Le problème de la dette publique
D’un côté, aux États-Unis, les Américains font tout un tapage autour de l’augmentation ou non du plafond de la dette, ce qui laisse penser que la dette est un problème majeur. De l’autre côté, en France, personne n’évoque la dette comme si c’était une chose banale. Bruno Le Maire, Ministre de l’Économie, a déclaré sur BFM que la dette est un problème et qu’il est nécessaire d’accélérer son désendettement d’ici à 2027. Cependant, lorsque l’on lit l’article, son objectif est de maintenir le déficit public à 3% du PIB, ce qui peut sembler peu. Mais si l’on considère que les recettes de l’État s’élèvent à environ 250 milliards d’euros, cela représente un déficit annuel de 36%. Ainsi, il est important de retenir que lorsque l’on vous dit : « Nous allons contenir le déficit annuel à 3% », cela signifie en réalité : « Notre objectif ultime est de maintenir notre déficit à 36% de notre budget ». Je pense que cela ne sonne pas de la même manière, et c’est pourquoi je dis qu’en réalité, la dette n’est pas un sujet important pour de nombreux gouvernements, tels que celui de la France, car « désendetter » signifie en réalité s’endetter toujours davantage, mais peut-être un peu plus rapidement dans le meilleur des cas.
Relever une fois de plus le plafond de la dette US pour sauver le monde ?!
Parlons maintenant du cas des États-Unis, où la secrétaire du Trésor, Janet Yellen, qui soutient le Président Joe Biden, se bat avec acharnement pour convaincre l’opposition républicaine d’approuver une augmentation du plafond de la dette, afin de sauver les États-Unis d’un défaut de paiement qui entraînerait une cascade de conséquences catastrophiques.
Regardez ces titres : « Le spectre du chaos » dans Le Matin, « Menace sur l’économie mondiale » sur France Info, « Comment cela pourrait dévaster vos économies » selon Forbes, « Risque d’effondrement économique » selon le New York Times. Cela fait réfléchir, n’est-ce pas ? De quoi s’agit-il ?
Aux États-Unis, il existe un plafond de la dette fixé à 31,4 billions de dollars. C’est beaucoup d’argent, et lorsque ce plafond est atteint, il y a deux solutions : soit les États-Unis doivent réduire leurs dépenses pour s’ajuster aux revenus fiscaux, soit ils négocient avec l’opposition pour relever le plafond de la dette. Sachant que le déficit américain se situe autour de 5%, avec des pics atteignant de plus en plus fréquemment 10% du PIB selon les années, mais soyons indulgents et admettons un déficit chronique d’environ 1,500 milliards de dollars par an. Cela nous donne donc un déficit par rapport aux rentrées fiscales d’environ 30% « les bonnes années », car en 2021, on était plutôt aux alentours de 68%. En cas de non-relèvement du plafond de la dette, les États-Unis devraient réduire leurs dépenses d’environ un tiers. Bien entendu, cela entraînerait le pays dans une spirale déflationniste catastrophique qui provoquerait une récession comparable aux années 30, rendant ce scénario hautement improbable. La deuxième solution : relever le plafond de la dette. Est-ce si compliqué ? En réalité, non, pas du tout. Ce cirque se répète très régulièrement. Voici les dates des derniers relèvements du plafond de la dette : 2021, 2019, 2017, 2015.
En examinant cette donnée à travers le graphique présenté ci-dessus, il est clair que relever le plafond de la dette est devenu une pratique courante, se produisant environ tous les deux ans depuis les années 70. Donc, oui, tout cela est une mascarade qui permet à l’opposition de tenter de faire chanter le parti au pouvoir en utilisant ce fameux plafond dont tout le monde sait qu’il n’a pas le choix. Le jeu politique consiste simplement à infliger le plus de dommages possible à l’autre camp. C’est pourquoi JP Morgan parle du « drame » du plafond de la dette, et ils ont parfaitement raison. L’objectif pour l’épargnant américain est d’éviter d’être touché par les turbulences pendant que leurs représentants politiques se battent. Le pouvoir en place agite les « sept plaies d’Égypte » au-dessus de la tête du peuple, tandis que l’opposition appelle à la responsabilité quant à l’avenir du pays. En fin de compte, le message est clair : en réalité, la dette n’intéresse personne !
Est-ce grave d’être endetté ?
Mais alors, est-ce si préjudiciable d’être endetté ? Cela dépend. La première chose à prendre en compte est à qui vous devez votre dette. Si vous la devez à votre propre population, ce n’est pas du tout grave. Le Japon détient le ratio d’endettement le plus élevé au monde, mais comme je l’ai déjà expliqué dans cette vidéo, si l’on considère l’épargne de la population et la dette du pays dans leur ensemble, le Japon se classe parmi les pays les moins endettés au monde. Le secret réside dans le fait que si l’État japonais rembourse la dette du Japon aux Japonais en échangeant leur dette à 0% contre de la monnaie fiduciaire, cela élimine la partie du système bancaire qui permet de créer du crédit avec un effet de levier. En revanche, si vous êtes la France ou les États-Unis et que vous êtes trop endettés vis-à-vis de l’étranger, alors vous avez un sérieux problème en cas de défaut de remboursement, car pour rétablir l’équilibre financier, vous devrez réduire les dépenses de l’État, ce qui pourrait entraîner une récession économique d’envergure.
