financière du côté israélien, l’Iron Dome ne sert à rien. En supposant que le Hamas dépense 100 millions de dollars par an pour son infrastructure militaire, et en admettant que 50 % de cette somme soit attribuée aux roquettes, cela signifie qu’Israël doit mettre 5 milliards de dollars sur la table pour l’Iron Dome par an. Ce n’est pas impossible pour Israël, mais ça commence à faire cher. Tout cela pour dire que la guerre est également un affrontement de deux systèmes économiques, et au cours des 20 dernières années, on a vu les armées les mieux équipées perdre la bataille en Afghanistan, en Syrie et en Ukraine. Tout ne dépend donc pas de la modernité de l’armement. Ces derniers conflits nous indiquent plutôt que les vainqueurs sont ceux qui sont prêts à envoyer des gens mourir pour économiser de l’argent et compenser une faiblesse technologique par une victoire économique de leurs industries militaires, si rustiques soient-elles. On s’est beaucoup moqué des chars russes équipés de puces de lave-vaisselle, et on a beaucoup vanté les mérites des canons Césars ou des HIMARS américains, mais au final, ça ne marche pas, ces guerres sont quand même perdues par la technologie.
Analyse des Nouvelles réalités Internationales
Alors voilà comment je comprends notre monde aujourd’hui. Étant donné que nous avons manqué l’industrialisation de masse du nucléaire à fission, nous nous retrouvons aujourd’hui dans une contrainte malthusienne en matière d’énergie, où les quantités disponibles sont insuffisantes pour soutenir la croissance mondiale. Cela signifie qu’jusqu’à l’avènement d’une autre avancée technologique telle que la fusion, ou jusqu’à ce que nous commencions à construire des centrales nucléaires en masse (ce qui prendra entre 10 et 20 ans), le monde est en déclin de l’énergie disponible, autrement dit, en décroissance globale.
Cependant, ce déclin global ne signifie pas qu’il n’y a pas des zones qui vont croître aux dépens d’autres qui vont décroître plus rapidement en raison de la combinaison d’un plafond de ressources et d’une demande extérieure qui pourrait les priver de contrats énergétiques. C’est précisément ce qui est en train de se produire, comme le révèle le précédent graphique.
En résumé, les États-Unis ont la capacité de maintenir leur approvisionnement énergétique de manière relativement stable. La région indo-chinoise, abritant tout de même entre 4 et 5 milliards d’habitants, est en train de s’intégrer à un bloc comprenant la Russie et éventuellement le Moyen-Orient. Bien que tous les habitants de cette région n’atteignent pas nécessairement notre niveau de vie, la région dans son ensemble pourrait connaître une croissance remarquable.
Finalement, dans cette perspective, l’Union européenne semble être le dindon de la farce, ayant accepté de sacrifier sa part du gâteau énergétique au profit de la région indo-chinoise. C’est pourquoi il est crucial de décentraliser notre épargne lorsque l’on vit dans l’Union européenne. Sans énergie, ou du moins avec une contrainte en volume sur l’énergie, la croissance économique devient strictement impossible. Investir dans une zone soumise à une contrainte énergétique équivaut à nager à contre-courant dans une rivière de montagne. Ce n’est pas impossible, mais le défi est colossal.
C’est précisément pour ces raisons que dans notre lettre d’investissement, corédigée avec Didier DARCET, nous vous proposons des portefeuilles construits à l’international pour vous aider à vous adapter. Dans notre dernier numéro, Didier Darcet propose une méthode fonctionnelle pour déterminer le bon moment pour investir dans l’or et ainsi surpasser ses performances. Chaque mois, je présente des dossiers sur des investissements concrets, vous fournissant des moyens opérationnels de pratiquer le prêt privé agricole, l’investissement en capital privé pour de petits montants, ou encore l’immobilier suisse tout en étant situé dans l’Union européenne. Actuellement, nous réalisons des gains substantiels grâce à Bitcoin, utilisant un outil développé par Didier Darcet appelé Trackcoin, dont je transmets les signaux aux abonnés de la lettre.
