Blackrock veut étendre son empire en Chine

11 avril 2021

Un article paru dans The Strait Times le 25 janvier 2021 expliquait que Blackrock revoyait à la hausse ses investissements en Asie, et en particulier en Chine. Cette information confirme l’importance que Grand Angle accorde à la Chine pour sécuriser la partie obligataire de son portefeuille. Elle montre aussi que l’Asie est entrée dans une grande phase ricardienne autour de la puissance chinoise. Autrement dit, la demande chinoise se développe à mesure que le pays sera bientôt autosuffisant. Il ne dépendra plus des exportations vers l’étranger. C’est l’occasion d’évoquer Blackrock, les etf chinois et la sécurité d’actifs en Occident et en Asie.

Blackrock et les ETF

Blackrock est la société qui gère le plus grand nombre d’actifs dans le monde. Ceux-ci représentent plus de 8 000 milliards de dollars. Cette société s’est distinguée notamment par sa commercialisation des ETF, c’est-à-dire des fonds indiciels. Comme le fait remarquer Jack Bogle, fondateur du groupe Vanguard et deuxième plus gros vendeur d’ETF, pour trouver une aiguille dans une botte de foin, ne cherchez pas l’aiguille, achetez la botte de foin !

En clair, si vous n’êtes pas sûr du choix des actions à acheter, investissez dans un ETF. De cette façon vous bénéficierez au minimum des performances du marché.

Les ETF peuvent aussi servir à atteindre un marché sur lequel il est difficile d’entrer. Par exemple, il est possible de les employer sur le marché des high tech sans être obligé de surpondérer les GAFA avec des ETF spécifiques. En outre, les ETF chinois permettent d’investir le marché chinois tout en excluant les entreprises détenues par l’État. Il s’agit de miser uniquement sur les entrepreneurs. Ce n’est pas chose aisée en Chine, dans la mesure où la plupart des entreprises sont jeunes. Il est donc difficile de trouver des leaders bien installés, ayant fait leurs preuves dans leurs secteurs.

Les ETF sont souvent le seul moyen pour des particuliers d’accéder à un type particulier de marché. C’est là un autre de leurs avantages. Par exemple, pour l’achat d’actions en Chine, ils sont un excellent moyen de limiter fortement les frais qu’une telle transaction implique.

En conséquence, Blackrock et Vanguard ont fait fortune sur la gestion indicielle parce qu’il s’agit de produits faciles à vendre. En effet, un vendeur d’ETF peut rassurer un acheteur en avançant que c’est un placement sûr.

Comme beaucoup ont fait le choix d’investir chez Blackrock, le problème de la firme réside dans son succès. Elle gère en effet plus de 8 000 milliards de dollars, ce qui implique des responsabilités considérables sur les marchés. Cela suppose que le jour où ils commettent une erreur, les conséquences seront potentiellement très importantes. C’est la raison pour laquelle personne ne peut se passer d’écouter ce que Blackrock pense des marchés.

La préférence chinoise pour la stabilité

Ben Powell, le chef de la stratégie des investissements en Asie pacifique de Blackrock, est très optimiste pour l’Asie en général, et la Chine en particulier. Pour justifier sa confiance, il fait remarquer que celle-ci est la première puissance à avoir redémarré après la pandémie de 2020. A contrario, l’Occident en est encore à se demander s’il faut reconfiner la population.

Une remarque souvent faite souligne le caractère dictatorial du régime politique chinois. Non seulement c’est vrai mais il faut même aller plus loin. À plusieurs reprises dans sa longue histoire, la Chine est passée à côté de la révolution scientifique. On peut rappeler que la Chine possédait une flotte de navires nettement plus grande que celles des États occidentaux. Et ajoutons que ses bateaux étaient plus performants.

Maquettes représentant, à l’arrière-plan, un bateau chinois de l’époque de la dynastie Ming (XIVe-XVIIe siècles) à côté de l’une des caravelles de Christophe Colomb, au premier plan.

Les Chinois avaient donc la technologie pour découvrir les Amériques plusieurs siècles avant nous. Mais ils sont passés à côté. La Chine a également découvert la poudre noire, la monnaie papier, ainsi que les principales briques technologiques pour inventer la machine à vapeur au VIe siècle.

Seulement voilà. Culturellement, les Chinois n’aiment pas les innovations car elles sont génératrices d’instabilités sociales. Or, en Chine, la stabilité du groupe est une valeur dominante, la liberté individuelle passe après.

Donc, fondamentalement, ce n’est pas en Chine et en Asie plus généralement que les grandes innovations ont lieu. Fondamentalement, ce sont dans des pays comme la Grande Bretagne ou les États-Unis où il faut investir si l’on veut être le premier sur les innovations qui construisent le futur.

Toutefois, rappelons-nous que la Chine, a réussi à effacer deux siècles de misère, à partir de 1978 et de l’arrivée de Deng Xiao Ping au pouvoir, qui a marqué la fin du communisme chinois au sens soviétique du terme.

Deng Xiaoping

Les gouvernants en Chine ont un très vif souvenir de cette époque, Xi Jing Ping en premier. C’est toute la différence avec nos politiques qui ont tous perdu la mémoire de ce que signifie souffrir.

Donc, d’un côté en Occident nous sommes prêts à tout pour repousser les échéances tandis que les Chinois ont travaillé d’arrache-pied pendant quarante ans pour sortir de la misère. Au final, la Chine est prête à travailler dur pour asseoir une nouvelle stabilité et retrouver sa place d’empire historique. Voilà pourquoi la priorité de la Chine est un Yuan fort pour stabiliser toute sa zone d’influence autour d’elle. C’est pour cela que la Chine cherche à se dédollariser pour ne pas subir les affres de l’occident.

Pourquoi investir en Asie ?

En conséquence, il est préférable d’investir une partie de ses économies dans la zone de la Chine étendue. On entend par-là, la zone d’influence chinoise en Asie. Le temps, au moins, que l’Occident purge ses comptes et retrouve ses esprits.

Dans ma lettre d’investissement co-rédigée avec Guillaume ROUVIER, et avec la participation de Charles GAVE, je vous explique comment calculer la volatilité de son portefeuille. Dans les anciens numéros, des conseils sont donnés sur les moyens d’investir en Chine. L’idée est de profiter au mieux des différentes zones d’investissements dans le monde afin d’assurer la meilleure performance à son épargne.

Pour conclure, disons que la Chine étendue est une zone où les risques systémiques sont faibles. En effet, les perspectives économiques chinoises sont favorables. De plus, la Chine préfèrera toujours la stabilité aux innovations-ruptures. En face, l’Occident fait pâle figure avec son surendettement, ses taux d’intérêt ) zéro et son train de vie qui dépasse largement ses moyens.

Finalement, à long terme, l’avenir de l’innovation se situe toujours en Occident. Mais, pour la décennie qui s’ouvre, c’est la Chine qui sera gage de stabilité.

Richard DÉTENTE

Sources :

Blackrock sees bipolar world, swift global economy retart