Les débats de l’année 2023 commencent fort. Entre Marine Tondelier d’écologie les Verts, qui veut éradiquer les riches, et le Forum de Davos, qui réunit les hommes les plus puissants et les plus riches de la planète, il y a un débat qui s’installe sur la richesse et le pouvoir.
D’un côté, on sent qu’il y a quelque chose d’absurde à vouloir éradiquer les riches. De l’autre côté, on sent bien que les riches en question qui se réunissent à Davos, qui souhaitent éradiquer la propriété, ne nous veulent pas forcément du bien non plus.
Pour se résumer, si les écolos de gauche veulent imposer les riches jusqu’à ce qu’ils disparaissent, ou s’arrêteront ils ? une fois les milliardaires disparus, faudra-t-il enchaîner avec les millionnaires ? et ainsi de suite jusqu’à quand ? mais en même temps, si les ultra-riches au pouvoir vous promettent de vous déposséder de toute propriété, cela revient au même. Quel repère peut-on avoir et comment faire pour s’en sortir ?
Inégalité de richesse = pauvreté ?
Récemment, sur mon compte Twitter, j’ai lancé un débat sur les inégalités, qui s’est un peu enflammé dans les commentaires. Je suis parti d’un article de Blic, un journal suisse, qui explique que 1% des Suisses possède 44% de la fortune du pays. Cette répartition de la richesse interroge, car elle fait furieusement penser à ce que l’on peut trouver dans des pays pauvres ou fortement corrompus.
Sur cette échelle, le graphique ci-dessus montre que la Suisse se situe entre l’Inde et le Brésil. Sachant que les USA sont bien moins inégalitaires à 35 % et que pour les autres pays Européens, nous sommes autour des 25 %. Pourtant, La Suisse fait partie des pays où la famille moyenne vit le mieux.
La preuve avec le graphique ci-dessus, où vous pouvez voir que le patrimoine médian de la Suisse est hors compétition avec les autres grands pays occidentaux. Pire encore, ce dernier graphique nous révèle que plus le patrimoine médian est élevé, plus le patrimoine moyen explose. En d’autres termes, à l’exception des USA, plus les riches sont riches et nombreux, mieux vivent les gens ordinaires.
L’erreur des écoles
De nombreuses questions se posent : Les riches sont-ils bons ou mauvais ? Mais surtout, comment gagner de l’argent, si les deux camps, que ce soit la gauche ou les ultra-riches, veulent nous susciter des obstacles ?
Il est nécessaire d’identifier les intérêts et positions idéologiques de chacun des deux camps, que ce soit la gauche ou les ultra-riches.
Commençons par la gauche : leur idéologie consiste à exiger l’égalité. Pour caricaturer, leur modèle de référence est similaire au Village des Schtroumpfs. Ils sont tous à peu près identiques, bleus avec un pantalon et un bonnet blanc, mais ils conservents quelques petites différences. Cela se réduit à la possession de deux objets maximums par Schtroumpf. Et il y a un seul grand schtroumpf qui leur dit quoi penser, afin de maintenir un ordre harmonieux.
Le problème de ce modèle qui correspond à un modèle collectiviste, c’est que tout le monde est pauvre, car il n’y a pas de véritable propriété, d’innovation et de concurrence. Les Schtroumpfs peuvent donc être très heureux, mais fondamentalement, ils sont voués à disparaître dans la pauvreté, car sans évolution de leur part, ils seront exterminés par une catastrophe quelconque ou un événement rare.
On peut se demander pourquoi le modèle de la gauche plaît autant, puisque le groupe Nupes a obtenu 25% des voix aux dernières législatives en France. Dire cela signifie qu’il y a beaucoup de gens qui croient que leurs horizons sociaux et économiques sont bouchés, et que la seule solution pour améliorer leurs conditions de vie est de prendre aux riches, car il est très difficile de le faire en ne comptant que sur soi.
À juste titre ou non, c’est bien ce constat qui s’impose à gauche, puisque les slogans tournent toujours essentiellement autour de la répartition de la richesse existante, et non de sa création ; c’est la fameuse lutte contre les inégalités.
Le problème semble évident, si ce sont bien les gens qui savent le mieux créer de la valeur qui s’enrichissent, alors affaiblir les riches les décourage de créer de la valeur et tous les autres finissent dans la pauvreté.
Vous ne posséderez rien et vous serez heureux !
Tournons-nous maintenant vers les ultra-riches et les puissants de ce monde, qui se réunissent à Davos, pour jouer les grands Schtroumpfs du monde. Nous apprenons que l’Union européenne va décarboner son industrie et que Ursula von der Leyen est d’accord avec Greta Thunberg. Ce n’est pas étonnant, elles ont toutes les deux une forte propension à expliquer de façon autoritaire à autrui, ce qu’il faut faire ou ne pas faire.
