Suisse, un pays où il fait bon vivre
La Suisse demeure invariablement parmi les dix pays les plus prospères au monde. De surcroît, seules quelques cités-États ou des cas particuliers, tels que l’Irlande, un havre fiscal, et la Norvège, qui tire profit de rentes pétrolières, parviennent à surpasser la Suisse, sachant que cette dernière n’a plus le bénéfice de tels avantages. Qui plus est, lorsque l’on observe le revenu médian, lequel reflète le mieux le niveau de vie des habitants d’un pays, les Suisses occupent la première place mondiale en termes de revenus. L’inflation demeure faible, le chômage est quasiment inexistant, et le pays est maintenu dans un état exceptionnel.
Comment expliquer ce phénomène ? Charles Gave a élaboré de nombreux graphiques pour quantifier ces fondements. De mon côté, après plus de deux années de résidence en Suisse, je vais vous exposer le fonctionnement de la société suisse qui permet d’atteindre un tel niveau de prospérité. Enfin, nous déconstruirons les préjugés sur l’immigration en Suisse, car je peux vous garantir qu’il est plus aisé pour un mécanicien de venir en Suisse que pour un fonctionnaire.
Secret 1: Une économie gérée via une VRAI démocratie directe et locale
Tout d’abord, il convient de noter que la Suisse n’enregistre jamais de déficits vis-à-vis de l’étranger. Les comptes courants démontrent que, en additionnant toutes les importations et exportations, la Suisse conserve toujours un léger excédent d’environ 0,4%. Il est important de souligner que ce bilan est équilibré, car, en comparaison avec le Japon, qui a fait des excédents de comptes courants une spécialité, nous constatons un excédent d’environ 2,5%, ce qui est considérable. Cette stabilité économique permanente est en grande partie due à la mentalité suisse qui ne tolère pas les déficits chroniques.
Pour ma part, en résidant dans le canton de Fribourg depuis plus de deux ans, j’ai régulièrement observé les médias locaux faire état de l’équilibre des comptes de diverses entreprises en difficulté ou de communes ayant réussi à harmoniser leurs recettes et leurs dépenses. Un exemple concret est celui de l’hôpital de Payerne, une petite ville vaudoise, dont un article détaille la façon dont il a rétabli sa situation financière. Les communes elles-mêmes font l’objet d’une surveillance minutieuse par leurs habitants. Prenons par exemple Estavayer, une ville de 10 000 habitants très touristique, qui attache une grande importance à l’équilibre de ses finances.
Deux éléments culturels majeurs permettent d’expliquer cette situation. Tout d’abord, la Suisse se caractérise par une décentralisation très marquée. Il existe deux niveaux territoriaux principaux en Suisse : la commune et le canton. Ce sont des unités territoriales de petite taille où la démocratie directe fonctionne efficacement grâce à une connaissance mutuelle entre les habitants. En Suisse, le nombre d’habitants par ville s’élève en moyenne à environ 2 850, et même les plus grandes villes telles que Genève, Bâle ou Berne comptent entre 130 000 et 200 000 habitants. Seule Zurich se distingue avec ses 400 000 habitants. Le deuxième niveau majeur est constitué par les cantons, qui sont de véritables États au sein de la fédération suisse, avec leur propre parlement et gouvernement. Un canton typique compte environ 200 000 habitants, et seuls Berne et Zurich dépassent le million. Cette petite taille territoriale signifie que lorsqu’un problème survient, il est facile de trouver un interlocuteur qui ne renverra pas la responsabilité à ses 14 collègues au sein du service, comme c’est parfois le cas ailleurs.
