L’inflation est le sujet phare de la crise monétaire actuelle. D’un côté, nous avons les banques centrales et les économistes qui pensent qu’il s’agit d’une inflation ponctuelle suite aux mesures anti-COVID. De l’autre côté, nous avons les partisans de la thèse inflationniste de long terme. Selon ces derniers, la surchauffe de l’inflation que nous observons ces derniers mois annonce une hausse durable des prix à la consommation. Par conséquent, quels sont les postulats pour chacun de ces deux raisonnements sur l’inflation ? Peut-on essayer de comprendre comment la réalité va encore une fois prendre les économistes à revers ? Allez, c’est parti !
Inflation sous-jacente : définition
La FED et d’autres banques centrales dans le même courant défendent l’idée que l’inflation actuelle est temporaire, car ils l’analysent à l’aune de ce que l’on appelle l’inflation sous-jacente.
L’idée est la suivante, pour qu’il y ait inflation, il faut une boucle inflationniste qui commence par une hausse des coûts de production, puis par une hausse des salaires qui vient alimenter la hausse des coûts de production, etc…
Dans le contexte actuel, une hausse des salaires n’est pas vraiment à l’ordre du jour. L’argument contre l’inflation est donc simple, s’il n’y a pas de hausse des salaires, alors la hausse des coûts de production va se heurter à la baisse du pouvoir d’achat des ménages. Comme la demande baisse, il y a déflation car les prix ne peuvent plus augmenter.
Dit autrement, quand les prix augmentent mais que les salaires des ménages baissent, les gens consomment moins, les producteurs vendent moins, et les prix se stabilisent ou baissent faute de demande.
Au final, la France est plus pauvre, car elle subit la hausse des prix de production mais elle l’absorbe par une baisse de sa consommation. Par conséquent, l’inflation disparaît et si les prix sur l’énergie et les matières se détendent à moyen terme, l’appauvrissement reste ponctuel.
Or, si l’on adopte ce point de vue, pourquoi est-ce que les prix de l’énergie et des matières premières seraient forcément voués à décroître d’ici quelques mois ? L’argument avancé est celui d’une diminution des goulots d’étranglement apparus suite aux mesures anti-COVID.
Inflation temporaire : les arguments pour étayer la théorie
Arrêter l’économie au niveau mondial pose des problèmes logistiques majeurs, et il faut un peu de temps pour remettre la machine en route. Alors comment est-ce que cette logique s’applique dans les faits ?
Si l’inflation est élevée, c’est parce qu’on la compare à l’année 2020 où les prix ont chuté à cause de l’arrêt de l’économie. En gros, au plus fort de la crise, vous arrêtez l’économie et l’indice de l’inflation en valeur absolue chute de 258 au premier trimestre 2020 à 256 au 2e trimestre 2020. Donc lorsque l’économie démarre, vous rattrapez votre retard et vous atteignez 268 au 2e trimestre 2021.
Si vous prenez un peu de recul, vous vous rendez compte que l’indice de l’inflation est sur sa pente de moyen terme. Cette accélération n’est qu’un rattrapage que l’on appelle l’effet de base. Dans cette vision de l’inflation, ce rattrapage correspond à une reprise de la consommation qui n’a pas eu lieu pendant les confinements.
Par ailleurs, cette lecture est appuyée par les indicateurs d’inflation sous-jacente. Ces indicateurs servent précisément à mesurer si nous entrons dans une boucle inflationniste ou non.
Comme vous pouvez le voir avec la courbe bleue en pointillé, cette inflation sous-jacente est plutôt constante depuis 2019.
Nous entrons dans une phase d’inflation durable : 4 raisons
1 – L’explosion du bilan des banques centrales
Alors pourquoi certains économistes, dont Charles GAVE, pensent que l’inflation est probablement repartie pour de bon ? Le plus gros indicateur qui a largement viré au rouge dans ce sens est le bilan des banques centrales.
