COP 28 : L’énergie au cœur des enjeux de la conférence sur le climat
En ce moment, se déroule la COP 28, un grand rassemblement international consacré au climat. L’objectif déclaré est clair : lutter contre l’impact de l’homme sur le changement climatique et, par conséquent, réduire la consommation d’énergie fossile.
Cependant, de tels objectifs suscitent de nombreuses préoccupations, car réduire la consommation d’énergie fossile revient pratiquement à réduire la croissance économique, appauvrissant ainsi les populations. La lutte contre un risque futur, probable mais non certain, comme chaque projection dans le futur le suppose, implique des politiques telles que celles de la COP 28, exigeant un appauvrissement immédiat et donc certain.
Par conséquent, la grande majorité des citoyens préféreront prendre le risque de s’appauvrir potentiellement plus tard plutôt que de s’appauvrir immédiatement. Dans cet article, je vous propose d’adopter l’hypothèse que tout ce qui est exposé dans le rapport du GIEC est vrai, simplement pour nous positionner dans la perspective la moins favorable.
L’impasse des politiques climatiques mondiales : Regards sur la COP 28
En faisant cela, vous constaterez que, globalement, à l’échelle mondiale, une coordination internationale visant à contenir voire à empêcher ce changement climatique est très peu probable. Cet article ne s’adresse pas aux militants, qu’ils soient engagés pour le climat ou dans tout autre combat citoyen, mais plutôt à des personnes normales qui cherchent simplement à comprendre le fonctionnement du monde pour s’adapter à leur niveau.
Puisque nous sommes une chaîne d’économie, nous aborderons également l’adaptation de votre patrimoine afin de préserver et développer votre épargne. Je m’adresse donc aux pragmatiques qui pensent que des actions simples, ne suffiront pas à résoudre les grands problèmes climatiques du monde. Commençons par poser les ordres de grandeur.
Adaptation pragmatique au changement climatique : Réalités politiques et économiques
Pour éviter l’essentiel du réchauffement climatique, le monde doit diviser par deux ses émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030 et atteindre zéro émission en 2050. Première constatation : en examinant les discours et la réalité, on constate immédiatement que cette réduction des émissions de gaz à effet de serre ne se produira pas par volonté politique.
Sur le graphique ci-dessus, vous pouvez voir en noir la trajectoire réelle, qui a continué comme si de rien n’était depuis 2015 jusqu’à aujourd’hui, et en vert la trajectoire nécessaire pour atteindre les objectifs climatiques. Sachant que lors de la crise des mesures anti-COVID, les émissions de CO2 dans l’Union européenne n’ont diminué que de 5 %. Cela donne une idée des efforts nécessaires pour parvenir à une réduction de moitié.
Cela équivaudrait à organiser l’équivalent d’une crise et de mesures anti-COVID chaque année pendant au moins 10 ans. Dans un tel scénario, le système social de la France serait fortement affecté, avec des coupes importantes de 50 % à 40 % dans les retraites, l’ACQ, et d’autres transferts sociaux.
Quant aux cinq millions de fonctionnaires en France, il est difficile d’imaginer comment cela pourrait se dérouler sans soulever de vives réactions, compte tenu de l’opposition lors de la dernière réforme des retraites. On peut également avancer l’argument que toutes les conventions sur le climat n’ont eu aucun impact à travers le passé, jusqu’à aujourd’hui.
Le graphique ci-dessus présente la densité du CO2 dans l’atmosphère au cours des 40 dernières années, depuis que le sujet du réchauffement climatique a commencé à être discuté. Non seulement cette courbe évolue de manière régulière, mais on peut également constater qu’elle n’évolue pas de manière linéaire, mais géométrique et en totale corrélation avec la croissance économique mondiale.
En observant cette courbe, on peut affirmer de manière sûre, certaine et factuelle que l’être humain n’a accordé aucune importance à la lutte contre la réduction des émissions de gaz à effet de serre au cours des 40 dernières années. Un autre point intéressant est que les taxes sur les hydrocarbures sont intégrées aux recettes de l’État sans être spécifiquement dédiées aux politiques de réduction des gaz à effet de serre.
Énergie et pragmatisme : Solutions au changement climatique
On peut donc dire que les pays de l’Union européenne ont signé des conventions de réduction des émissions de gaz à effet de serre pour l’avenir, tant que cela n’impacte pas le présent. Si cette tendance se maintient, il est possible que rien ne se passe du point de vue politique.