Prenons deux exemples concrets. En 2021, je suis arrivé en Suisse et, dans le dossier de demande de permis de séjour, un business plan était requis. Cependant, mon activité se déroule en ligne, de sorte que l’endroit où je réside n’influence pas mes revenus. Logiquement, mes bilans devraient suffire. En tant que Français, j’étais sur le point de rédiger un business plan totalement inutile, qui se contenterait de reprendre mes bilans, afin de pouvoir cocher la case et l’annexer à ma demande. Toutefois, par précaution et pour d’autres questions, j’ai contacté le service de l’immigration pour obtenir des clarifications. À ma grande surprise, la personne qui a répondu au téléphone m’a dit : « Oui, en effet, je suis l’instructeur de votre dossier. Comment puis-je vous aider ? » Habitué aux administrations pléthoriques, j’ai répondu : « Eh bien, je suis chanceux alors ! » Sa réponse, empreinte d’étonnement, fut la suivante : « Monsieur, nous sommes trois dans le même bureau pour le canton. » Une deuxième surprise m’a été réservée lorsque j’ai expliqué ma situation et demandé si je devais vraiment élaborer un business plan en plus de mes bilans. Sa réponse a été immédiate : « Non, ce ne sera pas nécessaire, les bilans suffiront. Ne vous inquiétez pas, je prends note de cela. » Toujours dans l’esprit français, j’ai remercié la personne et j’ai envisagé d’ajouter une mention dans ma lettre explicative, afin d’indiquer que Madame une telle m’avait autorisé à ne pas joindre ce document en raison de notre entretien téléphonique. Mais elle m’a dit : « Monsieur, ce n’est pas la peine, je l’ai déjà noté. Vous n’avez rien d’autre à faire, je vais terminer l’instruction de votre dossier. » Cela contraste fortement avec certaines expériences administratives en France.
Cette anecdote illustre bien la simplicité et l’efficacité du système suisse, où la taille réduite des entités administratives permet une gestion plus personnalisée et efficace des dossiers.
Secret 2 : la confiance
Un autre point d’importance en Suisse est que la parole donnée a une valeur contractuelle. Si vous serrez la main de quelqu’un en présence d’un témoin pour conclure un accord, cette poignée de main est reconnue devant les tribunaux. En Suisse, lorsque vous creusez un peu, vous découvrez des articles inhabituels, tels que celui qui explique ce à quoi il faut prêter attention lorsque vous concluez un bail verbal pour un appartement. Bien entendu, les juges préfèrent les contrats écrits, mais je peux vous assurer qu’une poignée de main n’est pas une formalité légère. Ma femme, habituée aux achats sur Leboncoin en France, où parfois les promesses et les désistements sont monnaie courante, en a rapidement pris conscience. Un jour, elle avait donné son accord un peu légèrement pour un petit achat, puis s’est rétractée car elle avait trouvé une meilleure offre ailleurs. Le vendeur l’a rapidement recadrée en invoquant les lois relatives aux accords verbaux. C’est à ce moment-là que vous découvrez le pouvoir combiné des petites entités territoriales et de la parole donnée. Si vous jouez avec des promesses en l’air, vous risquez des ennuis, mais vous serez aussi rapidement catalogué comme une personne peu fiable et problématique. À partir de ce moment, toutes les portes se ferment de manière implicite et courtoise, sans que vous compreniez toujours pourquoi.
Ce principe fonctionne également dans le domaine professionnel. Avec Grand Angle Crypto, nous sommes engagés dans des initiatives très novatrices dans le domaine de la tokenisation d’actifs. Autant vous dire que les avocats et les comptables demandent des explications approfondies, ce qui est tout à fait normal. Cependant, mon associé Guillaume et moi avons été frappés par le niveau de confiance qui nous a été accordé. Nous expliquons nos projets, et nos explications sont acceptées de principe. Il existe réellement une présomption de bonne foi. Cependant, il est important de noter que si vous êtes pris à essayer de tromper votre comptable ou votre avocat, ils se détourneront de vous, et il n’est pas exclu que les autorités fiscales en soient informées. La confiance en Suisse s’accompagne donc de la contrepartie d’un risque de se retrouver rapidement sur liste noire en cas de comportement répréhensible.
En fin de compte, les Suisses attachent une grande importance à ce que chacun maintienne son propre domaine en ordre, et cela commence par une gestion financière rigoureuse, car une entité en déficit peut finir par causer des problèmes à tous. C’est dans cet esprit qu’existe un service appelé « des poursuites ».