Les habitués de cette chaîne ont en mémoire ces courbes qui représentent l’explosion des bilans des grandes banques centrales :
Depuis 2008, les États occidentaux n’ont jamais imprimé autant d’argent. Pour résumer la situation aux États-Unis depuis 2007, la croissance nette, dite hors inflation, a été de 3,25 %. Dans le même temps, la dette a connu un rythme de croissance de 10 % par an et une impression monétaire de 14 % par an. Le constat consolidé au sein de l’UE est dans les mêmes ordres de grandeurs.
Pour rendre ces courbes et ces chiffres plus concrets, dites vous que les États-Unis ont imprimé 3 130 milliards de dollars en 2020, ce qui représente 37 000 dollars par ménage.
Cet argent est allé aux ménages car il a financé directement les aides aux entreprises et aux particuliers, notamment avec les stimulus check.
En France, le gouvernement a évoqué la somme de 424 milliards d’euros, soit 14 500 euros par ménage. Alors forcément, devant des chiffres d’une telle ampleur, on peut légitimement avoir des craintes inflationnistes. Mais quels pourraient en être les moteurs ?
Charles GAVE nous donne un graphique qui va nous aider à mieux comprendre ce qui se passe :
En noir, vous voyez l’inflation calculée par la FED aux États-Unis. En rouge, vous avez l’indice de l’inflation pour les gilets jaunes remanié par Charles GAVE et Didier DARCET. Cet indice de l’inflation ne prend en compte que le logement, l’alimentation et l’énergie. Il représente l’inflation des produits de base pour le citoyen moyen.
Pour en savoir plus, nous avions fait une vidéo avec Didier à ce sujet :
2 – L’augmentation du prix des matières premières
Lorsque l’inflation monte dans un pays, ce sont les plus petits revenus qui sont le plus durement touchés. Au delà des prix de l’essence qui s’enflamment, ce sont également les prix du gaz qui sont propulsés par la Russie pour faire pression sur l’adoption de Nord Stream 2. Cela nous promet une rentrée sociale très animée, puisque M. et Mme Michu risquent de ne pas être d’accord, et à juste titre, avec toutes mes histoires données plus haut sur l’inflation sous-jacente.
Mais est-ce que cela va être temporaire ? Eh bien si l’on se cantonne à une analyse purement économique, on ne voit pas pourquoi l’inflation décollerait. Par contre, si l’on prend en compte d’autres facteurs qui sont en train de transformer le monde en profondeur, la tournure de l’histoire change.
3 – Les tensions Chine – Occident
Les tensions entre la Chine et les États-Unis vont crescendo à mesure que les Américains se recroquevillent pour préserver leurs bases. Dans le même temps, la puissance relative de la Chine augmente.
D’un côté, les Américains mettent en œuvre des moyens coercitifs pour déstabiliser la Chine. De l’autre, la Chine a déjà réorienté son modèle économique pour que la demande intérieure prenne le pas sur les exportations. Par conséquent, les États-Unis deviennent de plus en plus agressifs (ce qui n’est pas bon pour le commerce) et la Chine dépend de moins en moins de ses clients américains. Elle peut donc se permettre d’augmenter progressivement ses prix ou alors son taux de change avec le dollar et l’euro.
Ce rééquilibrage des forces augmente les risques d’inflation car, depuis la crise asiatique de 1997 jusqu’à la crise du COVID en 2020, les produits chinois bon marché ont été un moteur puissant de la désinflation. On peut se réjouir de ce rééquilibrage car cela signifie que les usines tant américaines que françaises pourraient retrouver une compétitivité en interne face à la Chine notamment. Sauf que, il faut réunir deux conditions pour relancer la machine occidentale interne.
4 – La quasi-impossible réindustrialisation occidentale
Pour promouvoir la réindustrialisation il faut :
- Baisser les charges sociales sur le travail, car nous n’avons pas les moyens de les payer. Cela signifie un appauvrissement du niveau de vie puisqu’il faudra économiser pour sa retraite et se payer ses soins sur son épargne.