Cependant, suite à la crise avec la Russie, privant l’Union européenne de gaz et de pétrole russes, l’UE, en particulier l’Allemagne, entre dans une crise économique sévère. L’absence de ces hydrocarbures russes limite directement la croissance économique de l’Union européenne.
Depuis l’explosion inattendue des gazoducs Nordstream et des sanctions de l’UE sur le pétrole russe, on assiste à une industrialisation rapide et violente de l’Allemagne. Aucun industriel, gros consommateur d’énergie par nature, ne souhaite s’installer ou rester dans un pays qui ne peut pas faire croître l’énergie nécessaire à son économie. C’est une question de bon sens, car ce serait un suicide économique.
L’Allemagne est donc en récession, et le pays ne semble pas prêt à retrouver son PIB d’avant la crise. Par conséquent, tous les engagements politiques pris par l’Union européenne sont en train d’être progressivement annulés.
L’UE a décidé de reporter les engagements pris en 2019 pour 2024 à plus tard, et le Parlement a rejeté plusieurs lois et règlements destinés à encadrer les pesticides, les emballages et d’autres sujets relevant de la protection de la nature. Le Royaume-Uni recule également en repoussant les objectifs de 2030 à 2035.
Quant à l’Allemagne, elle est confrontée à un dilemme : accroître sa dette ou réduire son niveau de vie. Comme ses voisins occidentaux, elle semble opter, du moins à court terme, pour l’endettement. L’Allemagne a déclaré 2023 comme une année d’urgence à la suite de la crise avec la Russie, afin de dépasser ses propres plafonds d’endettement.
Le Tribunal constitutionnel fédéral allemand a également refusé de réaffecter une partie non utilisée de la dette contractée pendant la crise des mesures anti-COVID pour le climat. Les Allemands sont confrontés à une crise structurelle et durable, car il est impossible de remédier à une pénurie d’approvisionnement en gaz en moins de 5 à 10 ans, en raison des projets d’infrastructure nécessaires.
Il reste donc les énergies renouvelables, les hydrocarbures éloignés et le nucléaire. Face à cette complexité, le chancelier allemand part en mission aux quatre coins du monde. De plus, au Parlement européen, on commence à reconnaître que le nucléaire, malgré ses controverses, est une source d’énergie verte.
Cela semble positif, car en Europe, une croissance économique significative semble difficile sans une utilisation importante de l’énergie nucléaire. Cependant, comme pour le gazoduc, les projets d’infrastructure de long terme signifient qu’aucun effet tangible ne sera ressenti avant au moins 10 ans.
En attendant, l’Allemagne gère la situation en augmentant la production d’énergie renouvelable, tout en ouvrant de nouvelles exploitations de charbon. On peut donc dire que l’Union européenne se dirige vers une diminution de sa consommation d’hydrocarbures, non pas par altruisme envers le climat, mais plutôt sous la contrainte de la crise avec la Russie et du rejet du nucléaire, du moins jusqu’à présent.
Il n’est donc pas exclu que les pays de l’Union européenne parviennent à respecter les objectifs de récession de 5 % par an jusqu’en 2030, mais cela se fera probablement de manière forcée.
Adaptation réaliste au monde à venir : Perspective pragmatique
Cependant, pour atteindre notre objectif de 2030, la récession ne doit pas se limiter à l’Union européenne, mais concerner tous les pays du monde. Et là, plusieurs problèmes se posent.
Lorsqu’on écoute Jean-Marc Jankovici, la solution qu’il avance à la question de la juste répartition des politiques de réduction des gaz à effet de serre est la coopération internationale via des conférences telles que la COP, accompagnée d’une exemplarité de l’Occident.
Si tout le monde ne se met pas en marche, le plan échouera. Nous nous retrouvons donc dans le fameux dilemme du prisonnier. Si tout le monde, sauf un pays, ne fait pas d’effort, le monde est sauvé au prix d’un effort collectif, une division par deux du niveau de vie.
Cependant, le seul pays qui n’aura rien fait sera doublement récompensé, car il n’aura pas le réchauffement climatique, mais il n’aura pas non plus réduit sa croissance. C’est ce que l’on appelle un passager clandestin en théorie des jeux.