Ce qui est intéressant avec Davos, c’est que son forum traite de sujets très intéressants. Comme les problèmes de sécurité alimentaire, les possibilités de coopération dans un monde qui se fragmente ou encore la question du réchauffement climatique, qui est un vrai sujet. Mon sujet préféré est peut-être lorsqu’ils se demandent si la technologie peut nous sauver, à condition d’investir au bon endroit.
Rappelons que cela revient à trouver la solution à tous les problèmes énoncés, car savoir où et comment investir, consiste essentiellement à savoir quoi faire pour égler un problème.
Pourtant, je reste sceptique car je n’ai pas connaissance d’un forum, aussi formidable soit-il, dans lequel un État aurait puisé une solution innovante qui résolve un vrai problème. À mon sens, la raison de cette incapacoté manifeste est assez simple : pour une grande organisation, les seules solutions dont vous êtes capable sont limitées par l’impératif de ne pas vous désorganiser. Aucune organisation ne produira une solution qui remettra en cause sa propore existence. C’est inadmissible pour toute entité disposant d’un minimum d’instinct de conservation.
Les riches comme Elon Musk font exception à cette règle, car s’ils ont les moyens d’investir, ils restent encore suffisament « petits » pour pouvoir se développer sans trop gêner les « gros » du secteur attaqué.
Lorsque Elon Musk a inventé Space X, il a tué le business model du spatial russe et en particulier Soyouz, mais le patron de Tesla s’en fiche, puisqu’il n’est ni russe, ni investi dans le spatial russe.
Ainsi, les Davosiens font régulièrement naître des pistes et des solutions, qui consistent essentiellement à préserver le pré carré de tous leurs participants.
On aboutit ainsi à la conclusion de Klaus Fab, le président du Forum économique mondial, qui nous explique que si les gens normaux abandonnent leurs propriétés pour devenir des Schtroumpfs, les Davosiens se feront un plaisir de jouer le rôle de grand Schtroumpf et se chargeront de leur bonheur. Ici, on entre dans la dystopie, puisque cette vision des choses mène directement à un contrôle des masses, avec la disparition du liquide pour des monnaies numériques de banque centrale. La fin de la propriété résulte de fait dans un traçage de tous les citoyens, afin de pouvoir les « optimiser » au mieux, pour leur plus grand bonheur.
Ce grand plan des Davosiens a un site web dédié du nom « le grand reset ». Ce sont les non-Davosien qui seront réinitialisées. Le site ne s’en cache pas, décider des grandes orientations du monde est même l’objectif affiché. Tout cela n’a absolument rien de secret, c’est disponible dans l’onglet « notre mission » et on ne peut être plus clair.
Comment s’en sortir ?
Idéalement, il faut se débouiller pour vivre dans un véritable état de droit, c’est-à-dire une société où tout le monde est soumis aux mêmes lois. Si possible, un nombre de loi minimal est préférable, pour laisser la place à de nombreux espaces de chaos, dans lesquels des innovations vont apparaître sous le coup de l’innovation ; pas de grand plan national, pas d’ambition mondiale, juste laisser les gens s’organiser en leur offrant un cadre sécurisant pour le faire en toute sérénité.
Si vous habitez en France par exemple, ou dans l’Union européenne, ces espaces d’état de droit sont ceux qui échappent à Paris et à Bruxelles, ce sont donc des espaces locaux. Quand j’habitais la campagne jurassienne française, il se passait beaucoup de choses qui n’avaient pas d’importance pour Paris, parce que c’était si petit et si loin. Loin des instutions, vous pouvez créer votre entreprise à petite échelle sans trop vous soucier de la régulation, car personne ne vous regarde de trop près.
À l’échelle de la France, cette liberté est également probablement offerte aux auto-entrepreneurs. Considérés comme « petits » par l’administration, et portant souvent le label « pauvre » ou « précaire » du point de vue des institutions, on les laisse tranquilles.
L’exemple Suisse
On peut aussi s’expatrier, comme je l’ai fait, pour la Suisse ou ailleurs. Je vais surtout parler de la Suisse, car je ne connais pas suffisamment le reste du monde. En Suisse, ce sont 26 cantons qui se battent entre eux, pour être attractifs sur le plan social, fiscal ou réglementaire. Par exemple, l’impôt sur la fortune ou le revenu varie fortement d’un canton à l’autre, de l’ordre de grandeur peut aller de 1 à 10. Certains cantons acceptent le suicide accompagné, d’autres le soumettent à plus de conditions. Certains cantons sont plus accueillants pour les utilisateurs de crypto monnaies, et ainsi de suite.
Finalement, la Suisse ne se pose pas tous les jours la question de devenir ou de rester un grand pays, car ce sont les cantons, qui suivent des politiques différentes, qui mènent leur pays sur le droit chemin.
J’aime beaucoup cet état d’esprit où tout ce qui n’est pas interdit est vraiment autorisé. Il y a même des villes qui changent de canton par référendum, pour x ou y raison.
