Le massacre de la bande de Gaza : les états n’ont pas d’âme
Fréquemment, un massacre peut en engendrer un autre. Le scénario le plus sombre se matérialise actuellement en Palestine, où les civils de la bande de Gaza subissent les attaques de l’armée israélienne. Des bombardements intensifs ont lieu, y compris sur des établissements hospitaliers et éducatifs. L’eau, l’électricité et même l’accès à Internet sont coupés, transformant la bande de Gaza en un vaste cimetière. Dans de telles circonstances, il est crucial de rappeler que l’émotion et la compassion ne peuvent être à sens unique. Le massacre de plus d’un millier d’innocents en Israël ne saurait justifier un massacre de la population tout aussi innocente de Gaza.
Néanmoins, il est essentiel de reconnaître que ce raisonnement vaut à l’échelle individuelle, car un être humain possède une dimension morale. Toutefois, il faut garder à l’esprit que les grandes organisations humaines, qu’il s’agisse de grandes entreprises ou d’États, ne possèdent pas d’âmes ni de dimensions morales. Elles sont guidées par des intérêts et des orientations, et tout cela est régi par les rapports de force. Si l’on prend l’exemple des peuples amérindiens, ils furent objectivement exterminés par les colons de l’époque, qui ont ensuite façonné les États-Unis.
Un précédent historique : USA vs Indiens d’Amérique
Massacrés par l’armée lors des Guerres indiennes, affamés par une chasse intensive des bisons, une ressource vitale pour les peuples indigènes au point de les pousser au bord de l’extinction. Déportés par l’Indian Removal Act. De plus, ils ont été cruellement exposés à la variole par l’intermédiaire de couvertures infectées. Qui pourrait rester indifférent au sort tragique des peuples autochtones d’Amérique ? Cependant, il est important de noter que leur destin est scellé. Pendant de nombreuses décennies, les États-Unis ont arboré le rôle d’ardents défenseurs des valeurs de liberté à l’échelle mondiale. Cette contradiction ne peut être pleinement comprise que lorsque l’on admet que la justice est le compromis social des diverses morales qui résident dans le cœur de chaque individu au sein d’une société aspirant à cohabiter.
L’idée du droit international, en soi, peut sembler utopique, car elle part du principe que des nations aux intérêts profondément divergents peuvent s’unir au sein d’une seule communauté d’intérêt mondial. Le défi réside dans la réalité des différences entre les nations du monde, qu’elles soient culturelles, en termes de ressources ou d’histoires, ces disparités sont telles qu’elles semblent illusoires. Il ne faut pas oublier que la plupart des cultures et des civilisations sur Terre ont succombé au profit d’autres qui se sont imposées.
La colonisation de la Palestine
Le problème fondamental dans cette région du monde est relativement simple. Un peuple, les Palestiniens, occupait un territoire, la Palestine, et pour diverses raisons historiques, les Israéliens ou les sionistes ont décidé de s’installer sur ce même territoire, notamment en Israël et à Gaza, également pour diverses raisons. Cependant, étant donné qu’un accord pacifique semble difficile à atteindre, il est probable que cela aboutisse à l’extermination d’un des camps, comme cela s’est malheureusement produit à de nombreuses reprises dans l’histoire du monde. Jusqu’à présent, il est indéniable que les Palestiniens perdent progressivement du terrain au fil des décennies. Il est important de souligner que cela ne justifie en aucun cas les actions meurtrières du Hamas, mais cela aide à comprendre que, comme c’est souvent le cas, ce sont les hommes, les femmes et les enfants qui sont pris dans les rouages implacables de l’Histoire.
Chacun d’entre nous a la liberté de choisir son camp, pour ceux dont l’âme est attachée à une nation ou à une autre. De même, il est loisible à ceux qui ne se reconnaissent pas dans ce conflit de chercher les moyens les plus adaptés pour s’ajuster au monde tel qu’il est, et tel qu’il évoluera. Pour ma part, je vous propose une perspective sur le monde qui peut éventuellement vous aider à comprendre les mécanismes qui régissent les relations entre les nations.
Objectif: Boulverser les grandes forces mondiales
Les grands rouages du monde sont effectivement en train de s’animer. En réalité, cette crise offre davantage de marge de manœuvre aux centres de pouvoir mondiaux. Les États-Unis défendent la suprématie de l’ordre mondial imposé par l’Occident, tandis que l’autre moitié du monde cherche, au minimum, à rendre la position occidentale intenable, voire à entrer dans un conflit majeur et potentiellement frontal. Il semble que l’Iran joue un rôle majeur dans cette crise. L’objectif semble être de choquer au maximum les Israéliens et le monde par des actes odieux afin de susciter la fureur des Israéliens envers Gaza. Pourquoi ? Pour pousser le monde arabe à ne pas avoir d’autre choix que d’entrer en conflit armé contre les Américains. Autrement dit, l’Iran, en première ligne, semble prêt à sacrifier les Palestiniens de Gaza au nom de sa lutte à mort contre les Américains.
Encore une fois, il est crucial de rappeler que les États ne peuvent pas être moralement condamnés, car ils ne possèdent pas d’âme. Concrètement, l’Iran, le Hezbollah et la situation à Gaza menacent d’ouvrir un nouveau front au nord d’Israël. Par conséquent, le danger réel réside dans la possibilité que ce conflit s’étende et provoque une crise en Europe. Face à cette situation, comment peut-on se prémunir individuellement, ou plus modestement, comment anticiper ce choc ?