Jean-Marc Jancovici aborde ce problème du passager clandestin ou du récalcitrant dans une autre interview où il explique comment on devrait traiter les gens qui ne veulent pas se conformer à ses politiques d’appauvrissement. Une partie d’entre eux sont simplement des égoïstes cyniques, irrécupérables, et ceux-là, il faut simplement leur imposer des restrictions. Par exemple, le type qui déclare : « Moi, je continuerai à utiliser mon jet privé, point final ». Il faut simplement lui dire : « Non, tu ne pourras plus l’utiliser. C’est interdit ». Il existe d’autres moyens de procéder. La solution réside dans l’affirmation de l’autorité par la force. Si cela concerne vos citoyens, vous élaborez des lois soutenues par la puissance de la police et de la justice de votre pays. Si cela concerne un État, cela signifie que vous êtes prêt à recourir à l’influence diplomatique et politique, mais que cela peut finir dans certains cas par un conflit armé, car dans un tel scénario, comment peut-on imaginer un instant que l’UE ou les USA puissent accepter d’appauvrir considérablement leur population tout en voyant d’autres pays profiter à leurs dépens ? Cela me semble être un virage difficile à négocier.
Ainsi, en restant dans un scénario où tout ce que le GIEC dit est vrai, nous savons qu’il est hautement improbable que la solution au problème passe par une démarche de sobriété volontaire à l’échelle mondiale. Jean-Marc Jankovici ne dit pas le contraire. Il affirme simplement que c’est son meilleur pari. Il est bien conscient de tout cela. En tant qu’être humain attaché à la vie humaine, il est personnellement prêt à faire de lourds sacrifices pour tout miser sur cette solution, car c’est la seule qui permet d’éviter des scénarios catastrophes, et je peux le comprendre.
S’adapter au monde des investissements
Cependant, en tant que pragmatique, mon point de vue est de ne pas chercher la meilleure solution au prix qu’elle soit fortement improbable, mais plutôt de comprendre quel est le scénario le plus susceptible de se produire, même s’il est désagréable, afin de me donner le plus de chances de m’adapter. C’est toujours la même différence entre ceux qui veulent changer le monde et ceux qui veulent faire avec le monde tel qu’il est.
D’ailleurs, la lettre d’investissement que je corédige avec Didier Darcet va dans cette ligne d’adaptation au monde tel qu’il est. En 2018, lorsque nous recommandons pour la première fois d’acheter des obligations chinoises, ce n’est pas parce que nous sommes de fervents adeptes du modèle chinois, mais simplement parce que c’est la meilleure option que nous voyons en regardant le monde tel qu’il semble être.
Alors, oui, lorsque ces obligations chinoises surpassent les obligations américaines de 40 points, je suis satisfait pour mes abonnés. Mais une fois de plus, il ne s’agit pas d’un soutien quelconque au régime chinois. Donc, si cela vous intéresse, dans cette lettre, je vous explique comment jouer avec le franc suisse contre l’euro, comment prêter avec des rendements entre 8 et 11 % à des agriculteurs dans des pays de l’Est, comment investir dans l’immobilier en dehors de l’Union Européenne, et beaucoup d’autres choses pragmatiques et, nous l’espérons, rentables. L’or a également été un bon pari depuis 2018, tout comme le Bitcoin depuis un an, et de plus en plus souvent, je fais bénéficier mes lecteurs d’opportunités en Private Equity et Private Landing.
Énergie en transition : Analyse des enjeux et opportunités d’investissement
Bref, revenons au monde tel qu’il a de bonnes chances d’advenir en partant du principe que, je le répète, tout ce qui est dit dans les rapports du GIEC en matière d’atrocité climatique se révèle être vrai.
Tout d’abord, et indépendamment du réchauffement climatique, la contrainte sur l’approvisionnement en énergie fossile est certaine pour deux raisons. La première, c’est que le pic pétrolier sur les ressources conventionnelles a déjà eu lieu il y a plus de 15 ans, et que les ressources dites non conventionnelles ne sont déjà plus disponibles en quantité suffisante pour tout le monde. La deuxième raison, c’est que les pays occidentaux n’ont pas réalisé leur transition du fossile vers le nucléaire, car ils ont préféré à une large majorité les énergies renouvelables. Or, sans une énergie nucléaire massive, la crise énergétique est assurée dans un certain nombre de cas.
D’ailleurs, nous allons en parler en janvier, car nous allons lancer un projet de grande envergure chez Grand Angle aux USA, dans l’État du Texas, qui est tout à fait corrélé à ces problématiques énergétiques. La bonne nouvelle, c’est que vous pourrez investir avec nous. Je vous raconterai tout dans la lettre de janvier. Si vous savez que vous êtes un investisseur au sens de la réglementation, ce qui signifie que vous pouvez investir plus de 50 000 € en toute décontraction vis-à-vis de votre patrimoine. En langage commun, que vous êtes aisé, écrivez-nous à contact@grandangle.fr en mettant « Texas » en objet. Nous vous mettrons sur une petite liste et reviendrons vers vous bientôt pour vous en dire plus. Mais attendez-vous à des rendements à deux chiffres quand même.
