Monnaie décentralisée : l’État est-il désormais obsolète ?

6 février 2022

Quelques milliers de milliards de dollars imprimés à travers le monde occidental pour sauver on ne sait trop quoi, d’on ne sait trop quel danger. Tout cet argent imprimé c’est de l’impôt qui a été levé mais qui n’a jamais été voté par les peuples prétendument souverains. Depuis 2008, le système bancaire est à la dérive et les profiteurs sont sauvés avec le système. Pourtant, on aurait très bien pu sauver le système en n’oubliant pas d’envoyer en prison ceux qui l’ont fait dérailler. Tout cela m’amène à la question suivante : est-ce que la monnaie doit toujours appartenir à l’État ?

Le contrôle de la monnaie par l’État : les raisons historiques

1 – Des contraintes technologiques et géographiques

Au 20e siècle, la technologie ne permettait pas de faire circuler l’information aussi bien qu’aujourd’hui. Si nous avons une démocratie représentative, c’est aussi pour des raisons pratiques. Si vous êtes les États-Unis, à savoir un pays qui s’étale sur 4 500 km, il est plus compliqué d’organiser une démocratie directe. Du temps de la démocratie athénienne, c’était quand même plus simple de réunir tout le monde sur une grande place pour causer. Au siècle dernier, si un État voulait tourner à la dictature et instaurer un contrôle de tous par l’État, ce n’était quand même pas si simple. La dénonciation par son voisin, c’est un peu le degré 0 de la technologie du dictateur.

Par contre, aujourd’hui avec nos smartphones, les technologies de chiffrement et nos bases de données décentralisées, une démocratie directe serait techniquement bien plus facile à mettre en place. Ce qui était pertinent il y a un siècle ne l’est peut-être plus tant que cela. Avec les réseaux sociaux, les comptes bancaires en ligne et tout l’attirail permis par Internet, la Chine peut mettre en place son crédit social avec beaucoup plus d’efficacité et de facilité, pour un coût voué à baisser avec le temps.

Ce que je veux dire c’est que la technologie pousse les hommes à évoluer. Comme les technologies de l’information évoluent vite et que la monnaie se traite simplement comme une information, peut-être est-il venu le temps de se poser la question de la pertinence de laisser la gestion de la monnaie à l’État.

2 – Un gage de stabilité pour un système monétaire

Historiquement, la gestion d’une monnaie est avant tout autre chose une gestion de la confiance. Même lorsque vous avez un système basé sur l’or, il est bien pratique de disposer d’un État capable de frapper des pièces pour mettre son certificat dessus. Cela permet d’être bien plus sûr de la quantité d’or réel dans la pièce.

Bien sûr, il était toujours possible de fabriquer de fausses pièces en or. Le problème, c’est qu’on s’attaquait directement au roi et le risque était grand de se faire légalement couper la tête, avec l’assentiment populaire. Escroquer l’État, c’est par nature plus risqué que d’escroquer tatie Germaine.

3 – Un puissant moyen de contrôle de la population

Et puis il y a une autre raison, moins avouable mais tout aussi puissante. Les représentants de l’État finissent toujours corrompus par le pouvoir, car le pouvoir corrompt les âmes et au final, les hommes en veulent toujours plus. Une fois que vous avez donné le pouvoir monétaire à un nombre de mains trop restreint, bon courage pour le récupérer, car ils se battront jusqu’à la mort pour conserver « leur précieux ».

La conséquence positive de la monnaie dans les mains de l’État, c’est que la population dispose d’un État puissant, capable d’agir, car imprimer de l’argent revient à lever de l’impôt. Pour autant, lorsque l’or était la monnaie de référence, les États imprimaient quand même de la monnaie en baissant le nombre de grammes d’or pour chaque pièce en laissant la même valeur faciale.

Sur ce graphique, vous pouvez voir l’évolution du nombre de grammes d’argent dans un denarius sous l’Empire romain. Au début, il contenait par convention quasiment 4 g d’argent et à la fin nos denarius ne valaient plus tripette. Vieux comme le monde je vous dis. L’argent rend fou et il corrompt car il confère trop de puissance à celui ou celle qui le détient en trop grande quantité.

Sur ce graphique, vous remarquerez aussi que le citoyen occidental moderne est bien plus coulant que le Romain de l’époque. Les périodes de grandes dévaluations monétaires étaient suivies d’assassinats d’empereurs. Durant la grande période de chute de la valeur de la monnaie au 3e siècle, un empereur avait 84 % de chance de mourir d’un attentat.

Les enjeux de la monnaie décentralisée

Si nous voulons résoudre ce problème de corruption intrinsèque au pouvoir monétaire, une solution serait de décentraliser la gestion de la monnaie pour que l’argent reste le serviteur de tous. D’un point de vue technologique, Internet nous permet déjà théoriquement de disposer d’une monnaie décentralisée et efficace. C’est ce à quoi pensait Milton Friedman avec son ordinateur pouvant injecter 3 % de masse monétaire tous les ans. Le but ultime du fameux ordinateur de Friedman étant de lutter contre la création monétaire excessive.

Pour un système monétaire décentralisé, il faudrait un numéro d’identification fiscale unique permettant de compter les gens. Ensuite, il suffit que chaque personne dispose d’au moins un compte bancaire. À ce stade c’est tout à fait gérable. Si on ajoute le projet des banques centrales de faire des monnaies numériques de banques centrales, on a tous les ingrédients pour le faire simplement.

Face à cela, il y a tout de même deux problèmes majeurs.

