Vous aurez du gaz, vous aurez chaud. Le prix on verra …
Cet été, les températures sont élevées, un constat partagé par tous. Cependant, quelles seront les conditions cet hiver ? En effet, suite à la rupture des relations entre l’Union Européenne et la Russie, la croissance économique pourrait être entravée par l’approvisionnement en gaz russe qui fait défaut à l’ensemble du continent européen. Or, ce gaz russe jouait un rôle substantiel dans le chauffage hivernal et dans la stimulation de la croissance économique. Par conséquent, les prix de l’énergie connaissent une hausse structurelle considérable, avec une multiplication par trois du coût du gaz, ce qui pourrait potentiellement ralentir la croissance économique. Cette augmentation est ressentie de manière significative.
Il est impératif de noter qu’aucun élément, et je tiens à insister sur ce point avec une certitude absolue, ne semble en mesure de réduire les tarifs énergétiques en Europe, à moins d’envisager une réconciliation avec Monsieur Poutine et de réparer les gazoducs du projet Nord Stream, bien que cette option ne paraisse guère probable à l’heure actuelle. Une autre alternative pourrait être la construction intensive de centrales nucléaires à partir de ce moment précis, afin de garantir un approvisionnement en énergie à coût modéré… dans une décennie. Il convient de rappeler que ce vaste programme nucléaire n’a pas encore été amorcé. Les annonces gouvernementales à ce sujet semblent nettement en deçà des besoins réels.
D’autre part, une question se pose : risquons-nous de manquer de combustible pour nous chauffer durant l’hiver, surtout en cas de conditions météorologiques rigoureuses ? Patrick Pouyanné, le dirigeant de Total, personnage vers lequel nos leaders se tournent pour obtenir de telles informations, confirme que oui, nous pourrons être approvisionnés en gaz dans tous les cas. Cependant, il avertit quant aux coûts associés. Il convient de souligner que Patrick Pouyanné représente notre principal fournisseur de gaz, ce qui fait de lui la source la mieux informée en la matière.
Croissance des prix du gaz & Europe : pourquoi les prix pourraient s’envoler à cause de l’Europe ?
Cependant, cela soulève deux ou trois thématiques nécessitant une discussion. En premier lieu, lorsqu’on considère les déclarations du dirigeant de Total, il apparaît que c’est l’Europe qui exerce une influence sur l’élévation ou la diminution des prix, signifiant ainsi que l’Europe est devenue l’acheteur marginal sur le marché. Quelle en est la signification ? En effet, les Vietnamiens, les Chinois et d’autres pays avec lesquels l’Europe rivalise en surenchère des prix bénéficient de contrats d’achat à long terme avec la Russie, leur assurant des tarifs de gaz relativement stables. Par conséquent, lorsque les Européens se procurent du gaz sur ces marchés, nous contribuons à la prospérité de ces pays sans qu’ils aient besoin de travailler, renversant ainsi un privilège historique de l’Occident jusqu’à l’année dernière.
En s’engageant dans une guerre économique directe avec la Russie, l’Europe s’est imposé ce que l’on nomme une contrainte malthusienne. Le concept est relativement simple : si l’Europe venait à connaître une expansion économique suite à des réformes structurelles de sa politique économique, cette croissance provoquerait immédiatement une augmentation des prix des hydrocarbures, impactant l’ensemble de l’économie européenne avec seulement quelques mois de décalage, du fait de l’absence de contrats à long terme garantissant des prix énergétiques abordables. Ainsi, cette contrainte énergétique s’érigera en obstacle à toute tentative de croissance soutenue. Cependant, en ce qui concerne la compétition avec les nations asiatiques, la Russie et d’autres pays disposant de ressources en hydrocarbures, l’avenir s’annonce catastrophique, car ces nations bénéficieront d’une énergie nettement moins onéreuse, les propulsant en avant dans la course économique.