Voilà pour en revenir à notre sujet, nous aurons droit à des crises énergétiques et climatiques, ce qui signifie qu’il y aura des gagnants et des perdants durant ces crises. Au global, il y aura plus de perdants que de gagnants dans ce scénario, car il y aura moins d’énergie et plus d’embarras. Mais il y aura quand même des gagnants, et c’est là que la géopolitique va devenir le plus logique. Tout le monde cherchera à tirer la couverture à soi, et dans ce scénario, c’est le rapport de force qui tranchera ce qui est juste de ce qui ne l’est pas. Ce ne sera pas une innovation. D’ailleurs, c’est même le contraire.
Morale et histoire : Réflexions sur les vainqueurs et les contradictions
La morale qui prévaut dans une nation est la morale du dernier grand vainqueur en date. Que les USA aient exterminé les Indiens d’Amérique pour instaurer les États-Unis, qui ont porté les couleurs de la démocratie et de la liberté au plus haut dans le monde au cours des 50 dernières années, sachez que cela ne choque personne aujourd’hui. Ne voyez pas dans ce constat une légitimation morale de ma part. Si je pouvais retourner en 1620 lorsque les Pères Pèlerins ont débarqué dans la baie de Plymouth, je conseillerais plutôt aux Indiens d’Amérique de laisser la centaine de colons anglais mourir de faim, ce qui aurait peut-être évité, ou du moins retardé, l’extermination de leur peuple en moins de deux siècles.
Personnellement, je n’ai jamais été un grand fan des exterminations de masse, mais voilà, ce n’est pas moi qui décide, et aujourd’hui, je fais partie de ceux qui aiment l’Amérique pour les valeurs libérales qu’elle porte, en toute contradiction avec son histoire. Le monde est complexe, dirons-nous. Même les politiques dits modérés en France sont de cet avis, que l’histoire est écrite par les vainqueurs.
Conflits et réalisme politique : Regards sur les complexités morales actuelles
Voici l’exemple d’Édouard Philippe, ancien Premier ministre, qui ne fait pas plus partie de l’extrême droite que de l’extrême gauche, et qui est plutôt bien pressenti pour être le prochain président français. Voici sa position à propos des bombardements d’Israël sur la bande de Gaza, qui tuent de grandes quantités de civils qui, sauf erreur de ma part, n’ont rien demandé ni rien fait à personne.
« Je ne considère pas qu’Israël enfreint le droit international. Je ne suis pas sur place. Je ne vais pas commenter des images. Je ne sais pas d’où elles viennent. Ce que je sais, c’est que manifestement, Israël est en guerre. Dans une guerre, il y a des morts. La guerre n’est pas chirurgicale. Il n’y a que des soldats. C’est le Hamas qui l’a déclenchée. C’est une guerre qui est existentielle, et donc, c’est une guerre qui va faire des dégâts. Notre objectif, c’est de trouver une solution politique, et le préalable, me semble-t-il, pour espérer obtenir un cessez-le-feu qu’on n’obtiendra pas autrement qu’en le demandant, serait que la massification se manifeste. »
Dans le cas où un territoire est disputé par deux populations en situation de conflit armé, on peut donc tuer des civils. Cela passe. Le monde est ainsi fait. Comme je le dis souvent, la morale est individuelle et passe par chacun d’entre nous. Mais comme les États n’ont pas d’âme, il n’y a pas de morale qui s’applique à eux. Les États tranchent leurs conflits par les rapports de force, qui peuvent être politiques ou, en dernier recours, militaires. C’est la règle du jeu. Le monde qui nous attend est donc hautement instable et compliqué, car le manque d’énergie et la potentielle dégradation du climat vont augmenter les situations de rapport de force et certainement pas contribuer à augmenter le nombre de pays qui font le choix de la démocratie participative. Il me semble donc légitime de se distancer du discours : « Ce sont les petits actes du quotidien qui font la différence », car fondamentalement, je pense que c’est faux. Pour s’en sortir, il convient de regarder le monde tel qu’il est et de faire de son mieux pour s’y adapter, même si ce n’est pas très marrant, j’en conviens.
Richard Détente