La Chine peut-elle déclencher un krach systémique des marchés financiers ?

19 mars 2022

J’ai voulu attirer votre attention sur un article écrit par Didier DARCET, co-rédacteur de ma lettre d’investissement. Étant donné que nous vivons une période de stress intense sur les marchés, il est important que l’on évoque les systèmes complexes, les risques de contagion et la potentialité d’un krach systémique. Nous verrons que la Chine agit comme un potentiel risque déclencheur, car en août 2021, elle est la zone du monde qui donne les plus grands signes de faiblesses.

Comprendre les facteurs déclencheurs d’un possible effondrement du système financier

VIX : ce que nous révèle l’indice de la peur

Tout d’abord, je tiens à rappeler que l’indice de la peur sur les marchés, le VIX, a largement décollé en mars 2020 lors des mesures anti-Covid, et qu’il n’a toujours pas retrouvé ses niveaux normaux autour de 10 :

Certes, la pression sur cet indice diminue très progressivement depuis mars 2020, où il a littéralement explosé, mais depuis début juillet 2021, il se met à remonter progressivement :

C’est un peu comme ce fichu voyant rouge sur le tableau de bord de votre voiture. Vous ne savez pas pourquoi il est allumé, mais comme cela fait bientôt 6 mois qu’il ne s’éteint pas, vous vous dites que ce n’est pas si grave. Au pire, c’est un petit machin qui ne marche pas bien et qui n’affecte pas le reste :

Pour votre voiture c’est sûrement vrai. Pour autant, dans un système complexe où un très grand nombre de parties interagissent les unes avec les autres, la défaillance d’un seul petit rouage peut conduire à l’explosion du système tout entier.

L’explosion de la navette spatiale Challenger

Dans son article, Didier prend l’exemple de la célèbre histoire de la navette spatiale Challenger, qui a explosé en 1986.

Pourquoi cette navette a-t-elle explosé ? La question a été confiée à une commission d’enquête, dont faisait partie le célébrissime Richard FEYNMAN, largement connu pour ses travaux sur la physique quantique.

Il explique que la cause de cette explosion était assez simple : « J’ai pris ce joint utilisé dans la navette spatiale et je l’ai mis dans de l’eau glacée. J’ai découvert que, lorsque on applique une pression sur lui pendant un moment, après avoir relâché cette pression, le joint ne reprend sa forme initiale qu’après plusieurs secondes. Il perd ses caractéristiques pendant un temps lorsqu’il est en dessous de 0 °C. Je pense que cela a joué un rôle dans l’accident. »

Un tout petit joint de quelques dollars aurait causé l’explosion d’une navette spatiale de plusieurs milliards de dollars ? Comment est-ce possible ? Quand on sait que les pièces utilisées dans le vaisseau spatial font partie des plus fiables au monde…

Le principe des réactions en chaîne appliqué aux marchés boursiers

Si vous avez un million de pièces, toutes interdépendantes, qui ont toutes une probabilité sur un million de faire défaut ; alors la probabilité que votre machine explose est une quasi certitude. Étant donné qu’une fusée est une sorte d’énorme bombe qui explose de façon contrôlée, et qu’elle n’est pas produite en série comme peut l’être une voiture, le risque d’explosion est très élevé. D’accord, mais qu’en est-il des marchés financiers dans tout ça ?

Eh bien c’est un parfait exemple de construction hautement systémique. En 2008, nous entendions les experts de la finance nous expliquer que les risques d’un krach majeur était de 1 / 1 000 000, ce qui donne un krach tous les 10 000 ans selon leurs calculs. La réalité nous montre que les marchés ont plutôt tendances à exploser plusieurs fois par décennies.

C’est pour cette raison que Didier a développé des outils de modélisation de la macroéconomie (à savoir Neystor et l’indice des maçons, que nous allons voir un peu plus bas). L’objectif est d’identifier le rapport entre les risques et les opportunités à l’échelle du mois qui vient.

La forte baisse du marché chinois est-elle annonciatrice d’un krach systémique ?

Les signaux d’alerte de Neystor

Lorsque je dis que nos outils de modélisations sont sortis des marchés chinois début juillet, ce n’est pas pour vous dire que je ne crois plus au marché chinois sur le long terme. C’est simplement que pendant les mois de juillet à août, Neystor – notre plateforme d’assistance à la gestion libre en ligne – nous a indiqué que les risques de pertes étaient plus élevés que les probabilités de gains. Nous ne savons pas si le marché chinois va kracher pour de bon ou se reprendre. Tout ce que nous savons, c’est que par le passé, lorsque les mêmes conditions étaient réunies, nous avions plus de coups à prendre qu’à donner.

Et les marchés mondiaux dans tout ça ? Est-ce que la Chine est le canari dans la mine qui nous indique de nous mettre à l’abri ?

L’analyse de l’index mondial MSCI

Certains nous ont fait remarquer que le marché chinois est le moins corrélé aux autres grands marchés, car la Chine est assez fermée par rapport au reste du monde. Et c’est vrai :

Si on prend les marchés américain, japonais, allemand et chinois, ce sont bien les performances du marché chinois qui sont les moins corrélées au reste du monde. Pourtant, n’oubliez pas ma digression sur le joint torique de la navette Challenger. Une pièce de seulement quelques dollars a causé la destruction d’une navette à plusieurs milliards de dollars. Lorsque des risques systémiques s’enclenchent, l’ampleur de la défaillance peut potentiellement être énorme. La seule question qui vaille est la suivante : est-ce que cette pièce est une pièce critique pour le système ?