Peut-être est-il envisageable que la Russie fléchisse d’ici là, permettant aux Européens de reprendre le gaz russe de manière coercitive une fois que l’Ukraine aura remporté le conflit. Cependant, cette perspective ne brille pas particulièrement. En toute objectivité, chacun·e défend sa propre propagande, sachant que la vérité est la première victime en temps de guerre. Néanmoins, même un intervenant comme Xavier Tytleman, nettement enclin à l’OTAN, admet que la perspective d’une victoire écrasante de l’Ukraine est désormais peu probable. De l’autre côté, des commentateurs en faveur de la Russie, prenons par exemple Xavier Moreau, concèdent également que la ligne de front est actuellement figée, bien qu’ils suggèrent que la Russie pourrait éventuellement avancer jusqu’à Odessa avant la fin de ce conflit. Je tiens à préciser que la chaîne Stratpol de Xavier Moreau est censurée au sein de l’Union Européenne, tout comme Russia Today France. Il est essentiel de préciser que cette censure ne s’applique pas en Suisse, où nous avons libre accès à RT France.
En résumé, pour conclure sur le sujet de l’Ukraine, faisons référence à Dominique de Villepin, qui possède cette remarquable aptitude à être pris en compte dans les médias conventionnels. Bien qu’il soutienne ouvertement l’Ukraine, il souligne néanmoins que la situation est bien plus critique pour l’Occident que ne le laissent penser nombre d’observateurs.
Le rééquilibre rapide du monde
Ce qui demeure certain, c’est que le monde évolue rapidement et profondément. Le pouvoir économique et, par extension, militaire, se rééquilibre rapidement et suit une tendance de long terme.
Sur le graphique ci-dessus, on peut observer que les économies des pays en développement, regroupés sous l’acronyme BRICS, ont progressé depuis la fin des années 90 pour atteindre aujourd’hui un niveau équivalent à celui des nations rassemblées sous le terme « Occident ». Il est important de noter que ce graphique représente la production annuelle de richesse, à ne pas confondre avec le stock accumulé de richesse, qui demeure actuellement plus important en Occident. Néanmoins, nous sommes manifestement entrés dans une phase de déclin relatif où la puissance occidentale s’équilibre considérablement avec le reste du monde.
En termes plus simples, pour résumer les propos précédents, les États-Unis, qui disposent de la capacité de produire abondamment sur leur territoire, que ce soit des biens ou de l’énergie, encourent un risque majeur de voir leur niveau de vie considérablement diminuer, probablement aux alentours de 30%, si les pétrodollars retournent vers les États-Unis. D’autre part, l’Union Européenne affronte une possible débâcle, n’ayant plus un accès suffisant à l’énergie nécessaire pour maintenir son niveau de vie, devenant ainsi une variable d’ajustement. Un autre point de faiblesse de l’Union Européenne réside dans sa propre unité.
Le point faible de l’Union Européenne : son union
Il est fondamental de se demander dans quelle mesure le projet politique de l’Union Européenne peut favoriser l’établissement d’une unité politique entre des nations telles que la Grèce, la France, l’Allemagne et le Danemark. Cette question est d’une importance considérable, car si l’Union Européenne devait se désintégrer en raison des divergences d’intérêts entre ses membres, la période de reconstruction de projets nationaux qui en découlerait pourrait s’avérer prolongée et éprouvante.
Le cas de la France
La situation de la France pose un défi majeur, car son économie repose essentiellement sur un secteur marchand libre qui ne contribue qu’à hauteur de moins de 40% du PIB. En d’autres termes, seulement 40% de l’économie française est portée par des acteurs capables de générer une richesse directe. Il est crucial de bien appréhender la problématique. Si l’on considère l’éventualité où l’État serait contraint d’assurer les missions qu’il s’est fixées, faute de moyens suffisants, cela signifierait que les fonctionnaires, une grande partie des retraités et tous ceux qui dépendent des revenus issus de redistributions sociales se retrouveraient brusquement démunis. Les seuls qui parviendraient à s’en sortir, comme l’histoire l’a maintes fois illustré, seraient les salariés et les dirigeants du secteur privé : artisans, agriculteurs, ouvriers …. Cependant, ces secteurs représentent désormais une minorité au sein de la population. Dès lors, la question se pose : dans quelles conditions ces domaines pourraient-ils prospérer alors que la majorité des citoyens du pays éprouverait de grandes difficultés ?
