Les effets économiques du covid-19 sur l’année 2021

7 avril 2021

Après l’élection de Joe Biden à la présidence des États-Unis on pensait pouvoir formuler des hypothèses sur la nouvelle situation macroéconomique mondiale. C’était sans compter l’épidémie de Covid-19, dont le nombre de morts repart à la hausse.

Évolution du nombre de morts du Covid-19 dans le monde entre janvier 2020 et janvier 2021.

Évolution de l’épidémie de covid-19

Il faut dire que le SARS-Cov-2 mute à grande vitesse. Cette rapidité s’explique par le grand nombre de réplications. La multiplication de celles-ci tient au fait que le virus est répandu sur l’ensemble de la planète, augmentant ainsi les probabilités de mutations.

S’impose ainsi la nécessité de tenir compte de l’évolution du virus dans les projections économiques que l’on veut dresser.

L’exercice est difficile dans la mesure où les inconnues sont grandes. De façon pragmatique, il ne faut pas chercher à juger des données scientifiques. Il s’agit plutôt d’évoquer ce que les États pensent connaître de la question. Ainsi que les moyens mis en œuvre en réaction.

Par exemple, lors de la première vague de l’épidémie, en mars 2020, ce n’est pas le virus qui a causé des dégâts à l’économie mais les mesures de restriction prises pour lutter contre la pandémie.

Aux États-Unis

Les États-Unis connaissent actuellement une recrudescence de l’épidémie de Covid-19.

Dans ce contexte, le plan de l’administration Biden comporte deux axes principaux. Le premier consiste à généraliser les mesures de distanciation sociale comme le port du masque. Le second a pour objet de vacciner en masse. Cent millions de personnes vaccinées en cent jours : c’est l’objectif que s’est assigné le président américain. La confiance qu’affiche Biden tient donc à l’efficacité des vaccins. Nous y reviendrons.

En Europe

En Europe, les autorités font preuve de moins d’optimisme car elles semblent douter de l’efficacité des vaccins seuls. Le Royaume-Uni a totalement reconfiné sa population depuis début janvier et, en mars, a décrété la fermeture des écoles. Et malgré la baisse significative du nombre de cas par jour depuis janvier, Boris Johnson, le Premier ministre, a annoncé que le confinement pourrait durer jusqu’à cet été, soit six mois de confinement total.

Pour comprendre cette décision, il faut savoir que les Britanniques, qui vaccinent massivement, craignent que le variant anglais du virus ou d’autres variants ne viennent remettre en cause l’efficacité des vaccins.

En ce qui concerne la France, le pays est dans un entre-deux. Le chef de l’État a établi un couvre-feu à partir de 18 heures et laissé les écoles ouvertes car le nombre de décès semble stable, à la limite de la saturation du système hospitalier. Mais tout comme en Angleterre, le gouvernement français craint ces fameuses mutations du virus.

Alors est-il raisonnable de craindre ces mutations ?

Et bien dans l’absolu oui. Le cas du sida est un très bon exemple en la matière. Lors de l’apparition de celui-ci, on pensait que l’on endiguerait la nouvelle maladie en quelques mois, le temps de concevoir un vaccin. Mais parmi les problèmes que pose le HIV, la grande vitesse de mutation du virus a rendu tout vaccin développé inefficient. La bonne nouvelle avec le Covid-19 réside dans le fait que son virus mute beaucoup moins vite. La mauvaise nouvelle, en revanche, est qu’il est bien plus présent dans la population.

Souvenons-nous que, pour muter, un virus doit se répliquer. Or, plus la population infectée est grande, plus grand aussi est le nombre de mutations observées. L’idée des confinements et des mesures barrières ajoutées à la vaccination, est donc de ralentir la progression du SARS-Cov-2 pour limiter les probabilités de mutations tout en essayant, le plus rapidement possible, de faire disparaître ce virus définitivement.

Cette théorie défendue au niveau des différents gouvernements s’appuie sur des inquiétudes fondées sur des cas particuliers, comme à Manaus, une ville du Brésil où un variant du virus du Covid-19 a fait des ravages. En résumé, il tue plus et cible aussi des personnes bien plus jeunes. Il est également plus contagieux et on a de bonnes raisons de penser que les vaccins actuels marcheront beaucoup moins bien, voire seront totalement inefficaces contre ce variant.