C’est là que la modélisation à l’œuvre dans Neystor est irremplaçable. Intellectuellement, vous ne pouvez pas résoudre ce type de problème de tête. Il faut réaliser des simulations :

Lorsque vous mettez en perspective les conditions économiques et de marché actuelles, notre modèle nous dit que par le passé, l’indice MSCI world index (l’indice mondial Morgan Stanley Capital International) a plongé en moyenne de 7,5 % dans des environnements similaires.

Analyse des données macroéconomiques de Neystor et de l’indice des maçons

Je ne vous donne pas les résultats de Neystor, car je les réserve aux lecteurs de ma lettre d’investissement et aux utilisateurs de Neystor. Mais en résumé, la situation n’est pas bonne du tout. Une dynamique inflationniste est clairement en place sur toute la planète, les prix de l’énergie sont élevés et les tensions sur les matières premières et la main d’œuvre sont fortes.

Après, peut-être que le pire n’arrivera pas. Donc si vous voulez quand même continuer à investir en bourse, notre indice des maçons – qui est un indice comportemental des marchés – vous aidera à sortir au tout dernier moment avant la crise. Les quadrants financiers de Neystor vous donnent la météo macroéconomique du mois à venir. L’indice des maçons, quant à lui, lis le marché au quotidien. Sur la Chine par exemple, les quadrants de Neystor ont indiqué une dégradation du rapport bénéfices/risques le 1er juillet, tandis que l’indice des maçons a donné le signal de sorti le 5 juillet précisément.

Aujourd’hui, clairement, le risque est très élevé sur les marchés mais tous les indices des maçons ne sont pas passés au rouge. Vous pouvez donc tenter de tirer le diable par la queue pendant encore un moment. C’est risqué mais pas non plus idiot. Avec cette stratégie, en mars 2020, vous auriez été prévenu par les quadrants financier le 1 mars, puisque l’indicateur sort le 1er du mois :

Tandis que l’indice des maçons est passé au rouge, autour du 25 février, sur les différents marchés mondiaux :

Pour ma part, comme je ne suis pas un parieur, je préfère sortir en cas de forte dégradation des quadrants financiers. Si la situation est un peu ambigüe, j’attends la confirmation de l’indice des maçons. À vous de voir en fonction de votre profil.

En attendant, s’il y a un seul graphique à retenir pour aujourd’hui, c’est celui là : 

Dans une configuration macroéconomique comparable, la performance moyenne des indices mondiaux est de – 7,5 % en excess return, c’est-à -dire au-delà des rendements de marchés des actifs sans risques.

Explications plus détaillées sur le fonctionnement de Neystor

Un système de modélisation de la macroéconomie

Dernier point important, quelle est la différence entre ce que nous faisons et l’analyse technique dont j’entends souvent parler ? Eh bien le modèle de Neystor est basé sur une modélisation du fonctionnement de l’économie que l’on peut expliquer rationnellement. Par exemple, l’impact de l’inflation sur les prix des actions, l’impact du taux de change sur le commerce internationale, etc… Ensuite, sur la base de cet ensemble de règles, le logiciel tourne pour trouver les points d’équilibres et les points de retournements.

C’est là qu’intervient une bonne dose d’intelligence artificielle pour réussir à faire les calculs que l’on arrive plus à faire de tête dans un modèle à 7 dimensions. C’est comme la fabrication d’un avion. Vous avez les principes physique de portance de l’air, et ensuite, une fois l’avion conçu par les ingénieurs, vous faites appel aux informaticiens pour faire des tests de résistance des matériaux et optimiser l’ensemble.

Dit autrement, voler avec Neystor airline ne vous garantit pas qu’il n’y aura aucun incident. Mais c’est quand même mieux de voler à bord d’un avion de ligne qu’à bord d’un ULM que l’on pilote à l’instinct. Au final, on va plus vite et on a moins de chance de mourir.

Des stratégies testées en amont

Ensuite, les stratégies sont testées en amont, contrairement à l’analyse technique. Attention, je ne dis pas qu’un modèle qui marche en regardant en arrière est un bon modèle. Vous pouvez trouver une infinité de règles à la con qui marchent très bien lorsque vous les testez sur les 20 dernières années. Par contre, si vous développez un modèle qui n’est même pas explicatif dans le passé, vous aurez du mal à être fiable dans l’avenir. Je vous explique tout cela pour que vous compreniez bien sur quoi nous basons nos analyses.

À la condition (et ce n’est pas peu dire) que Didier et ses équipes ne se trompent pas dans leur analyse du fonctionnement de la macroéconomie, il est légitime de comparer des situations passées avec des situations présentes. Pour un avion, c’est la même chose. Pour peu que la portance de l’air ne change pas lors du prochain vol, ou que la météo reste dans des limites acceptables, je peux dire que mon avion a de bonnes chances de voler. Il ne s’agit pas de divination mais de modélisation.

La lettre d’investissement : la stratégie Grand Angle

Fondamentalement, je conserve mes avis sur la Chine, l’or et les différentes classes d’actifs. Tout ce que je vous dis, c’est qu’en ce moment, il y a très probablement une tempête droit devant. Donc si nous ne dévions pas de notre cap à long terme, il nous semble prudent d’adapter le plan de vol à l’échelle de quelques semaines. Dans la lettre d’investissement, nous expliquons précisément le pourquoi du comment. Nous vous donnons les stratégies pour vous adapter, et dans Neystor, vous aurez tous les indicateurs pour suivre l’évolution de cette crise au jour le jour, et marché par marché.

Richard DÉTENTE