C’est précisément de cette manière que l’URSS a connu sa fin. La structure économique du pays s’était fragilisée au point de s’effondrer dans la pauvreté. Ainsi, il existe des indicateurs que l’on peut observer, d’autant plus intéressants lorsque l’on délaisse les chiffres les plus couramment scrutés, permettant ainsi d’écarter des soupçons trop forts de manipulation. L’un de ces marqueurs est le taux de marge brute des entreprises privées, c’est-à-dire l’évolution de la part des bénéfices des entreprises. En effet, sans profit, une économie ne peut subsister. Réaliser des bénéfices est ce qui atteste de la viabilité d’une entreprise et, par conséquent, de la viabilité de l’économie dans son ensemble. Malheureusement, les résultats dans ce domaine ne sont pas positifs du tout, car les marges des entreprises diminuent structurellement à long terme depuis les 30 dernières années. Cette tendance est logique, car la marge d’une entreprise découle de sa capacité à opérer librement sur le marché.
Degré de liberté, richesse du pays et croissance économique
En d’autres termes, même si vous dirigez une entreprise privée, la réduction de votre liberté due aux différentes réglementations qui entravent votre fonctionnement peut entraîner la disparition de votre marge bénéficiaire, indépendamment du niveau d’imposition. Le cas de la Suède s’avère particulièrement instructif, car c’est un pays qui prône la liberté économique, permettant aux entreprises d’opérer de manière très autonome. Pourtant, malgré un niveau de prélèvements fiscaux comparable à celui de la France, les marges bénéficiaires des entreprises s’améliorent en Suède tandis qu’elles se détériorent en France. Il est donc impératif de garder à l’esprit que la création de richesse est étroitement liée au degré de liberté d’un pays, bien plus qu’à son niveau de fiscalité.
Le graphique présenté ci-dessus illustre la relation entre le degré de liberté et la prospérité d’un pays. Les pays nordiques, qui affichent souvent une fiscalité élevée, comptent pourtant parmi les nations les plus riches en termes de PIB par habitant. L’évolution du taux d’incarcération est également un indicateur pertinent, que j’interprète comme étant le degré d’intégration de la population d’un pays. En résumé, plus le nombre de personnes incarcérées pour 100 000 habitants est élevé, plus l’on peut en déduire que l’ordre social n’est pas optimal. Sur ce point, les différents pays du monde se regroupent en catégories similaires, et l’on constate également qu’à mesure qu’un pays accorde plus de libertés, sa population tend à être plus intégrée.
C’est précisément pour ces raisons que je soutiens ardemment la liberté économique et politique, ce qui implique un système capitaliste soutenu par un état de droit solide, afin que le pouvoir économique puisse prospérer sur la base de la concurrence plutôt que du vol.
L’échec de croissance des BRICS
Il est indubitable que les BRICS n’ont pas encore atteint un succès marqué, car leur puissance économique découle encore largement d’une population importante et d’une croissance de type ricardienne qui trouvera rapidement ses limites.
Que signifie donc cette notion de « croissance ricardienne » ? Pour simplifier grandement, considérons qu’il existe deux types de régimes de croissance économique. Le premier, la croissance ricardienne, est fondé sur l’ordre. Dans un pays où l’on cultive du blé au nord et du riz au sud, l’établissement d’une administration et d’une école d’ingénieurs permettrait la création de routes et de normes qui faciliteraient les échanges entre le nord et le sud, engendrant une augmentation de la richesse nationale. La croissance ricardienne correspond au rattrapage économique au Brésil, à la standardisation au sein de l’Union Européenne, ou à la création d’une zone monétaire centrée sur le yuan en Asie pour faciliter les échanges.