Le cas de la France: la récession à nos portes ?
Analysons de près ce que cela signifie dans le cas de la France, car Charles Gave a récemment rédigé un article à ce sujet pour nous expliquer en quoi la France fait face à un risque important de récession.
Le graphique ci-dessus indique que la croissance des entreprises, globalement équivalente à la croissance du PIB à long terme, diminue lorsque les taux d’intérêt dépassent la croissance du PIB. Les entreprises réduisent alors leurs activités pour se désendetter, ce qui plonge la France dans la récession. Bien entendu, plus un pays est endetté, plus il consacre une part importante de sa richesse au remboursement des intérêts, ce qui équivaut à payer une sorte de taxe, car cet argent quitte le pays. Par conséquent, plus vous êtes endetté, plus la croissance du PIB est faible. Cela contribue au ralentissement général de la croissance depuis la fin des années 70. En d’autres termes, plus vous êtes endetté, plus les récessions surviennent rapidement et fréquemment, ce qui n’est pas surprenant quand on y réfléchit. Bien sûr, pour contrer cet effet, la France, comme la plupart des pays occidentaux, a manipulé les taux d’intérêt afin de maintenir une charge de la dette supportable d’une année à l’autre. Cependant, cela ne dure qu’un temps et aboutit souvent à une crise inflationniste.
La dette n’est pas le seul problème. Lorsque le pays entre en récession, le gouvernement réagit comme à son habitude en imprimant de l’argent pour mener une politique contracyclique visant à limiter l’ampleur de la crise. Et cela fonctionne ! Mais cela se fait au prix d’une augmentation de l’endettement, ce qui réduit une fois de plus le potentiel de croissance du pays et rapproche la prochaine récession.
Sur le graphique ci-dessus de Charles Gave, vous pouvez constater que la part de l’État dans le PIB augmente proportionnellement à la baisse de rentabilité des entreprises. En fin de compte, cela se traduit par la croissance globale du pays telle que présentée.
C’est pourquoi les personnes qui vous expliquent qu’il faut augmenter le poids de l’État dans l’économie pour relancer la croissance sont simplement des individus déraisonnables qui ne savent pas compter. Les termes employés peuvent sembler forts, mais je vous ai partagé les deux graphiques précédents pour vous en convaincre.
Relancer la croissance en imprimant de l’argent : mauvaise idée !
Lorsque vous entendez les hommes politiques évoquer la relance de la croissance par le biais de l’émission monétaire, vous saisissez aisément pourquoi cette approche s’avère totalement inefficace sur le long terme. En somme, s’endetter revient simplement à hypothéquer la croissance future afin d’éviter des difficultés à court terme. Certes, formulé de la sorte, cela semble banal, mais l’économie, en réalité, ne revêt pas une complexité démesurée, car elle se régit par une logique accessible à toute personne compétente dans la gestion à long terme d’un budget familial.
L’arnaque des taux d’intérêt et ses conséquences sur la dette
Si des pays occidentaux tels que la France entrent en récession cette année, il y aura tout de même un changement majeur. Cette fois-ci, il ne sera pas possible de baisser les taux d’intérêt pour ménager à la fois l’économie et la lutte contre l’inflation.
Par conséquent, les intérêts payés par ces pays vont littéralement exploser, ce qui pose un véritable problème, car jusqu’à présent, comme vous pouvez le constater sur le graphique ci-dessus, le service de la dette avait la gentillesse de diminuer d’année en année grâce à la manipulation des taux d’intérêt.
Selon les simulations de Charles Gave, le besoin de financement deviendra rapidement insupportable. À quelle échéance parle-t-on ? Dans l’ordre de cette année, voire de l’année suivante. C’est pourquoi, avec Didier Darcet, dans ma lettre d’investissement, nous vous proposons des stratégies pour délocaliser votre épargne hors de l’Union européenne. Il est important de prendre en considération que les bases de l’État français sont actuellement d’une fragilité sans précédent, et qu’il est devenu extrêmement peu rentable d’entreprendre en France. Si l’on ajoute à cela la transformation profonde de l’ordre mondial en cours, nous nous retrouvons face à un mélange explosif pour votre épargne, mais malheureusement, pas dans le sens favorable.
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Mais est-il possible de faire les choses différemment ? Car oui, ce mur de la dette est un fléau qui touche de nombreux pays.
Peut-on faire différemment ? Le cas de la Suède
Même les États-Unis font face à ce problème, car un tiers de leur dette arrivera à échéance dans les 18 prochains mois, avec des taux d’intérêt ayant fortement augmenté.
Je vous ai déjà parlé du modèle suisse, mais certains d’entre vous m’ont dit que la Suisse est différente pour telle ou telle raison. Alors, prenons l’exemple de la Suède.
Tel qu’illustré dans le graphique ci-dessus, il est possible d’observer qu’après une faillite survenue en 1994, la Suède a effectué un changement de cap significatif en réduisant considérablement l’emprise de l’État sur le long terme. Malgré cela, la Suède demeure un pays moderne et développé où la population n’a pas été ravagée par la maladie et la misère.
Quoi qu’il en soit, les mois à venir vont être encore plus tumultueux, c’est pourquoi je vous encourage à regarder la vidéo ci-dessus pour comprendre comment la Russie, la Chine, l’Inde et tous les pays de leur sphère d’influence sont en train de redéfinir la croissance des dix prochaines années.
Richard Détente