- Remette le pays au travail. Et là, c’est un peu plus compliqué, car il ne suffit pas de traverser la rue pour trouver un emploi. En effet, il n’y pas tant d’emplois non pourvus qu’on se l’imagine, il y en a bien sûr, mais pas autant que de personnes qui devraient travailler. Ce qu’il faut reconstruire c’est le tissu entrepreneurial du pays.
Comme je le dis souvent, il est aujourd’hui plus facile de trouver des clients que de trouver un patron. L’avenir est aux entrepreneurs qui sauront se rendre utiles aux autres ; en contraste avec les employés qui chauffent les sièges des bureaux parisiens de grandes entreprises et font des bullshit jobs.
Je pense donc plutôt que nous allons vers une inflation durable en raison du contexte international. L’augmentation des prix des matières premières et des produits d’importation joueront en notre défaveur.
Réussir en tant qu’entrepreneur
J’ai lancé ma chaîne Grand Angle Entrepreneur précisément pour vous montrer comment on peut réussir quand on se lance dans l’entreprenariat. J’y interviewe des patrons qui ont monté leur business, souvent en partant de rien ou peu de choses. Je suis convaincu que le futur appartient aux créateurs et aux créatifs. Vous pouvez par exemple commencer par l’histoire de Paul Lê, créateur de la belle vie, ou par celle de Paul DEWANDRE et sa parabole du Kayakiste qui vous permettra de mettre le pied à l’étrier de votre réflexion personnelle. Et si vous vous sentez l’âme d’un artiste, je vous conseille de voir ma vidéo avec Ykanji, danseur et entrepreneur hors pair qui vous expliquera comment un artiste peut gagner sa vie en tant que businessman sans se trahir.
Bref, tout cela pour vous dire que je crois profondément que l’avenir est là. Je ne fais pas le catastrophiste, bien au contraire. J’espère contribuer à ouvrir les horizons de ceux qui ont l’envie d’avoir envie. Pour les autres, je pense effectivement que ce sera plus compliqué.
La lettre d’investissement : La stratégie Grand Angle
Enfin, si vous avez la chance d’avoir une épargne, alors dans ma lettre d’investissement que je co-rédige avec Didier DARCET, nous vous donnons les moyens d’être plus libre financièrement. Dans la lettre d’Octobre, Didier vous présentera ses quadrants monétaires pour arbitrer les compartiments obligataires, le cash et les biens tangibles. Pour ma part, je continuerai à vous proposer des moyens d’investir sur les marchés très spécifiques, pour être réactifs lorsque les marchés reviendront dans une configuration favorable aux actions. Pour la partie cryptomonnaie, je vous expliquerai comment définir la part de Bitcoin dans votre portefeuille et comment les faire travailler par rapport aux risques. Bref, dans tous les cas, je pense que l’avenir appartient à ceux qui se posent des questions et qui ont décidé de faire leur choix en pleine conscience de leur responsabilité.
En bref
En dehors de ces tensions géo-politiques et de ces transformations profondes de la société, il faut aussi s’attendre au retour possible d’un variant et d’une crise énergétique. Le fait d’avoir tant investi dans les énergies renouvelables, aux dépens du nucléaire et des énergies fossiles, ne va pas du tout jouer en notre faveur. Que cela soit bon ou non pour l’environnement, les énergies renouvelables intermittentes et non pilotables comme l’éolien ou le solaire ne sont pas compatibles avec la notion de croissance de l’économie.
Encore une fois, tous ces déséquilibres provoquent des crises, et bien que ces crises soient socialement très dures à vivre pour beaucoup d’entre nous, gardez en tête qu’elles sont sources d’opportunités.
Nous vivons des temps de paix qui ont forgé des hommes faibles. Charge à chacun d’entre nous de devenir les hommes de notre époque. Chaque génération a ses défis à relever, et honnêtement, je préfère vivre à notre époque plutôt qu’à celle de mes grands-parents qui avaient pour défi d’établir la paix en Europe. Alors haut et les cœurs et au boulot !
Richard Détente