Baisse des marchés financiers : quand l’inflation dévore l’avenir

27 janvier 2022

Les marchés sont globalement en hausse mais des signes inquiétants pointent le bout de leurs nez. Entre les nouveaux variants du covid et la situation étrange dans laquelle se trouve l’emploi et l’inflation, nous vivons décidément une période bien instable. Aujourd’hui je vous montre quels sont les facteurs fondamentaux qui vont entraîner une baisse des marchés financiers après plusieurs mois d’accalmie.

Marché du reverse repo : définition

Une information inquiétante vient d’une hausse du trouillomètre des markets maker managers. Il faut savoir que l’argent placé dans des produits dits sans risque, comme les contrats d’assurances ou autres produits à capital garantis, travaillent de leur côté pour servir les rendements promis. Au milieu de ce système se trouvent les markets maker managers. Ce sont eux qui promènent l’argent dans les marchés financiers. Ils ont la double contrainte de gagner un peu de sous, ou d’en perdre le moins possible dans le cas des taux d’intérêts négatifs, mais aussi de ne pas prendre de risque sur le capital.

Pour faire court, ce sont 761 milliards de dollars qui sont passés des comptes des banques vers le marché appelé reverse repo, soit les comptes de la FED (la banque centrale américaine).

Dépôts sur le marché du reverse repo

Hausse exponentielle du reverse repo

C’est juste ahurissant. Notez que jusqu’à fin 2013, c’était un marché marginal dans le système financier. L’argent était placé dans le système bancaire car le marché interbancaire fonctionnait bien. Et puis la crise de 2008 et la crise de l’euro en 2012 ont révélé un système financier complètement malade. Donc les acteurs financiers qui ont besoin de sécuriser leur argent le font bien plus fréquemment via leur banque centrale.

Cela a 2 grandes implications :

  1. C’est une alerte importante de l’augmentation du risque dans le secteur financier et bancaire. Le sol bouge.
  2. La capacité des banques à prêter de l’argent diminue, car nous vivons dans un système de réserves fractionnaires. Si l’argent en dépôt dans les banques diminue, leur capacité à prêter de l’argent aussi. C’est donc un facteur déflationniste potentiellement puissant, puisque ce mouvement vers le marché du reverse repo représente près de 20 % des réserves bancaires. Enfin bon tout cela est d’ordre réglementaire, donc en cas d’urgence, j’imagine que la FED ne sera pas à une manipulation près.

Si vous voulez tout savoir de cette crise du reverse repo, George Gammon en a fait une analyse détaillée de 3/4h sur sa chaîne :

La pandémie a changé notre rapport au travail : les paradoxes en cours

Explosion du chômage et pénurie de main d’œuvre

L’autre phénomène inquiétant est la situation de l’emploi. Aujourd’hui, nous sommes confrontés à deux faits particulièrement étranges.

D’un côté, le nombre d’inscriptions au chômage reste record avec environ 350 000 nouvelles inscriptions par semaine. En temps normal, nous sommes plutôt à 200 000 inscriptions par semaine. Comme nous sortons d’une période où le taux de chômage a explosé et que les usines rouvrent, nous devrions avoir un nombre d’inscriptions au chômage très faible.

D’un autre côté, beaucoup de secteurs économiques font face à des difficultés de recrutement. Exemple avec cette annonce :

Traduction : Un Mc Donald’s en Floride qui offre 50 dollars à toute personne se présentant pour un entretien d’embauche peine malgré tout à trouver des candidats

On a du mal à croire à une réelle pénurie de main d’œuvre, tant le manque d’emploi était élevé avant la crise du Covid-19.

Alors les médias commencent à s’interroger sur d’autres raisons qui justifieraient ce phénomène :

Traduction du titre : Y a-t-il une pénurie de main d’œuvre ? Voici ce que le rapport du mois de mai nous apprend

Eh oui, finalement quelque chose de plus profond et de plus embêtant semble se profiler. Avec toutes les aides qui ont été envoyées, les possibilités de télétravail et les minima sociaux disponibles, beaucoup de personnes commencent à reconsidérer la place du travail dans leur vie. En réalité, c’est un mouvement de fond qui était déjà présent mais progressif. Appelez ça exclusion de l’emploi ou hausse du chômage, mais tendanciellement, la quantité de personnes en âge de travailler et qui occupe un emploi diminue.

Augmentation de la masse monétaire et diminution des emplois disponibles

La pandémie de Covid-19 a permis de mettre un coup d’accélérateur violent à ce phénomène. À l’heure ou l’on parle de revenu de base, de Théorie Monétaire Moderne ou encore d’hélicoptère monétaire, une part de plus en plus importante de personnes semble chercher des équilibres personnels différents. Je le vois bien dans ma campagne. Si vous faites le choix d’aller vivre dans une campagne où l’immobilier est peu cher et que vous cherchez à vous débrouiller par vous-même avec votre potager et quelques boulots d’appoints au black, vous pouvez vous en sortir tout aussi bien qu’avec un travail salarié au SMIC. En plus, vous pouvez profiter d’une qualité de vie meilleure ou tout du moins choisie.