1 – Le regroupement des nos informations personnelles

Le premier, et le plus évident, c’est que les représentants du pouvoir ont plutôt tendance à se percevoir comme des détenteurs du pouvoir. Ils s’imaginent le peuple comme étant incompétent, voire trop idiot pour se gérer lui-même. Ils ne veulent absolument pas qu’on leur enlève ce pouvoir des mains. Je persiste et signe, le personnage de Gollum dans Le Seigneur des anneaux est tout à fait caractéristique de l’emprise de l’argent sur les individus obsédés par le pouvoir monétaire. Il y aura donc une lutte sans merci qui devra se jouer. Elle sera dure et impitoyable. Rappelez-vous le taux de mortalité des empereurs romains.

En admettant que « ça passe », est-ce une bonne idée de centraliser la gestion de la monnaie ? Techniquement, aujourd’hui, on a le pouvoir de centraliser toute l’information. Le problème, comme disait Staline, c’est que nous sommes peut-être en train de fabriquer la corde avec laquelle on sera pendu. Une fois que les informations fiscales, monétaires et sociales sont centralisées via les réseaux sociaux, il y a tout intérêt à avoir un contrôle très étroit sur les dirigeants. Ils disposent aujourd’hui d’une puissance de frappe qui vient de monter d’un cran dans l’histoire de l’humanité.

2 – La concurrence monétaire entre régions

Donc, une autre approche serait de vouloir décentraliser la gestion de la monnaie. C’est la volonté initiale des monnaies locales. Pour rappel, une monnaie locale est l’initiative d’une commune ou d’un groupe de communes pour établir une monnaie qui n’a cours que chez les commerçants du coin.

Une autre façon de décentraliser serait de fragmenter le stockage de l’information à la plus petite échelle régionale comme c’est le cas en Suisse. Chez les Helvètes, chaque canton à sa politique fiscale et les cantons se font concurrence les uns les autres. La réglementation est aussi très différente d’un canton à l’autre.

Mais est-ce que ça marcherait une concurrence monétaire entre régions ? Si on pense à des monnaies locales sous la tutelle d’un canton ou d’une région, on imagine facilement une administration de tutelle centrale qui gérerait les taux de change entre ces monnaies. Ce ne serait pas forcément idiot. Instaurer un taux de change entre l’État de New York et le Mississippi permettrait de constater les écarts de niveaux de vie et de retrouver des incitations économiques pour le développement des États les plus pauvres. Mais bon, cela poserait quand même des problèmes sur la question du vivre ensemble.

Par contre, si on pense à une concurrence monétaire, non pas par région, mais par adhésion de chaque citoyen, cela peut devenir plus intéressant. Il s’agirait de monnaies communautaires plus que régionales. C’est le modèle de la cryptomonnaie, où l’on va décentraliser en dehors de l’État la gestion de la monnaie.

La cryptomonnaie décentralisée

Le modèle des cryptomonnaies c’est que chaque crypto à un usage spécifique mais aussi une culture spécifique. Si vous aimez le bitcoin mais que vous aimez les chiens plus que le bitcoin, libre à vous d’acheter du dogecoin. Les deux sont convertibles et leur valeur évolue en fonction du consensus de marché.

Je ne sais pas si c’est une bonne idée de libérer la monnaie, mais ce dont je suis sûr, c’est que l’État associé aux technologies modernes détient un pouvoir démesurément dangereux pour nous autres pauvres administrés.

Par ailleurs, cette même technologie qui peut nous menacer, nous donne aussi l’occasion de penser le cadre monétaire différemment. Ce qui était vrai sous Dioclétien dans le Rome antique n’est plus une vérité aujourd’hui. Faire des expériences et expérimenter n’est peut être pas si bête que ça.

La lettre d’investissement, la Stratégie Grand Angle

C’est pour cela que dans ma lettre d’investissement, que je corédige avec Didier DARCET et Guillaume ROUVIER, nous vous donnons une stratégie et des moyens pour gérer convenablement votre patrimoine financier en incluant toutes les possibilités que l’on a sous la main. Compte en banque légalement détenu à l’étranger, un peu de crypto marié avec un peu d’or, des obligations chinoises, des devises et des actions. Bref, nous avons une démarche intégratrice pour obtenir du rendement et de la diversification.

Enfin, nous intégrons tous ces éléments dans une stratégie basée sur des modèles de timing de marché développés par Didier. Chaque mois, nous vous expliquons où nous en sommes sur les marchés et ce que nous conseillons pour le mois à venir. Pour une gestion plus fine et plus personnalisée de votre portefeuille, nous mettons à votre disposition Neystor, notre plateforme d’assistance à la gestion libre en ligne.

En tout cas, même si nous vivons une époque pas facile, nous avons la chance de vivre une époque révolutionnaire où il nous appartient de modeler l’avenir proche. Pour gérer vos sous, vous avez ma chaîne Grand Angle éco Et si vous vous questionnez sur votre projet de vie et que vous voulez voir différentes formes d’entrepreneuriat, allez voir ma chaîne Grand Angle Entrepreneur. J’y fais des interviews de personnes qui ont réussi dans leur domaine. Dernièrement, nous avons publié une interview de Patson, un humoriste ivoirien arrivé en France à l’âge de 10 ans, qui a été SDF pendant son adolescence. Aujourd’hui c’est un comique reconnu qui a réussi malgré toutes les épreuves bien réelles qu’il a rencontrées.

Alors haut les cœurs, expérimentez de nouvelles solutions et à bientôt. Ciao !

Richard DÉTENTE

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