L’objectif de cette lettre est de vous fournir à la fois une vision macroéconomique et des conseils opérationnels pour vos investissements.
L’exemple de la Turquie
Le cas de la Turquie est particulièrement instructif, car c’est un pays qui n’est pas un exportateur d’hydrocarbures, mais qui a su se positionner de manière stratégique. Sa situation est exceptionnelle. Bien que la livre turque soit une monnaie en déclin constant, perdant inlassablement de sa valeur, le pays connaît simultanément une croissance d’environ 4% par an, ce qui réjouit les entrepreneurs et contribue à l’enrichissement continu du pays.
La Turquie opère un transfert significatif de valeur entre le public et les entrepreneurs tout en établissant des alliances, notamment avec la Russie, mais surtout avec tous les pays de la région « Stan » qui étaient autrefois membres de l’empire ottoman, formant ainsi son aire d’influence. La Turquie occupe une position unique en étant à la fois membre de l’OTAN et en maintenant un dialogue constructif avec le Liban en ce qui concerne le sort des musulmans de Gaza.
Bien que l’on puisse critiquer cette position d’équilibrisme incroyable sous de nombreux angles, il n’en reste pas moins que la Turquie semble avoir une compréhension profonde des changements en cours dans les rapports de force mondiaux.
Organiser l’énergie
Aux États-Unis, des événements extraordinaires sont également en cours. Je vous en parlerai prochainement sur Grand Angle, car je prépare une opération à laquelle vous pourrez participer, et dont je discuterai d’ici la fin du mois. Sachez que je suis fortement impliqué dans le secteur des fermes d’exploitation destinées à de gros consommateurs d’énergie. En substance, nous acquérons des terrains proches de producteurs d’énergie disposant d’une capacité excédentaire d’énergie verte. Cela inclut des infrastructures telles que des barrages qui ne vendent qu’une partie de leur capacité de production, souvent parce qu’ils sont situés trop loin des centres urbains et ne sont pas connectés au réseau national. Notre activité consiste à développer des sites d’hébergement à proximité de ces installations de production, où nous installons des gros consommateurs d’énergie tels que des mineurs de Bitcoin, des centres de données ou encore des unités de production d’hydrogène.
Actuellement, aux États-Unis, cette activité contribue à rendre viables des exploitations entières de champs d’éoliennes, de panneaux solaires, voire même de centrales nucléaires qui ne fonctionnent pas à leur capacité maximale. En tant qu’actionnaire d’une ferme d’hébergement qui achète son électricité à une centrale nucléaire locale, je participe activement à cette dynamique.
Où cela nous mènera-t-il ? Je ne saurais le dire, mais ce que je sais, c’est que dans le futur, nous aurons besoin d’une quantité considérable d’énergie, et qu’une partie de cette énergie, notamment celle nécessaire au fonctionnement d’Internet, pourra être produite et consommée à distance des grands centres urbains. En d’autres termes, il est possible d’imaginer qu’en Union européenne, nous pourrions être confrontés à des difficultés majeures pour nous chauffer l’hiver en raison du manque de gaz, tout en disposant des meilleurs services sur Internet grâce à la production d’énergie excédentaire aux États-Unis.
Le monde dans lequel nous vivons est extraordinaire, car l’émerveillement coexiste avec l’horreur. En sortant de la vision dépressive d’un monde en décroissance qui nous condamnerait tous à finir pieds nus dans la neige, on réalise qu’il est aussi terrifiant que rempli d’opportunités.
Si vous souhaitez comprendre pourquoi l’épargne en euros est actuellement absurde, je vous encourage à regarder la vidéo ci-dessus dans laquelle Didier Darcet explique en quoi les taux réels négatifs des obligations européennes sont une menace pour l’épargne et l’investissement dans la zone. Ce qui est encore plus préoccupant, c’est que vous comprendrez que les choses en sont arrivées là parce que nos dirigeants n’ont pas d’autre choix. Ils sont contraints à cette course effrénée sous peine de devoir affronter une réalité insupportable !
Richard Détente