2023 : début du krach boursier ?
Depuis la fin du mois de juillet, de nombreux marchés boursiers montrent des signes de ralentissement. Certains évoquent même le risque d’un effondrement boursier, ce qui suscite des inquiétudes grandissantes. De notre côté, nos indices des maçons passent effectivement graduellement en territoire négatif, et de manière générale, les indicateurs macroéconomiques se détériorent. Pour rappel, l’indice des maçons est un outil développé par Didier DARCET afin d’évaluer le sentiment des marchés. L’or a également interrompu sa progression entamée il y a un an, tout comme le dollar, et Bitcoin d’ailleurs. En somme, la situation n’est pas favorable, et les marchés semblent déprimés. La question qui se pose est la suivante : sommes-nous véritablement au bord de l’abîme, ou s’agit-il simplement d’une phase temporaire de faiblesse, une correction relativement courante ?
L’histoire se répète encore et encore
Commençons par analyser le contexte macroéconomique. Avec la résurgence de l’inflation, les banques centrales, en particulier la Réserve fédérale américaine (FED), ont entrepris de lutter contre cette inflation en relevant les taux d’intérêt. Cette politique de resserrement monétaire a débuté en mars 2022. Elle est également accompagnée d’une politique visant à réduire la liquidité sur les marchés, car c’est à partir de mai 2022 que la FED a commencé à réduire son bilan, c’est-à-dire à retirer l’argent qu’elle avait injecté sur les marchés en réponse à la crise liée aux mesures anti-COVID.
Il est essentiel de souligner que l’inflation n’est pas le résultat de la guerre en Ukraine, mais découle de deux causes majeures. La première réside dans l’abondante injection de liquidités dans le système financier, combinée à des taux d’intérêt artificiellement bas maintenus pendant plus de dix ans.
Quant au bilan de la FED, il convient de noter que l’objectif est de le ramener à 1 000 milliards de dollars, soit environ un huitième de sa taille actuelle, qui représente près d’un tiers du PIB américain, si l’on souhaite retrouver les niveaux d’avant la crise de 2008. Cependant, les marchés montrent déjà des signes d’inquiétude, même si seulement environ 10 % du chemin a été parcouru. Je reste donc sceptique quant à la possibilité de réaliser les 90 % restants. D’ailleurs, les tentatives précédentes en 2009, 2010, 2011 et 2014 n’ont pas été couronnées de succès. Chaque fois, des signes préoccupants ont émergé de l’économie réelle, incapable d’absorber de telles politiques de désintoxication, ce qui a conduit la FED (et la BCE, dans une situation similaire) à faire marche arrière.
En ce qui concerne les taux d’intérêt, la situation est similaire. Chaque hausse des taux fait planer la menace d’une récession qui finit généralement par se produire peu de temps après chaque remontée brutale, incitant la FED à revenir sur ses décisions. Cependant, il est possible d’obtenir de meilleures indications à partir des taux d’intérêt. Fondamentalement, lorsque les taux d’intérêt dépassent le rendement de l’économie, en d’autres termes, lorsque la croissance économique est insuffisante pour justifier ces taux, l’économie commence à montrer des signes de faiblesse.
De plus, il est important de noter que la croissance à long terme s’effrite progressivement depuis quarante ans, car nous vivons fondamentalement au-dessus de nos moyens, tant en Europe qu’aux États-Unis. En analysant le rapport entre le coût de la dette et la croissance économique, nous pouvons identifier des zones que l’on qualifie de « trappes à dettes ».
Le cas de la trappe à dettes française
En France, l’État vient de réaliser la plus importante émission d’obligations de son histoire, atteignant 285 milliards d’euros, que nous pouvons arrondir à 300 milliards d’euros, à un taux d’environ 4,5 %. Il est important de noter que Bruno Le Maire, chargé de la gestion de l’économie française, prévoit une croissance maximale de 0,9 %, tandis que la dette représente 120 % du produit intérieur brut (PIB). Cela signifie que les intérêts de la dette vont coûter considérablement plus cher que ce que la croissance économique nous rapporte. En d’autres termes, la France se trouve dans une situation de récession permanente, car elle ne peut plus financer les intérêts de sa dette sans avoir recours à davantage de dette. Si cette situation perdure, elle risque de s’enfermer dans un cercle vicieux, ce que l’on appelle une « trappe à dette », qui finit par ruiner le pays.
Cependant, il y a un élément plus intéressant à souligner.
La 1ère victime de la dédollarisation : l’euro perd sa course face au dollar
Aujourd’hui, aux États-Unis, avec des taux d’intérêt au plus haut depuis la crise de 2008, le dollar voit sa valeur augmenter par rapport à de nombreuses monnaies étrangères, dont l’euro. Certes, nous assistons à une phase de dédollarisation, car les pays regroupés autour des BRICS ont commencé à diversifier leurs échanges commerciaux en utilisant d’autres devises que le dollar, exerçant ainsi une pression à la baisse sur le dollar. Cependant, pour l’instant, ce phénomène n’est pas suffisamment rapide pour être compensé par deux autres facteurs majeurs.