Traduction du titre : La vérité sous-jacente sur la pénurie de main d’œuvre américaine est que nous ne sommes pas prêts à repenser le travail

Alors oui, la façon polie de le dire dans les médias c’est que les gens reconsidèrent le besoin de travailler. On touche là une limite fondamentale de toutes ces idées politiques qui ont pour point commun de faire précéder le revenu au travail. Normalement, il faut d’abord travailler pour ensuite toucher un revenu. L’inverse ne fonctionne pas et nous sommes en train de l’expérimenter en grandeur nature à l’échelle de l’Occident.

À mon avis, tout cela ne peut conduire qu’à un effondrement de l’État par une perte de valeur de la monnaie, étant donné qu’il y a de plus en plus de monnaie et de moins en moins de travail. Bien sûr, ce n’est que mon avis.

Baisse des marchés financiers en raison de l’inflation

Autre point critique, la dynamique inflationniste s’est définitivement répandue à l’échelle mondiale selon nos modèles. Neystor indique que 12 pays sur les 18 que nous suivons sont passés en cycle inflationniste :

Il ne reste que la France, la Suisse, la Grande-Bretagne et le Japon qui résistent.

Et encore, si on regarde ces 4 pays dans le détail, ils ne sont plus qu’à un doigt de basculer :

Seul le Japon à des chances de rester éventuellement déflationniste. C’est un réel problème car les régimes inflationnistes sont les pires configurations pour les marchés financiers et l’économie.

Pour rappel, voici les performances pour chacun de ces 4 quadrants avec un recul de 140 ans :

Vous pouvez voir clairement que la courbe rouge, soit les récessions en période inflationniste, provoquent un véritable massacre sur les portefeuilles financiers.

Même lorsque vous êtes en croissance inflationniste (la courbe bleu clair), votre portefeuille performe moins bien qu’en période de récession déflationniste. C’est dire la puissance de l’inflation sur les marchés.

Toutefois, cela se comprend bien car l’inflation vient dévorer les ratios prix sur bénéfices, les fameux PER (price earning ratio).

Tiens, d’ailleurs où en est-on sur ces PER ?


Eh bien là aussi, nous sommes à des records historiques. Seule la bulle Internet à fait « mieux » si je puis dire. C’est à ce composant des marchés que l’inflation va s’attaquer tôt ou tard. Cela vous donne une mesure de la chute potentielle si nous revenons à des PER entre 5 et 10 qui reflètent des plus bas en période de gros krach.

La lettre d’investissement : La stratégie Grand Angle

C’est pour cela que dans ma lettre d’investissement que je corédige avec Didier DARCET et Guillaume ROUVIER, nous vous donnons une analyse du timing des marchés en juillet pour savoir comment prendre vos dispositions. Didier vous donne une analyse précise du contexte macroéconomique, ainsi que l’analyse des quadrants financiers de notre logiciel d’assistance à la gestion libre : Neystor. Pour ma part, je vous donne une liste d’actifs anti-crise pour vous permettre de vous retourner. Enfin, Guillaume ROUVIER nous donne ce mois-ci une valeur énergétique qui vous permettra de vous positionner sur ces problématiques d’inflation.

La crainte d’une remontée des taux directeurs en raison de l’inflation

Enfin, dernier point essentiel, les marchés sont tellement tendus que la simple évocation d’une remontée des taux de la FED dans 2 ans suffit à faire frémir les marchés à la baisse :

Les gérants de la réserve fédérale américaine projettent une hausse des taux en 2023

Pourtant, il ne s’agit que d’une lointaine perspective. Imaginez ce que cela serait si la FED avait annoncé une remontée des taux pour septembre ou même janvier ? L’inflation est de retour et la FED ne pourra pas faire grand-chose pour la contrer. Enfin, demandez-vous si une économie pilotée par une banque centrale qui est incapable de laisser le prix de la monnaie s’ajuster à son niveau naturel à un long avenir devant elle ? Dit autrement, trouvez-moi un seul homme normalement constitué et gérant son argent par lui-même qui accepterait de le prêter contre rien, sauf un risque de non remboursement ?

D’après les échos que j’ai dans mon entourage, les gestionnaires d’assurances et autres dirigeants du secteur bancaire sont bien au courant de cela. Le problème c’est qu’ils ne sont pas libres de faire ce qui est le mieux pour leurs clients. La réglementation les oblige à acheter toujours plus d’obligations d’État, pour financer ce léviathan qui est incapable de normaliser ses dépenses largement au-dessus de ses recettes. Nous sommes dans une période de répression monétaire où votre épargne est devenue la cible du couple État et banque centrale.

Alors préparez-vous pendant que nous avons une liberté de mouvement totale avec notre épargne, à défaut d’avoir une liberté totale de circulation.

Richard DÉTENTE