Cependant, le défi réside dans le fait que la croissance ricardienne repose sur la capacité à innover. Ainsi, pour établir une école d’ingénieurs, il faut tout d’abord des inventeurs et des entrepreneurs qui génèrent des idées et des nouvelles technologies pouvant être mises en production. Cette croissance par l’innovation est qualifiée de « croissance schumpétérienne », en référence à Joseph Schumpeter qui a évoqué le concept de « destruction créatrice » par l’innovation. Or, le problème réside dans le fait que la croissance schumpétérienne repose avant tout sur le chaos. Elle laisse les individus tâtonner et permet à des innovateurs tels qu’Étienne Lenoir d’inventer le moteur à explosion, provoquant ainsi la faillite des vendeurs de calèches et de chevaux. Bien que rétrospectivement, Étienne Lenoir soit salué, à l’époque, il était grandement impopulaire pour avoir évincé les entreprises de vente de foin en ville.
Ainsi, la clé d’une croissance économique durable semble reposer sur un équilibre entre liberté – donc un certain degré de chaos – et une organisation structurée et ordonnée de la société. Cela dit, trouver cet équilibre n’est pas simple, car ces deux éléments sont intrinsèquement antagonistes. Pour ceux qui se sentent perdus dans ce paysage et qui souhaitent comprendre comment s’adapter pour prospérer, une formation gratuite sur 7 jours est proposée, dans le but de faire le point sur leur situation. Cette formation vise à poser des questions fondamentales et à définir des moyens de préserver leurs économies.
De mon point de vue, c’est là que l’État de droit trouve sa justification. Le principe selon lequel « la liberté des uns s’arrête là où commence celle des autres » reformule la lutte et la complémentarité entre Schumpeter et Ricardo. C’est là que l’État de droit acquiert toute sa signification. On accepte une dose d’ordre pour préserver la cohésion sociale, tout en veillant à ce que chaque individu ait le droit de renverser l’ordre social dans des limites acceptables.
Cependant, lorsque 60% du PIB est géré par l’État, comme c’est le cas en France – ici, il s’agit de gestion économique et non seulement de fiscalité – il est indiscutable que la vision de Ricardo étouffe celle de Schumpeter. Par conséquent, une économie est vouée à l’atrophie par manque de renouvellement. Le nombre d’individus travaillant dans la production diminue, tandis que les opportunités d’innovation sont réduites. C’est également pour cette raison que, entre les États-Unis et l’Asie, je choisirais toujours les États-Unis. Quoi qu’on en dise, l’Amérique possède la capacité de se réinventer, même si cela implique un coût social élevé – c’est là la clé de son succès. C’est la raison pour laquelle j’ai choisi de m’installer en Suisse. Principalement, car la Suisse est une version miniature des États-Unis, géographiquement plus proche. Le pays est généralement empreint de liberté, et les différences entre les cantons sont du même ordre que celles entre les États américains. Ici, tout ce qui n’est pas interdit est autorisé, tandis qu’en France, tout ce qui n’est pas autorisé est interdit. Cette distinction est fondamentale et existentielle.
Les états n’ont pas d’amis
En conclusion, il est essentiel de rester réaliste et de comprendre que les États n’ont pas d’amis, mais des intérêts. Bien que mon attrait pour le modèle libéral américain soit important, souvenez-vous que les États-Unis ne sont pas notre meilleur allié.
Pour en être convaincu, je vous encourage à visionner la vidéo ci-dessus, dans laquelle j’explique à quel point leur rôle dans le déclin actuel de l’Union Européenne ne doit pas être sous-estimé.
Richard Détente