Secret 3 : Responsabiliser la population
En Suisse, si vous omettez de payer votre nounou, votre abonnement téléphonique, ou votre loyer, pour ne citer que quelques exemples, vous vous exposez rapidement à une dénonciation aux « poursuites », un registre des mauvais payeurs de toutes sortes. Naturellement, une fois que vous êtes répertorié, il est ardu de trouver un nouvel appartement, d’obtenir un prêt, ou de réaliser toute autre démarche financière. Apparemment, une fois que vous êtes inscrit aux poursuites, votre chemin est semé d’embûches. C’est pourquoi la Suisse gère sa dette avec la même minutie que son horlogerie. Les personnes endettées sont perçues comme des individus qui créent des problèmes pour la communauté, et comme tout le monde se connaît et s’observe mutuellement, cela ne passe pas inaperçu. Cette réalité locale a un impact sur la situation fédérale, et c’est pourquoi la dette nationale est étroitement surveillée. Je parle ici de la Suisse romande, la partie francophone du pays, qui est parfois considérée par les Suisses alémaniques comme un peu dilettante. L’orthographe en suisse alémanique est une toute autre affaire.
Vous pouvez également comprendre pourquoi le système de dénonciation fonctionne bien en Suisse. Comme le dit le dicton, « derrière chaque Suisse se cache un policier ». Pourquoi dénoncer son voisin qui ne respecte pas les règles ? Parce que ne pas respecter les règles, c’est perturber la vie des autres, donc il n’y a aucune raison de ne pas signaler ces comportements. En échange de ce système de dénonciation, vous bénéficiez d’une liberté et d’une sécurité importantes. Par exemple, de nombreux jeux de plage sont en libre-service sur de nombreuses plages, car on sait que les gens les remettront dans leur boîte après utilisation. Cela fonctionne également avec les points de vente de fruits et légumes en libre accès. Vous prenez ce dont vous avez besoin, laissez l’argent en espèces dans la boîte prévue à cet effet, et vous partez. Dans la plupart des stations-service, vous vous servez d’abord et payez ensuite, etc. Par conséquent, chez moi, comme chez de nombreux voisins, nous ne fermons pas la porte de notre domicile lorsque nous ne sommes pas là. En effet, cela serait peu pratique, car la femme de ménage vient, quelqu’un prend les poubelles, et le voisin peut prendre du bois si nous en avons en trop. Il serait bien embêtant de s’embarrasser de clés… Dans le même ordre d’idées, voir des enfants de 5 ans se promener seuls dans la rue ne choque personne. Les gens m’ont regardé bizarrement lorsque j’ai réprimandé sévèrement et bruyamment mes filles dans la rue après qu’elles soient parties à l’exploration sans me prévenir.
Secret 4 : Miser sur l’industrie et l’apprentissage
Un autre élément essentiel contribuant à la réussite de la Suisse est son industrie. Comme le montre le graphique ci-dessus de Charles GAVE, la production industrielle suisse est en constante augmentation. Quel est donc le secret qui permet au pays le plus riche du monde de continuer à produire des ouvriers et des travailleurs manuels ? Contrairement à certaines idées fausses, un pays ne peut pas être prospère sans disposer d’une industrie solide, à l’exception de quelques cas particuliers tels que les économies fondées sur des revenus exceptionnels comme les rentes pétrolières ou les paradis fiscaux. En Suisse, il existe une culture du travail dans l’agriculture et l’industrie.
En Suisse, environ 70% des jeunes optent pour un apprentissage, tandis que les autres poursuivent des études générales au lycée, puis des études universitaires de haut niveau. En comparaison, en France, la situation est différente, avec environ 70% des jeunes qui choisissent des filières telles que la psychologie et l’histoire de l’art, tandis que les autres optent pour des apprentissages dans des conditions parfois moins favorables, il faut l’admettre. Cela explique en partie pourquoi la Suisse dispose encore d’une industrie robuste, car le pays valorise les personnes qui travaillent dans le secteur industriel.