Le premier facteur, nouveau dans cette crise, est la demande accrue pour l’euro sur les marchés monétaires depuis que l’Union européenne a imposé des sanctions liées à la guerre en Ukraine. En effet, les partenaires extérieurs avec lesquels l’UE a rompu ses liens avaient l’habitude d’accepter l’euro comme moyen de paiement pour les achats effectués par les pays de la zone euro. Par exemple, la Russie acceptait les paiements en euros pour son gaz. Cependant, aujourd’hui, l’Europe doit chercher de nouvelles sources d’approvisionnement, dont les États-Unis sont l’un des principaux fournisseurs, et les paiements s’effectuent naturellement en dollars, ce qui renforce le dollar et affaiblit l’euro.
Mais ce n’est pas tout. La dédollarisation du monde, en dehors de l’Occident, prend du temps, car elle implique de dénouer progressivement toute une industrie et des milliers de contrats établis au fil du temps. Pour l’instant, la dédollarisation progresse moins rapidement que la Réserve fédérale ne réduit sa masse monétaire, comme nous l’avons vu précédemment. Par conséquent, comme c’est généralement le cas, ce sont les pays qui dépendent du dollar pour régler leurs importations vitales, telles que l’énergie et l’alimentation, qui en pâtissent. L’Europe fait désormais partie de ces pays, tout comme de nombreux pays d’Afrique. Enfin, les pays fortement endettés en dollars verront leur monnaie souffrir, ce qui explique la récente baisse violente de la livre turque.
Turquie : planter sa monnaie pour planter les Occidentaux
Un petit aparté sur la situation en Turquie. Pour le pays en lui-même, la baisse de la livre turque n’est pas nécessairement une situation grave. Il semble que le président Erdogan ait l’intention de délibérément dévaluer la monnaie, ce qui pourrait également entraîner une dévaluation des dettes occidentales détenues par la Turquie. Bien que cela puisse ne pas plaire aux pays occidentaux, s’il parvient à se refinancer avec de nouveaux alliés du côté de la régionalisation de la mondialisation, les pertes subies par les États-Unis ou l’Europe pourraient ne pas susciter beaucoup de préoccupations en Russie ou en Chine.
Cependant, il est important de noter que cette situation a des répercussions sur certaines catégories de la population turque. Les personnes travaillant dans le secteur privé ne sont généralement pas fortement affectées, car elles n’ont pas nécessairement leurs revenus en livres turques. En revanche, les fonctionnaires et les retraités turcs, dont les revenus sont fortement liés à la monnaie turque, souffrent davantage. Pour eux, la situation peut engendrer plus de difficultés.
Dans l’ensemble, l’économie turque n’est pas nécessairement affectée par la baisse de la monnaie, car le secteur privé n’a généralement pas de livres turques dans ses transactions courantes.
Les BRICS sont prêts à défier le dollar.
En ce qui concerne les BRICS, il est important d’exercer une certaine prudence, car il s’agit d’un groupe de pays très diversifié. Certains sont importateurs de pétrole, tandis que d’autres sont exportateurs et profitent de la hausse du dollar. Si l’on se penche sur la Chine et l’Asie du Sud-Est, des régions qui ont beaucoup souffert de la crise asiatique, caractérisée par une contraction du dollar, il est intéressant de noter qu’elles sont mieux préparées aujourd’hui. Face à la montée du dollar, la Chine accélère la vente de ses immenses réserves de change en dollars. Ces réserves avaient été constituées précisément en réponse à la crise asiatique pour faire face à ce type de situation. Dans l’idéal pour la Chine, ses réserves diminueront au même rythme que son commerce extérieur se dédollarise. Par ailleurs, la Chine et d’autres pays d’Asie du Sud-Est ont travaillé ensemble depuis 2008 pour mettre en place le fameux « serpent monétaire asiatique », une stratégie qui commence maintenant à porter ses fruits.
Ainsi, contrairement aux crises précédentes, où le dollar montait au détriment d’autres devises, notamment l’euro, de nombreux pays continuent patiemment à mettre en œuvre leur stratégie de dédollarisation. Cependant, il convient de noter que certains pays africains ne sont pas aussi préparés face au dollar, et ils pourraient souffrir davantage.
L’inflation change également la donne dans cette crise économique, ce qui amène de nombreux acteurs à réagir différemment. La situation actuelle est donc notablement différente des crises précédentes.
Pour mieux comprendre ce qui se passe en Europe et à quel point nous sommes peu préparés face à ces changements géopolitiques, il est essentiel d’observer ce qui se passe sur le marché de l’énergie, qui est au cœur de cette bataille.
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Vous pouvez consulter la vidéo ci-dessus où j’analyse les problèmes énergétiques en France pour avoir un aperçu plus approfondi de la situation. En d’autres termes, il est crucial de comprendre comment l’Union européenne pourrait affecter l’industrie allemande et l’avenir de l’économie de la zone euro de manière progressive.
Richard Détente