Comment se protéger économiquement des conflits à son échelle ?
Ici, je vais aborder la dimension patrimoniale et financière, car c’est le sujet principal de ce média. Le premier indicateur à surveiller attentivement est le prix du pétrole et les déclarations des producteurs de pétrole concernant l’Europe. À l’heure actuelle, les tensions se font déjà ressentir, mais elles restent gérables à court terme. Cependant, il est essentiel de noter qu’au-delà de 90 $, nous entrons dans une zone critique, et au-delà de 100 $, sur une période prolongée, la récession est quasiment garantie. Dans un tel scénario, l’économie européenne risque de ne pas résister. Les taux d’intérêt élevés pour lutter contre l’inflation, associés à un prix de l’énergie insoutenable, pourraient nous conduire vers une récession économique tout en maintenant une inflation élevée, ce qui constituerait un cocktail dévastateur. Normalement, lors d’une récession, la demande en pétrole diminue, ce qui fait baisser l’inflation, c’est le principal mécanisme que les banques centrales utilisent.
Dans un tel scénario de récession inflationniste, les banques centrales pourraient être contraintes de réduire les taux d’intérêt et d’utiliser la planche à billets malgré l’inflation, afin de sauver l’économie de la catastrophe. Cependant, cela risquerait d’aggraver davantage l’inflation, bien que cela puisse sembler un problème secondaire.
En ce qui concerne les actifs à privilégier si ce scénario se réalise, l’euro pourrait baisser tandis que le dollar pourrait s’apprécier, car il demeure actuellement la seule devise suffisamment solide pour accueillir toutes les liquidités mondiales, y compris celles des pays BRICS. Bien que le monde s’efforce de se dédollariser, il n’existe pas encore de monnaie disposant de la même profondeur que le dollar pour servir de refuge.
L’or, bien sûr, est un actif à surveiller, car il a déjà commencé à enregistrer une forte progression. En outre, si les liquidités affluent de la part des banques centrales, le Bitcoin pourrait également connaître une hausse, comme c’est souvent le cas dans de telles situations. Actuellement, nous n’en sommes pas encore là, mais il s’agit d’un actif très volatil, capable de connaître des mouvements rapides et importants.
Cependant, il est crucial de penser à plus long terme. Cette crise révèle que les conflits armés se multiplient autour de la réorganisation des centres de pouvoir mondiaux. Le conflit israélo-palestinien doit être mis en relation avec le conflit en Ukraine, du point de vue de la réorganisation de ces centres de pouvoir.
Il est donc essentiel de considérer la gestion de votre patrimoine de manière globale. Il peut être judicieux d’investir dans l’immobilier en Suisse, dans des terres agricoles, de diversifier vos investissements en finançant directement des entreprises via le private equity, et d’explorer d’autres solutions pour internationaliser votre épargne. Tous ces sujets sont abordés dans ma lettre d’investissement, que je co-rédige avec Didier Darcet. En cas d’aggravation de la situation, je reprendrai les alertes de crise par e-mail en cas d’événement majeur susceptible d’affecter votre patrimoine, qui seront envoyées aux abonnés de notre lettre.
Le gouvernement de Nétanyahou aurait laissé faire
Il est essentiel de garder à l’esprit que les Israéliens semblent également chercher à provoquer un conflit impliquant l’Occident. Benyamin Netanyahu a publiquement expliqué qu’un des meilleurs moyens d’empêcher l’avènement d’un État palestinien est de financer le Hamas. En fait, Israël a autorisé le Qatar à financer le Hamas et a même envoyé directement des fonds à cette organisation, qu’il qualifie de terroriste. Cette information est largement connue, même les vérificateurs de faits de Libération le reconnaissent.
Jacques Chirac avait un jour déclaré à propos de Netanyahu : « Je ne crois pas un mot qui sort de votre bouche, toute votre politique consiste à provoquer les Palestiniens. » Il est important de noter que Netanyahu est associé à une tendance politique qui adopte une position très dure à l’égard de la question palestinienne.
Cela nous dirige de plus en plus vers une escalade du conflit. Israël a récemment frappé les deux principaux aéroports de Syrie. Le leader du Hezbollah, Hassan Nasrallah, semble préparer ses troupes à une éventuelle attaque terrestre d’Israël, selon le New York Times. Le ministre des Affaires étrangères semble également confirmer cette intention en évoquant la possibilité d’ouvrir un nouveau front contre Israël. Le président iranien a appelé les pays musulmans à coordonner leur action face à Israël. Parallèlement, les États-Unis envoient de nombreuses armes à Israël, et deux porte-avions se dirigent vers la région. Enfin, les Israéliens ont manifesté leur volonté d’entrer de manière frontale dans la bande de Gaza et ont sommé les civils d’évacuer la zone en 24 heures, ce qui pose d’énormes problèmes humanitaires. Bien sûr, le Hamas a refusé cette demande, ce qui alimente la dynamique de surenchère.
Malgré le positionnement pro-israélien de l’Inde et de l’Argentine, les pays membres des BRICS semblent rester du côté des Palestiniens. Si vous souhaitez comprendre plus en profondeur cette division entre les BRICS et l’Occident, je vous encourage à consulter la vidéo ci-dessus dans laquelle j’explique comment les BRICS s’organisent pour prendre leur indépendance face à l’Occident.
Richard Détente