C’est probablement cette perspective qui effraie les différents gouvernements. Donc, il n’est pas étonnant de voir nos dirigeants prendre des mesures plus dures que cela ne semble nécessaire contre le Covid-19.

En Chine

La situation de la Chine pousse également à privilégier cette hypothèse. Là-bas, le gouvernement est avare de discours. On connaît également son aptitude à trafiquer les chiffres. Par contre, nous savons aussi que l’État prend l’épidémie très au sérieux, agit vite et agit fort. Pour savoir ce que pense le gouvernement chinois il suffit donc de regarder ce qu’il fait contre le Covid-19.

Et de ce côté ce n’est pas joyeux.

D’ailleurs, dans la province de Heibei, 11 millions de personnes sont en confinement à la chinoise. La Chine est en train d’y construire un centre de quarantaine de 4000 places. À Pékin, ce sont également 1,6 million de personnes qui sont en confinement suite à la découverte de cas de nouveaux variants du virus. En somme, l’évolution actuelle de la pandémie de Covid-19 ne rassure pas les Chinois.

Les effets du covid-19 sur l’économie

À quoi s’attendre avec tout cela concernant l’économie ?

La première phase de la crise, en mars 2020, a eu des conséquences dramatiques sur l’économie. Cependant, elle n’a pas impacté les marchés financiers parce que les États ont imprimé des milliers de milliards de dollars et d’euros. La situation économique des populations occidentales s’est rapidement dégradée mais la misère a été en quelque sorte cachée sous le tapis grâce à des distributions massives d’argent sous différentes formes. Au final, les marchés ont retrouvé leurs niveaux d’avant crise, aidés en cela par des liquidités gigantesques.

Pour les mois à venir, la tendance sera donnée par la Chine et les États-Unis. La première prend des mesures très strictes et très rapidement, alors que les seconds comptent surtout sur l’efficacité des vaccins.

Un nouveau paramètre est à prendre en compte pour évaluer la réponse des marchés : l’évolution des variants du virus. Les gouvernements redoutent un variant particulièrement résistant. Dans une telle configuration, ils n’hésiteront pas à confiner leurs populations sur la suspicion d’une possible nouvelle crise épidémique.

D’où la seconde grande question. Si les gouvernements reconfinent, pourront-ils faire marcher, de nouveau, la planche à billets ? À court terme, oui. Mais, à long terme, arrivera le moment de la perte de confiance dans la monnaie. Imprimer des billets n’a jamais été une solution. Cela revient à prélever un impôt qui n’a pas été voté. Cet impôt apparait sur le prix des biens tangibles et sur le taux de change.

C’est dans ce contexte que peuvent apparaître ce que l’on appelle des hausses de misère. Lorsque l’argent perd de sa valeur, il vaut mieux détenir des actions de sociétés florissantes, qui ont les plus grandes chances de survie, plutôt que du cash sur son compte en banque.

D’ailleurs, c’est peut-être déjà ce qui pourrait expliquer le niveau de valorisation des marchés qui sont au plus haut sur tous les indicateurs que l’on puisse prendre. Que ce soit en termes de ratio sur les bénéfices ou celui des intervenants haussiers sur le nombre de baissiers. Tout nous indique que les marchés semblent ne “pouvoir que monter”

Pourtant, sur les marchés américains, nous assistons à un moment rare où la monnaie se déprécie en même temps que les taux d’intérêts de long terme remontent, ce qui indique normalement que la situation économique se dégrade car des capitaux sont en train de quitter le pays.

C’est pour cela que dans la lettre d’investissement de février, rédigée avec Guillaume ROUVIER, et avec la participation de Charles GAVE, j’explique comment choisir son camp. Soit vous décidez d’un investissement à long terme et de favoriser les actions afin de profiter de ce mouvement haussier. Soit vous êtes plus conservateur et vous choisissez des actifs plus stables avec comme objectif de garder intact votre patrimoine.

Un dossier sera donc consacré à l’évaluation de la volatilité de son portefeuille. Un nouvel indicateur avancé, simple à mettre en œuvre pour évaluer le retournement des marchés sera aussi présenté. C’est une trouvaille de Didier Darcet.

En conclusion, 2021 ne semble pas annoncer une année douce et tranquille. Il est plus que jamais opportun de surveiller de près la situation. Avec Biden au pouvoir aux USA nous pouvons nous attendre à une recrudescence de liquidités. Alors, se poseront toutes les questions qu’implique une telle politique de la terre brûlée.

Richard DÉTENTE