En ce qui concerne l’industrie en Suisse, il convient de souligner que le pays affiche une forte orientation libérale. Même des députés de gauche critiquent l’intervention de l’État lorsque celui-ci empêche les actionnaires des banques de faire faillite. Ainsi, si vous êtes le dirigeant d’une PME ou d’une usine en Suisse, vous êtes bien accueilli et valorisé, car on reconnaît que vous contribuez à la création de richesse en Suisse. C’est pourquoi la Suisse accueille à bras ouverts, notamment pour les ressortissants des pays de l’Union européenne, toutes les personnes qui exercent un métier manuel authentique.
En résumé, tous ces éléments expliquent pourquoi le poids de l’État en Suisse reste modéré et stable.
Comment être plus efficace avec BEAUCOUP MOINS de fonctionnaires ?
Bien entendu, entre voisins dans la rue, nous plaisantons parfois sur les fonctionnaires cantonaux et communaux qui commencent à travailler à 5 heures. Cependant, en réalité, ayant expérimenté à la fois l’administration suisse et l’administration française, il est évident que nous ne sommes pas du tout au même niveau. Le facteur le plus important qui contribue à la maîtrise des dépenses en Suisse est la décentralisation, avec des décisions prises au plus près du terrain. Lorsqu’un maire ou un syndic commence à ne pas bien gérer son administration, il fait face à des votations et des référendums qui permettent de corriger le tir, et les élections achèvent souvent le travail. En matière de décentralisation, les Suisses alémaniques sont les champions, car de nombreuses communes font voter leur budget par les habitants, et il arrive que la commune soit rappelée à l’ordre lorsque les cordons de la bourse ne sont pas suffisamment serrés. L’équipe municipale de Bienne en a récemment fait l’expérience…
Par conséquent, même en 2022, tous les cantons suisses étaient en ordre sur le plan financier. En résultat, le libéralisme, la démocratie directe et la rigueur produisent un pays où les entreprises prospèrent.
Comme le montre le graphique ci-dessus, les marges des entreprises suisses augmentent progressivement avec le temps. Comme on dit ici, « hâte-toi lentement ». C’est pourquoi, dans notre lettre d’investissement avec Didier Darcet, nous vous proposons ce mois-ci des moyens d’investir dans l’immobilier suisse. C’est une manière intelligente de vous exposer au franc suisse, à la propriété en Suisse, tout en ayant une forte probabilité de surpasser l’euro tout en générant un rendement. L’idée est de vous mettre à l’abri des incertitudes de la zone euro et de diversifier votre épargne à l’international dans l’un des pays les plus stables et démocratiques du monde.
La France c’est l’inverse
Les marges des entreprises ne cessent de se réduire, et cela s’explique principalement par un facteur majeur : le poids de l’État dans le PIB. En France, la diminution des marges des entreprises, et par conséquent des recettes fiscales à terme, est étroitement liée à l’augmentation du rôle de l’État dans l’économie nationale. Pourquoi cette corrélation ? Parce que plus l’État intervient pour occuper la place du secteur privé, plus la gestion de ces services se déconnecte de la réalité. Plus vous centralisez le pouvoir à Paris, plus vous observez des erreurs dans la gestion quotidienne de détails insignifiants. C’est pourquoi le franc suisse ne cesse de s’apprécier par rapport aux pays de la zone euro. Cette tendance est entièrement structurelle et pour l’instant, elle ne montre aucun signe de changement. Il est intéressant de noter qu’à la fin de la Seconde Guerre mondiale, un franc suisse valait exactement un franc français. Aujourd’hui, un franc français ne vaudrait que 6,5 fois moins qu’un franc suisse.
Pour comprendre en profondeur la nature de cet écart structurel croissant, il est nécessaire de comprendre les graves conséquences de la désindustrialisation en France. Vous pouvez consulter cette vidéo pour en apprendre davantage sur les mécanismes et les impacts de ce phénomène.
Richard Détente