Je rappelle que chaque canton à son parlement, et qu’en conséquence, le fait de changer de canton signifie déplacer les frontières suisses. Avec l’Alsace et la Lorraine au 20e siècle, les changements ont été plus complexes à gérer.
La nécessité des inégalités de richesse
Le point de vue que je défends est le suivant : les inégalités produisent de la richesse dès lors qu’il existe un réel état de droit, qui permette à tout le monde d’être égal devant la loi. Cet état de droit doit essentiellement empêcher le vol. Mais un état de droit signifie aussi que l’État doit intervenir le moins possible, car à chaque fois que cet état progresse, il fossilise une partie des choix économiques que la société peut faire et il crée des inefficiences qui appauvrissent sur le long terme.
L’organisation d’un État qui augmente son amplitude de contrôle et réduit des espaces de chaos résulte donc dans la diminution des gisements de création de valeur. La raison de cette diminution est simple : un État ne peut pas savoir ce qui est préférable dans l’absolu. Pour connaître ce qui est préférable, dans l’absolu, il est nécessaire de faire des tests et des erreurs tous azimuts pour explorer au mieux le champ des possibles. C’est pourquoi il faut inciter au maximum les entrepreneurs à oser créer des sociétés aussi diverses que possible.
Prenons par exemple le cas des cotisations sociales: En France, l’État gère l’ensemble au travers de règlementations et de contraintes qui passent, entre autres, par des caisses publiques. Au final, pour avoir cotisé en France et cotisé en Suisse, je peux vous dire que toute chose égale par ailleurs, en termes de pouvoir d’achat, l’assurance maladie coûte moins cher en Suisse. Pour comparer correctement, vous devez ajouter les charges que j’appelle invisibles, car elles sont prélevées sur le salaire en France.
Pour la retraite, c’est la même chose, car en Suisse, une fois à la retraite ou sous certaines conditions, vous pouvez choisir de transformer votre capital en rente, ou alors de repartir avec votre argent et de le gérer vous-même. Il y a donc une obligation de cotiser, mais entre les achats immobiliers, le cas d’une création d’entreprise ou un départ de Suisse, vous avez de multiples occasions de retirer votre argent, avant l’âge de la retraite.
Au final, la Suisse offre plus d’options pour gérer sa vie par soi-même et cela semble mieux fonctionner dans l’ensemble. Dans ce cas, l’inégalité crée de la richesse, car les riches n’ont pas beaucoup d’influence politique. Ce qui signifie que pour gagner de l’argent, il faut qu’ils arrivent à convaincre leurs clients de le leur donner.
En France, c’est différent, puisqu’il vous suffit de convaincre l’État d’obliger les gens à donner leur argent à un petit groupe de personnes riches ou influentes.
Je comprends parfaitement que cela choque les Français lorsqu’ils lisent un article de BlackRock, qui nous explique les bons plans de la loi pacte pour la retraite. Alors que Bruno Le Maire vient d’affirmer que Blackrock n’avait rien à voir avec la gestion des retraites. Surtout lorsque Bruno Le Maire lui-même défend la Légion d’honneur décernée au patron de BlackRock France. Cela pourrait prêter à confusion.
Alors qu’en réalité, le fait que Blackrock gère de l’argent ne choque personne, puisque c’est leur métier. Si Blackrock propose des produits retraite, c’est logique également.
La lettre d’investissement
C’est pour toutes ces raisons que dans la lettre d’investissement que je corédige avec Didier Darcet, nous nous sommes donnés pour objectif de proposer des solutions alternatives, avec des portefeuilles que vous gérez vous-même. Mieux encore, nous vous expliquons comment faire pour devenir autonome. Ce mois-ci je vous présente également un moyen d’investir dans des prêts agricoles, afin d’investir dans des projets locaux, pour une rentabilité supérieure à 10%.
Didier Darcet pour sa part, vous explique comment structurer le portefeuille de rentier ou de tacticien, selon votre profil, de façon internationale.
Agissez pour vous-même !
Le plus important au fond, ce n’est pas de savoir si vous êtes pour ou contre les inégalités. De toute façon, vous avez bien compris que tout se décide à Davos et que vous n’y êtes pas invité, ou alors que cela se décide lors des élections présidentielles et que votre voix ne pèse presque rien.
La seule véritable question est plutôt ce que vous allez faire, pour vous-même. Là, vous avez un impact réel et significatif. Mais tout de même, je conclurai cet article avec une intervention de Margaret Thatcher qui a parfaitement synthétisé les choses, elle dit : « Je pense avoir touché au point sensible en soulignant que la logique de ces politiques est qu’elles préfèrent que les pauvres soient plus pauvres. […] Si on doit réduire l’écart entre les riches et les pauvres, ils préfèrent que ce soit en appauvrissant les pauvres. Vous ne créerez pas de richesses et d’opportunités de cette façon. Vous ne créez pas une démocratie ainsi».
Richard Détente